Je ne veux pas m'imposer.... [Andreï]

Je ne veux pas m'imposer...

Q

uand Katherine parlait de son pays natal, ses yeux brillaient, comme s'y logeaient des centaines d'étoiles. De toute évidence, elle était très attachée à la Russie. Andreï pouvait parfaitement le comprendre, s'il se sentait, en fait, plus attaché à la Grande-Bretagne, il comprenait quelle affection elle pouvait éprouver pour sa mère patrie, les conditions sociales n'y étaient pas pour tous enviables, mais s'y tenaient des décors particulièrement magnifiques, des paysages comme on en voyait peu ailleurs. Enfin, quoi qu'il en soit, c'est bien connu, on a toujours tendance à trouver plus de charmes aux lieux où nous avons nos meilleurs souvenirs, et même le plus laid des bourbiers peu revêtir des allures splendides et pittoresques, pour peu qu'on ait su y vivre un événement marquant, valant la peine d'être retenu comme l'un des plus beaux de son existence. Qui plus est, elle avait vécu à Saint-Petersbourg, l'une des plus belles villes du pays... du moins dans son souvenir. Andreï y avait moins souvent mis les pieds qu'à Moscou, seulement une fois ou deux, à vrai dire, mais de belles étoiles avaient peuplé ses yeux à lui à ce moment-là aussi.

Pendant plusieurs secondes, un silence pesa sur leur conversation, léger, rapide, en définitive, et là tout de même. De la lumière, un nuage obscur semblait avoir voilé son visage. Andreï se demanda si cela n'était pas en rapport avec ce père qu'elle venait tout juste d'évoquer. Peut-être leur situation était-elle délicate ? Ou peut-être ce père n'était-il plus ? Avec toutes ces guerres, sorcières comme moldues, les orphelins étaient malheureusement monnaie courante. Alors il était possible qu'elle fasse partie du club pas si fermé que ça... Possible, oui, mais ce n'était pas une hypothèse qu'il pouvait trop brusquement lui demander de confirmer dans le pire des cas, ou de nier dans le meilleur.

-C'est rien... répondit-il tranquillement quand elle s'excusa de ce léger silence. Après tout, ce pouvait arriver à tout le monde, d'avoir la tête ailleurs. En ce qui le concernait, c'était sans arrêts, dernièrement, du moins. Un peu pris au dépourvu, il avait parlé en anglais sans même s'en rendre compte. Il se rattrapa à la phrase suivante, même s'il était assez complexe, en fait, pour lui, de répondre à une telle question dans une langue que, certes, il comprenait, et maîtrisait correctement, mais sans être bilingue pour autant. [Ru] En fait je sais pas. Je n'ai aucune idée de ce que je vais faire ou d'où j'aimerais aller.

Ça, c'était certain. Il n'avait jamais eu de projet précis, il n'avait aucune idée de ce qu'il ferait dans un an, alors dans sa vie professionnelle, n'en parlons pas ! Et maintenant que sa situation familiale était à ce point dissolue et en piteux état, l'avenir lui semblait encore plus incertain. Il ne pouvait pas regarder vers l'avant, il ne pouvait pas regarder vers l'arrière. Il se sentait bloqué dans une spirale infernale, et il ne savait pas du tout comment faire pour s'en tirer.

-[Ru] Heureusement que j'ai encore deux ans pour y réfléchir. Et encore, j'ai l'impression que c'est vraiment pas assez. admit-il dans un sourire qu'il voulait un peu amusé, même si cette perspective avait plutôt tendance à le paniquer. Tu as déjà une idée de ce que tu feras en Russie ? Tu as encore de la famille là-bas ?

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Katherine n'avait pas fait exprès de laisser ce silence s'installer, même quelques secondes. Elle se sentait un peu coupable de l'avoir fait après coup. Le pauvre Andreï avait été gentil jusqu'à maintenant. Et elle laissait une gêne s'installer sur le conversation pourtant très agréable. Pour commencer, ils parlaient de choses qui les touchaient tout les deux et qu'ils appréciaient de préférence. Et en plus elle était dans une langue étrangère qui leur plaisait à tout les deux. Alors cette conversation avait tout pour leur plaire. Jusqu'au moment où elle avait tout gâché. Ce qu'elle pouvait être gourde parfois. Elle n'aimait pas du tout être aussi peu agréable. Surtout quand on était aussi gentil avec elle.

-C'est rien...

Oui, enfin ça c'était lui qui le disait. Katherine s'en voulait quand même. Et puis, il recommençait à parler anglais. Elle avait peut-être fait ou dit quelque chose qu'il ne fallait pas. C'était possible. Mais ça la rendait un peu triste quand même. Kathy avait commencé à prendre goût à cette discussion. Alors forcément, c'était un peu décevant. Surtout si elle devrait reprendre sa lecture comme si il ne s'était rien passé. Il était bien son livre, mais cette discussion avec Andreï était peut-être mieux quand même.

-[Ru] En fait je sais pas. Je n'ai aucune idée de ce que je vais faire ou d'où j'aimerais aller.

La jeune fille comprenait. Cet n'était pas évident non plus de trouver son avenir comme ça, sans même être adulte. C'était une série de choix très importants qu'il ne fallait pas regretter. Alors si Katherine avait vraiment très très envie de retourner en Russie, pour le moment, elle n'en savait pas plus. Elle verrait bien. C'était toute une organisation qu'elle n'avait pas encore terminée. Elle devrait déjà finir ses études. Et ça c'était déjà autre chose. Il ne faudrait pas redoubler déjà. Et puis il faudrait qu'elle obtienne de bons résultats si elle pouvait espérer faire quelque chose.

-[Ru] Heureusement que j'ai encore deux ans pour y réfléchir. Et encore, j'ai l'impression que c'est vraiment pas assez.

Oui, effectivement, ils avaient encore le temps. Mais bon, c'est vrai que le temps passait vite en même temps. Alors bon, ils verraient bien aussi. Et le temps passait comme il passait et ils verraient bien où ils en seraient à ce moment-là.

-[Ru]Tu as déjà une idée de ce que tu feras en Russie ? Tu as encore de la famille là-bas ?

Ah, question sensible. Elle n'avait plus ni famille ni même habitation dans un quelconque recoin caché de Russie. Et c'était plus ça le gros problème. Pour le moment, Kathy savait juste qu'elle voulait aller en Russie. Mais elle ne savait pas où, pour faire quoi, et si elle pourrait trouver quelqu'un sur place. Sans le faire exprès et sans vouloir le blesser ou quoi que ce soit, elle perdit tout de même de ce petit peps qu'elle avait depuis que leur conversation avait commencé.

-[Ru] Et bien en fait je ne sais pas trop ce que je vais faire là-bas. Que ce soit en Russie ou ici j'ai juste ma grand-mère alors on verra bien. Mais elle n'a pas très envie de retourner là-bas. Elle a pas voulu que j'y retourne. Je ne sais même pas ce que le manoir est devenu.

Et oui, le manoir Stratov avait été un recoin de tranquillité dans un période de troubles intenses. Maintenant c'était plus un mystère qu'autre chose.

-[Ru] Je pense que je vais commencer par un petit travail en campagne. Il ne faut pas trop en demander d'un coup. Et puis pour l'habitation je verrai sur place.

Je ne veux pas m'imposer...

A

ndreï avait eu l'intuition qu'il abordait un point sensible en faisant ainsi référence à la famille de Katherine, il aurait pu s'épargner d'y faire ainsi référence, mais ça avait été plus fort que lui. Sa curiosité avait parlé à sa place, et il avait usé de cette question à peine détournée pour en avoir le coeur net. En même temps, il avait plutôt bien géré sa manoeuvre, du moins le pensait-il. Il n'avait pas mis les pieds dans le plat non plus, et maintenant, il avait une idée plus précise de quels étaient les sujets délicats qu'il valait mieux éviter d'aborder en sa présence. C'était toujours un plus. Il était assez compliqué, de manière générale, de savoir à quel moment il convenait de se taire, et à quel moment il valait mieux changer de sujet. Après tout, Andreï, de son côté, aimait l'idée qu'on lui évite de s'exprimer sur certains sujets. Tout ce qui avait trait à sa famille, bien sûr. Apparemment, lui et la bleue et bronze avaient cela en commun : leurs histoires familiales était tout sauf simples. Et les aborder était toujours délicat. Enfin... qui pouvait encore se vanter d'avoir une vie de famille parfaitement épanouie. Partout où il regardait, il avait l'impression que les secrets et les tragédies étaient légions. Tenez, Katherine, il semblait qu'elle n'ait plus d'autre famille que sa grand-mère. Elle voulait retourner aux sources, retrouver la Russie, peut-être pour raviver de vieux souvenirs, mais plus sans en avoir le moindre point d'attache. Andreï sentait sa curiosité le rattraper au grand galop. Il avait véritablement envie d'en apprendre plus au sujet de ses parents, et de ce qui avait pu leur arriver. Mais il ne pouvait pas se montrer à ce point indiscret. Lui-même n'aurait pas voulu que l'on insiste pour savoir les tourments qui pouvaient bien l'habiter, et Merlin sait qu'ils étaient pourtant nombreux, et qu'en faire la confidence pouvait être un véritable soulagement. Au final, il préféra chasser dans un coin toutes les informations qui concernaient sa famille pour ne se concentrer que sur le positif.

-[Ru] C'est fou comme tu as déjà planifié les choses.

Et il était véritablement admiratif, ce n'était pas de la pure flatterie. En ce qui le concernait, et s'il n'était pas élève à Poudlard, il n'aurait aucune idée de ce qu'il deviendrait le mois suivant. Il y avait eu tant de chambardement dans son existence, dernièrement, qu'il aurait bien de la peine à savoir même ce qui avait des chances de lui tomber sur un coin de la figure dans la semaine à venir. Il n'arrivait pas à se projeter dans l'avenir. Il n'y voyait que des ombres floues et des portes fermées. Dernièrement les professeurs les tannait tous avec le caractère décisif des BUSE, et leur orientation. Andreï demeurait toujours un peu bête face à cela. Il n'avait pas l'ombre d'une idée.

-[Ru] Y'a un travail en particulier que t'aimerais faire ?

Parce que savoir où aller était une chose, mais elle n'allait pas sans savoir vers quoi s'orienter, malheureusement.

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C'était agréable de ne plus se sentir seule parfois. Katherine ne savait pas vraiment si c'était le sentiments qu'avait Andreï. Mais elle aimait beaucoup ça elle. Même si il n'était visiblement pas vraiment doué pour choisir les sujets de conversation. La famille, pour l'un comme pour l'autre certainement, c'était pas le meilleur sujet à aborder. Ils feraient pourtant avec. Ils en avaient tout les deux besoin finalement, de cette conversation. Parce que rester tout le temps dans leur coin à ruminer, on pouvait dire ce qu'on voulait, ce n'était pas bon.
Pourtant, ce n'était pas franchement prévisible. Si il n'avait pas pris le temps de réfléchir au début, quand elle était venu le voir, il était probable que Katherine ne lui ait plus du tout adressé la parole. Elle l'aurait peut-être même fuit. Heureusement, cela ne s'était pas passé comme ça. Il l'avait laissé partagé sa table et avait lui-même entamé la conversation. En somme, elle n'avait fait que gentiment le suivre. Et ça lui allait très bien.

-[Ru] C'est fou comme tu as déjà planifié les choses.

Oui, elle y avait réfléchit longtemps, un certain nombre de fois, depuis quelques années déjà. Il lui était impensable de rester ici, en Angleterre. On ne la retiendrait pas. Katherine ne demandait pas non plus la grande vie à Moscou dans un palace. Elle voulait juste retourner vivre là-bas. Peu importait où finalement. Et à la limite, si la Russie devenait trop compliquée à atteindre, elle irait peut-être en Ukraine, comme pendant les vacances de son enfance. Mais elle verrait cela plus tard. Tout cela dépendrait de ses études et de ses réussites futures. Elle rougit un peu à cette remarque.

-[Ru] Mais cela fait déjà quelques temps que j'y pense. Mais je n'ai pas encore tout vraiment planifié.

C'était vrai, elle ne savait pas tout de sa future vie russe. Elle savait un peu ce qu'elle voulait et ce qu'elle pouvait espérer. Le reste, elle avait encore le temps d'y penser tout de même. Andreï l'avait bien compris lui aussi. Ses projets n'étaient peut-être pas aussi précis, mais il savait qu'il pouvait encore prendre le temps d'y penser. Ce qui était sécurisant. Et il avait bien raison.

-[Ru] Y'a un travail en particulier que t'aimerais faire ?

Disons que c'était encore autre chose. Elle avait bien entendu sa petite idée sur la question. C'était logique. Mais Kathy ne pouvait pas être parfaitement sûre. Parce que c'était le genre de sujets avec lequel on ne pouvait pas être totalement certain. Les emplois et les embauches, c'était toujours un peu délicat. Les idées ne suffisaient pas toujours.

-[Ru] Dans l'idéal, j'aimerais travailler dans la musique. Mais j'aime beaucoup les bibliothèques aussi. Mais ça, c'est dans le cas où tout se passe comme je veux. Je doute pouvoir faire ça dès le début. Surtout si je ne sais pas où habiter. Mais je ne m'inquiète pas non plus.

Non, elle avait encore le temps et elle pourrait prévoir ça. Le plus important pour le moment c'était ses études. Le reste était secondaire. Et puis il y avait sa grand-mère aussi. Katherine devait tenir compte d'elle aussi.

-[Ru] Et toi? Tu as déjà prévu quelques chose?

Je ne veux pas m'imposer...

D

es rêves, des projets, des ambitions, voilà bien ce qui devait forcément animer les esprits des adolescents comme eux. À leurs âges, c'était normal que de faire des plans sur la comète, que de s'imaginer le métier qu'on allait faire, la vie qu'on mènerait. Le champ des possibles demeurait encore complètement ouvert, on ne leur avait pas dit non, encore, à quoi que ce fût. Aucune porte n'était fermée, comme si tous les chemins envisageables étaient là, n'attendant que de les voir les emprunter. Oui, c'était normal que la bleue et bronze ait tant de rêves, tellement d'envies... Et Andreï, lui, se trouvait terriblement anormal. Lui, en regardant vers l'avenir, il ne voyait pas la multitude de chemins, il ne voyait qu'une route étroite et, difficile et escarpée, et qui menait au vide le plus total. Pessimisme et défaitisme. Il était devenu l'image même de ce qu'il n'avait jamais eu envie de supporter. Quand on lui posait cette question somme toute banale, de savoir ce qu'il voudrait faire plus tard, sachant que cela n'avait même pas à être réalisable, juste à être, il se trouvait dans l'incapacité de répondre. Sans, du moins, se torturer inutilement la cervelle. Sa réponse ne savait pas être spontanée. Il réfléchissait beaucoup trop, et mettait bien trop de temps à répondre. Mais considérant qu'il pouvait très bien expliquer ce léger moment de flottement et de silence par le fait qu'il devait chercher ses mots dans une langue qu'il ne maîtrisait pas complètement. À la vérité, il se surprenait lui-même de ne pas avoir vraiment de difficultés de compréhension concernant ce que lui disait son interlocutrice. Et si lui-même se contentait de phrases suffisamment courtes et structurées le plus simplement possible afin d'éviter de faire des fautes, il lui semblait ne pas s'exprimer trop mal. En tous cas, Katherine ne l'avait pas une seule fois repris sur son élocution.

-[Ru] Je ne sais pas trop... Je pense que je resterais plutôt en Grande-Bretagne, maintenant, je me vois mal vivre ailleurs. Mais pour le reste... Un métier en rapport avec les livres, ça me plairait, je pense.

Mais après, il n'en savait rien. Ça avait l'air si loin de lui, tout ça ! Oui, il aimait les livres, et la lecture était l'une de ses grandes passions, mais il ne savait vraiment pas s'il avait envie d'en faire une vocation pour autant. Peut-être pas. Peut-être que si. La question "qu'est-ce que tu veux faire plus tard" était récurrente, et reviendrait souvent dals les temps prochains, c'est clair. Mais quelqu'un pouvait-il comprendre que son unique souhait au monde était qu'on lui fiche une paix royale ? Bref. Comme souvent quand on parlait de lui, lui qui détestait être au centre de la moindre attention, il se dépêchait de changer de sujet. Après ce que la demoiselle lui avait apprit, le sujet était tout trouvé.

-[Ru] Donc tu voudrais travailler dans la musique ? Tu joues d'un instrument ?

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Beaucoup parlaient de rêves, d'objectifs, de passion. Mais Katherine parlait de besoins. C'était un besoin de partir. Un besoin de retourner en Russie. Et une simple lubie de vouloir faire de la musique. Cela passerait donc après. D’abord il faudrait trouver un petit coin pour habiter. Ensuite un travail, un peu n'importe quoi. Et après elle verrait. Pas besoin d'avoir des amis non plus. De toute façon, si elle trouvait un logement, il y avait assez peu de chances pour qu'elle ait le temps de s'en faire ou d'en profiter. Il lui faudrait peut-être même plusieurs emplois pour vivre seule au début. Et le nom n'aiderait pas beaucoup à priori. Demyan était dans un secteur particulier. Et Katherine n'y toucherait pas beaucoup. Mais tant pis, elle y arriverait. Elle était motivée et elle ferait de son mieux.

-[Ru] Je ne sais pas trop... Je pense que je resterais plutôt en Grande-Bretagne, maintenant, je me vois mal vivre ailleurs. Mais pour le reste... Un métier en rapport avec les livres, ça me plairait, je pense.

Les livres donc. Voilà qui n'étonnait pas trop Kathy. Andreï était le genre de personnes un peu comme elle qui avaient cette réputation de rat de bibliothèque. Chose qui ne posait aucun problème à la jeune russe. Mais c'était souvent ce qui faisait d'eux des gens mis à l'écart. Visiblement, ils faisaient avec. Et cela n'avait rien pour les décourager. Même si il était encore un peu indécis, il était certainement plein de volonté lui aussi. Alors Kathy ne s'inquiétait pas trop pour lui. Et puis, lui il avait encore de la famille pour l'aider financièrement ou moralement. Il s'en sortirait.

-[Ru] Donc tu voudrais travailler dans la musique ? Tu joues d'un instrument ?

Et voilà que ça continuait. Aucun d'eux n'aimait vraiment parler de lui. Alors ils se passaient la balle à chaque fois. Une fois encore donc, Katherine rougit un peu. Mais elle garda tout de même son sourire. C'était encore un sujet qu'elle aimait bien malgré tout. Parler de sa famille ne lui plairait pas. Parler de sa vie à Poudlard ou de ses relations ne lui plairait pas particulièrement non plus. Mais la musique ça allait encore. C'était quelque chose d'assez neutre qu'elle aimait bien.

-[Ru] Oui, je fais du violon. Et un peu de piano aussi. Mais je ne suis pas très douée. Et ce n'est pas ici que je pourrai en faire beaucoup de toute façon.

Elle plaisantait mais bon, c'est vrai qu'elle aurait bien aimépouvoir jouer un peu plus souvent. Et ce n'était pas quand elle serait seule qu'elle pourrait en faire plus souvent. Kathy ne pourrait pas se payer un piano. Peut-être qu'elle pourrait prendre son violon, mais pas plus. Après, il faudrait aussi qu'elle ait le temps de jouer. Ce qui n'était pas sûr non plus. Mais ça après, elle verrait bien plus tard. Pour le moment, il lui arriver de frotter son archet de temps à autres. Sauf qu'en étant à l'école, elle ne pouvait pas tout se permettre non plus. Et le violon, tout le monde n'aimait pas ça.

-[Ru] Tu aime la musique toi? Je sais que tout le monde n'aime pas ça et ça ne me dérange pas. C'est juste pour savoir...

Si elle était aussi curieuse c'était parce que cela ferait au moins un sujet de conversation dont aucun n'aurait peur ou honte. C'était sympa en fait. Katherine était une fille très sympa.

Je ne veux pas m'imposer...

A

ndreï ne savait pas grand chose de Katherine, et il commençait à regretter de ne pas avoir auparavant fait l'effort de faire plus ample connaissance avec elle. Bien sûr, il pouvait se réserver l'excuse du "Elle est arrivée il y a pas longtemps, c'est pour ça", mais ça ne tenait pas la route. Le vert et argent était très clairement du genre asocial. Il se faisait très rarement des amis, et ne cherchait pas à s'en faire. Se faire si régulièrement houspillé lui avait très rapidement passé l'envie de faire un pas vers les autres... Là, maintenant, il était en train de réaliser que les efforts en valaient parfois la peine. Il découvrait une demoiselle très sympathique, et au demeurant très intéressante, avec laquelle il se plaisait même à se trouver des points communs. On lui avait déjà fait remarquer qu'il y gagnerait à se tourner vers les autres (c'était sûrement Anna qui lui avait sorti ça), il était bien obligé de lui donner raison. Quelques minutes de conversation, et voilà qu'il arrivait à oublier une partie de ses tourments, pourtant très lourds.

Il aimait aborder des sujets de la vie quotidienne avec elle, et oui, ce qui pouvait lui arriver dans la vie l'intéresser, ils avaient dépassé le stade de la seule courtoisie, et vraiment, Andreï était en train de se dire qu'il pourrait vraiment s'en faire une amie, de cette fille. Même si les liens amicaux n'étaient pas le moins du monde son for. Il était convaincu qu'elle était meilleure musicienne que ce qu'elle voulait bien admettre. Si elle voulait en faire son travail, et puisqu'elle lui semblait très humble, il n'avait pas de mal à croire qu'elle devait avoir du talent. Plus que ce qu'elle s'en soupçonnait.

-J'aimerais bien t'entendre jouer un de ces quatre. Il avait toujours eu de l'admiration pour ceux qui savaient un tant soit peu faire de la musique. Lui, le seul instrument qu'il ait jamais eu entre les mains, c'était une flute à bec, et on ne pouvait pas franchement dire que le résultat avait été glorieux. Il en était rapidement venu à penser que la musique n'était pas pour lui. Enfin si, quand il s'agissait seulement de l'écouter. Mais savoir la jouer, il laissait ça aux autres. J'aime beaucoup la musique, oui. Je suis pas un grand mélomane, mais j'aime ça. Ma mère m'emmène souvent à l'opéra ou voir des concerts, j'imagine que ça joue.

Sauf que là, il ne se laisserait plus traîner dans une salle de concert avant un long, long moment. Andreï avait aimé toutes ces sorties à l'opéra, tous ces moments privilégiés qu'il avait passé avec sa mère. Mais ils prenaient une saveur sacrément amère, ces souvenirs, maintenant qu'il connaissait l'envers du décor.

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Andreï n'était pas du tout le genre de garçons avec qui Kathy aurait été voir d'elle-même. Ou alors pour s'asseoir à la même table que lui. Principalement parce qu'elle n'irait pas voir quelqu'un d'elle-même en général. Ce qui freinait tout de suite pas mal les relations et les échanges divers. Mais aussi parce qu'il restait un certain nombres de préjugées plus ou moins fondés par rapport aux différentes maisons. Ce qui faisait d'Andreï Armanski une personne à éviter. Peut-être plus que d'autres. Mais moins que des gens comme Abraxas par exemple. Eux elle ne les évitait pas, elle les fuyait. Sauf que finalement, non seulement elle ne craignait plus Andreï, mais en plus il avait l'air plutôt sympa. Bon, parler d'amitié possible était sans doute un peu abusé connaissant Kathy... mais disons qu'ils pouvaient s'entendre sans trop de problèmes finalement.

Quoi qu'il en soit, ils étaient allé plus loin qu'ils ne l'avaient imaginé. Katherine n'avait d'ailleurs pas prévu de lui parler à ce garçon. Quand il avait commencé, elle n'avait répondu qu par politesse. Et puis petit à petit, ils en apprenaient un peu plus l'un sur l'autre. Après réflexion, ils n'étaient même pas si différents. Ce qui était agréable. Parce qu'on se sentait moins seul quand on savait qu'il y en avait qui pouvaient comprendre. Dans l'esprit de la jeune fille, il était possible qu'ils ne se reparlent plus jamais. Mais au moins, ils auraient profité et se seraient permit un petite pause.

-J'aimerais bien t'entendre jouer un de ces quatre.

Ah... euh... problème. Jusqu'à maintenant, Katherine n'avait jamais joué devant une autre personne que son père ou sa grand-mère. Ou alors ce n'était pas volontaire et on l'avait surprise pendant qu'elle travaillait. Ceci dit, pourquoi pas. De toute façon, elle ne jouerait pas devant quelqu'un d'autre que lui. Et il devrait se débrouiller pour trouver le moment et le lieux hein. Bon courage pour trouver une pièce vide. Surtout que Kathy n'était pas si douée que ça en violon... ou du moins c'est ce qu'elle disait. Parce que pendant le vacances elle y passait tellement de temps qu'au fond, il était normal qu'elle s'en sorte bien à ce niveau. Mais elle rougit quand même. Fallait pas abuser...

-Et bien je... je n'ai pas l'habitude de jouer devant des gens mais... enfin, pourquoi pas.

De toute façon, il n'avait pas l'air d'être le genre de personnes à aller voir jouer une jeune russe pour pouvoir ensuite aller se moquer d'elle en douce. Et en temps normal elle se serait méfié quand même. Mais elle avait envie de croire qu'Andreï était véritablement quelqu'un d'intelligent, sympathique et intéressé par la musique.

-J'aime beaucoup la musique, oui. Je suis pas un grand mélomane, mais j'aime ça. Ma mère m'emmène souvent à l'opéra ou voir des concerts, j'imagine que ça joue.

Ah, bah voilà, un amateur de musique. Sauf bien sûr si il lui mentait. Ce qui était possible. Mais quand même, elle était bien tentée de penser qu'il était sincère. Et puis, c'était bien les sorties à l'opéra. Katherine aimait bien ça. Même si avec son père, c'était pas ce qu'ils avaient fait le plus souvent.

-Quand j'étais petite, mon père m'emmenait voir des ballets. On en a pas vu tant que ça finalement. Mais j'aimerai bien voir un opéra un jour. Peut-être plus tard.

En fait, elle y tenait mais sans plus. Si l'occasion se présentait elle sauterait certainement dessus. Mais sinon tant pis. Elle avait déjà beaucoup aimé les ballets vus avec son père.

Je ne veux pas m'imposer...

A

ndreï afficha un sourire qui parvint même à être sincère quand la demoiselle affirma que, un jour, elle lui permettrait de l'écouter jouer. L'on pouvait s'imaginer qu'il n'avait jamais fait cette suggestion que par pure politesse, puisque c'était là ce que beaucoup de personnes faisaient pour faire la conversation, ou lier ponctuellement des liens avec autrui : faire des promesses qui ne seraient jamais tenues. Sauf que lui, il était totalement sincère. Il n'y avait aucun mensonge, dans aucun des mots qu'il prononçait. C'est qu'Andreï Armyanski était loin d'être un menteur né, il aurait voulu en devenir un qu'il aurait eu toutes les peines du monde, tant cet exercice lui était étranger, et, dans l'application, lui serait certainement difficile. Il était d'un naturel secret et renfermé, certes, et la situation actuelle l'obligeait très clairement à dissimuler plus d'une vérité dérangeante, mais il avait tendance à omettre plutôt que de nier effrontément. Dans ses relations aux autres également, il était plutôt franc. En bref, quand il n'avait pas envie de parler à quelqu'un, ce quelqu'un ne tardait jamais à le savoir et à le comprendre, et quand, au contraire, il s'entendait bien avec quelqu'un, il ne disait jamais rien uniquement pour la forme. Il faut dire qu'il n'était pas un grand bavard de manière générale, alors s'il prenait le temps d'user un peu de sa salive, ce n'était jamais uniquement pour se laisser aller à des flatteries non pensées ou à des remarques hypocrites. Non, ce n'était vraiment pas son genre. Son genre à lui, c'était de tenir les promesses, voilà tout, et donc, il tiendrait sa parole, concernant Katherine. Katherine avec qui il aimait décidément bavarder, Katherine avec laquelle il se montrer apparemment d'une incommensurable maladresse, sans jamais l'avoir voulu. Ainsi, il la rappelait sans doute trop régulièrement au souvenir de ses parents, puisqu'elle y faisait mention une fois de plus. Il s'en voulait.

Tout ce qu'il souhaitait, c'était une conversation légère, agréable, rien de plus, elle parvenait à lui faire oublier ses soucis à lui, mais si ça ne marchait que dans un sens, ça n'allait pas non plus. Il avait bien l'intention de se rattraper. Et pour cette raison, il prit bien soin d'occulter le passage où la bleue et bronze avait parlé de son père pour ne se concentrer que sur la partie au sujet de laquelle il était bien plus simple de discourir : les ballets, l'opéra, la musique, en somme. Le fait que la jeune fille n'ait encore jamais vu d'opéra. Clairement, c'était une chose à laquelle il allait espérer qu'elle puisse remédier un jour. Andreï était très bon public quand il était question d'opéra. Il n'était pas suffisamment mélomane pour apprécier un orchestre, un chef, un chanteur, un musicien plutôt qu'un autre, et il était bigrement incapable de donner la différence entre un ténor et un baryton, en fait, il était tout simplement incapable de définir précisément ces deux termes, mais il se laissait toujours porter. Par la mélodie, par l'histoire. Ça lui suffisait.

-J'espère que t'auras l'occasion d'en voir un à jour, ça vaut vraiment le coup. Le dernier qu'on ait vu, c'était Don Giovanni, je sais pas si t'en as entendu parler où si t'as déjà lu la pièce. Certains, sous prétexte que l'oeuvre était moldue, se refusaient à ce genre de réjouissances. Mais ça en vaut vraiment la peine. C'est... captivant.

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Dire que Katherine adorerait jouer pour Andreï était très largement exagéré. Jouer pour quelqu'un en général c'était plutôt une corvée qu'autre chose. Mais étrangement, elle avait l'impression qu'il pouvait un peu la comprendre. Certainement pas pour les mêmes raisons. Ça,elle s'en doutait un peu. Mais leurs particularités respectives faisaient qu'ils pouvaient encore trouver un terrain d'entente. Et assez grand quand on les entendait parler depuis tout à l'heure. Ils trouvaient toujours de quoi rebondir ce ce qu'avait dit l'autre. Sauf peut-être pour ce qui était de la famille. Encore et toujours leur gros problème. Ceci dit, comme ça, ils n'abordaient pas le sujet qui fâche. Ce qui était toujours bon à prendre. Surtout pour des gens comme eux. Des cas isolés qui ne trouveraient pas d'oreilles attentives partout.

Mais voilà, ils parlaient, encore et encore, dans la bibliothèque qui plus est. Ce qui n'était pas le lieu rêvé pour une conversation tout de même. Mais tant pis. Ils continuaient, comme si ils ne voulaient plus s'arrêter. Il le faudrait bien, au bout d'un moment. Ils avaient sans doute besoin tout les deux d'un peu de temps pour se reposer l'esprit et le cœur. Ils s'arrêteraient bien, mais plus tard. Ils leur fallait encore un peu de temps pour eux visiblement alors autant le prendre.

-J'espère que t'auras l'occasion d'en voir un à jour, ça vaut vraiment le coup. Le dernier qu'on ait vu, c'était Don Giovanni, je sais pas si t'en as entendu parler où si t'as déjà lu la pièce.

Lu la pièce... une partie au moins... la partie musicale. Elle avait eut entre les mains quelques partitions. Des airs principalement. Mais cela ne faisait pas tout. Sans compter qu'elle ne parlait pas du tout italien. Alors pour comprendre ce qu'ils se disaient, merci. Il n'y avait pas non plus d'indications pour la mise en scène ou tout ce qui était récitatif. En bref, elle avait une légère connaissance des airs principaux, mais c'était tout. Ce qui ne l'empêchait pas de vouloir le voir un jour.

-J'en ai déjà joué des extraits, mais je n'ai pas vraiment compris. J'ai juste trouvé ça joli.

Et oui, ce n'était pas grand chose. Mais pour aller voir un opéra, il fallait en avoir les moyens. Ce qu'elle n'avait pas. Pas du tout même. Tout n'était pas perdu pour autant en fait. Un jour viendrait bien où elle irait voir un opéra. Et ça serait en Russie dans l'idéal. Ça devait bien se trouver là-bas aussi quand même. Un jour où Kathy aurait une position stable dans son pays chéri et donc assez d'argent pour se permettre d'aller voir une telle œuvre.

-Mais ça en vaut vraiment la peine. C'est... captivant.

Ah, ça elle n'en doutait pas une seconde. C'était bien pour ça qu'elle voulait découvrir un peu la chose. Mais bon, c'était certainement particulier aussi. Et particulièrement beau, ça elle en était sûre aussi.

-Alors tu vas souvent à l'opéra? Et, c'est toujours la même salle? C'est peut-être idiot, mais depuis que je suis ici, je n'ai jamais été au Londres moldu. En fait, en général, avec ma grand-mère, on ne bouge pas beaucoup. Du coup je dois connaître l'Angleterre aussi bien que la Russie maintenant. Ce qui est un peu bête.

Si ils n'avaient pas été dans cette bibliothèque, elle aurait certainement laissé échappé un petit rire. Elle n'avait jamais parlé de cette frustration qu'elle avait de ne pas pouvoir vraiment parler de la Russie comme si elle la connaissait. Pas à quelqu'un de vivant en tout cas.

Je ne veux pas m'imposer...

A

ndreï éprouvait une admiration naturelle pour les personnes qui, comme la bleue et bronze, avaient seulement besoin d'avoir une partition sous les yeux pour en comprendre et en déchiffrer la mélodie. Il leur suffisait d'observer avec un semblant d'attention cet enchevêtrement de lettres, et voilà qu'il leur était possible de se figurer en leur esprit la façon dont elles seraient jouées et entendues par autrui. Le vert et argent aurait aimé posséder ce genre de talents, ou tout du moins avoir quelques affinités avec cet art singulier. Pour sa part, il n'entendait pas grand chose au solfège. Il faut dire, évidemment, qu'il n'avait jamais appris ni essayé d'apprendre, mais tout cela lui semblait si complexe qu'il doutait fort qu'un simple enseignement lui suffise véritablement à manier la lecture des notes. Pour lui, se trouver face à une partition n'était pas bien loin de se retrouver face à un texte tout écrit en chinois. Même difficulté de compréhension, même mal de crâne au sortir de l'exercice. La musique était une langue à part entière... et s'il savait plutôt bien parler ukrainien, s'il parvenait à prouver pour l'heure qu'il se défendait en russe, il ne fallait pas lui en demander davantage. Ce langage ci lui semblait hors de sa portée, mais il ne l'appréciait que davantage. C'était parce qu'il était fasciné parce qui lui semblait si loin de ses facultés qu'il savait apprécier certains morceaux. Pour le reste, et dans le cas de Don Giovanni, tout particulièrement, c'était avant tout parce qu'il avait pu avoir la pièce de Molière sous les yeux. Pas dans sa langue originale, bien sûr (n'allez pas demander à Andreï de savoir s'exprimer en français), mais dans une traduction qui, malgré tout, avait su le toucher, l'émouvoir. C'était autant ce talent qu'il ne possédait pas que cette histoire qu'il trouvait ô combien fascinante qui parvenaient à le séduire. Après, il ne fallait pas trop lui en demander non plus. Trop de soirées à l'opéra en un temps trop réduit avaient tendance à l'ennuyer royalement. Il restait un adolescent de quinze ans quoi qu'il en soit, après tout.

-En fait, j'y vais pas si souvent que ça. Juste une fois pendant les vacances, quelque chose comme ça... et pas toutes les vacances, comme ça. Ma mère aime bien l'opéra, alors bon, quand je suis là, je l'accompagne. Ou en tous cas, il avait pour habitude de l'accompagner fut un temps. Il était fort probable qu'il ne fournisse plus tant d'efforts sous peu. La situation actuelle - allez savoir pourquoi - avait quelque peu tendance à le refroidir, et il ne se sentait pas outre mesure pressé de réitérer. Se retrouver dans la même pièce que sa mère, c'était beaucoup, beaucoup trop pour lui. Ici, je suis qu'allé au Royal Opera House. Il esquissa un rapide sourire. Et c'est pas bête du tout. Si tu savais le temps qu'il m'a fallu pour m'habituer à l'Angleterre, et pourtant j'y suis genre... depuis presque toujours, par rapport à toi. Il marqua une pause. Et je dis ça, mais au final, à part Londres, je connais pas grand chose. Nouvelle pause. Je pourrais t'emmener visiter, un de ces jours, si tu veux ?

Andreï qui proposait ce genre de choses à l'une de ses camarades ? C'était proprement irréaliste. Quiconque le connaissait un peu, savait que la sociabilisation n'était pas son fort, faire ce genre de proposition encore plus. Ceux qui le connaissaient peu (et en fait, quand on y réfléchissait, Katherine appartenait encore à cette catégorie pour le moment) auraient pu penser qu'il avait une arrière-pensée, mais pas du tout. En fait, il était surtout heureux de s'être trouvé des affinités avec l'une de ses camarades, lui qui était plutôt habitué à ce qu'on lui tourne le dos.
En fait, il avait l'impression de s'être trouvé une amie, tout simplement. Et ça l'enchantait.

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Andreï Armyanski avait tout de même sa petite réputation dans les couloirs. Tout le monde avait une petite réputation dans les couloirs de Poudlard. Même Katherine. Mais du coup, elle avait déjà entendu parler du froid et cultivé Andreï Armyanski. Elle n'avait pas entendu parler de choses méchantes qu'il aurait fait ou quoi que ce soit d'autre dans le même genre. Raison pour laquelle la jeune fille avait osé s'aventurer vers lui dans cette bibliothèque. Raison pour laquelle également elle avait été très surprise de sa réaction. Ceci dit, elle y était habituée. Ce qui ne rendait pas la chose plus agréable. Heureusement, l'attitude du jeune homme avait rapidement changée. Et pas qu'un peu en plus. Maintenant ils se retrouvaient à papoter comme si ils se connaissaient depuis longtemps. Ce qui était tout de même nettement plus sympathique. Donc finalement, on pouvait dire qu'Andreï était un garçon plutôt gentil comparé à d'autres. Il n'avait pas l'air de vouloir du mal à Kathy et c'était même presque l'inverse. Qu'est-ce que c'était agréable tout de même. Ils avaient même quelques points communs. Parfait donc pour prendre une petite pause et discuter tranquillement.

L'opéra était visiblement un bon sujet pour eux. Enfin, l'opéra ou la musique en général. Ce qui ne posait aucun problème à Katherine. C'était un peu son truc de toute façon, la musique. Elle aimait ça et n'avait pas particulièrement cherché à le cacher. Sauf peut-être son jeu au violon. Ça, elle ne le montrerait pas à tout le monde de toute façon. Mais autrement, si on lui avait posé la question, elle n'aurait pas caché son goût pour cet art. Seulement jusqu'à maintenant, peu de gens avaient pensé à lui demander. Et oui. Alors qu'Andreï, lui, l'avait fait. Et gentiment en plus.

-En fait, j'y vais pas si souvent que ça. Juste une fois pendant les vacances, quelque chose comme ça... et pas toutes les vacances, comme ça. Ma mère aime bien l'opéra, alors bon, quand je suis là, je l'accompagne.

Ah oui, c'était donc ça. C'était sa mère qui aimait l'opéra. Elle aussi ça devait être quelqu'un quand même. Parce qu'Anya Armyanski, dans le genre, elle était plutôt connue aussi. Katherine savait qu'elle faisait souvent de grande réceptions et que c'était toujours une réussite. Elle savait aussi qu'elle n'avait pas eut de chance en amour et que tout ses maris étaient morts les uns après les autres. Et franchement, pour avoir gardé la tête haute après tout ça, Kathy pensait qu'elle devait être sacrément forte. Mais bien sûr, si tout le monde savait qu'Anya n'était rien d'autre qu'une manipulatrice nymphomane qui tuait par plaisir, elle ne se baladerait pas tranquillement dans les rues de Londres. Mais Kathy eut la bonne idée de garder ce genre de remarques pour elle. De toute façon, elle avait compris que comme elle, le sujet de la famille était délicat pour Andreï.

-Ici, je suis qu'allé au Royal Opera House. Et c'est pas bête du tout. Si tu savais le temps qu'il m'a fallu pour m'habituer à l'Angleterre, et pourtant j'y suis genre... depuis presque toujours, par rapport à toi.

Katherine aussi sourit. Il était gentil avec elle. Et rassurant aussi. Si lui qui était né en Angleterre n'y était pas encore totalement habitué, alors une russe qui ne savait pas se repérer dans Londres ne devait pas trop s'en faire.

-Ah oui? Ça viendra peut-être pour moi aussi alors.

Elle lui accorda un sourire.. peut-être un brin pessimiste. Mais disons qu'elle espérait quand même ne pas rester assez longtemps pour s'adapter à l'Angleterre. Pas parce qu'elle n'avait pas envie de connaître aussi un peu ce pays. Mais tout simplement parce que si c'était aussi long que le disait Andreï, autant retourner s'adapter à la Russie.

-Et je dis ça, mais au final, à part Londres, je connais pas grand chose. Je pourrais t'emmener visiter, un de ces jours, si tu veux ?

Alors là, je dirais qu'il y avait eut une sorte d'arrêt de fonctionnement du cerveau de Katherine. Ou plutôt une activité intensive. La jeune fille analysa et retourna chaque mot de la dernière phrase d'Andreï pour essayer de la décoder et pour être sûre qu'elle n'avait rien raté ou compris de travers. Mais non, visiblement, c'était ça. Andreï lui proposait bien de l'accompagner et de lui faire visiter Londres. Oui oui, c'était bien ça. Katherine rougit un peu... bon, d'accord, Katherine rougit carrément, mais elle avait de nouveau ces petites étoiles dans les yeux qui l'empêchaient bien de dire que cela ne lui disait rien. C'est pour cela qu'elle baissa un peu le regard avant de répondre.

-C'est... c'est très gentil mais... tu... tu es sûr que ça ne te dérangerait pas au moins?

C'est vrai que c'était sacrément gentil de sa part de lui dire ça. Et venant de n'importe qui d'autre, Kathy se serait méfié. Mais elle avait envie de lui faire confiance maintenant qu'ils avaient un peu parlé d'eux. C'était peut-être une bêtise, mais peut-être pas. Alors elle voulait essayer. Et puis, si il lui faisait vraiment visiter Londres, elle serait plus que gagnante.

-J'avoue que ça me plairait bien d'aller à Londres avec toi un jour.

Je ne veux pas m'imposer...

L

a réaction de Katherine eut le don de surprendre un peu Andreï, il ne s'était pas attendu à la voir aussi surprise, ou rougir de la sorte. Mais en même temps, puisque sa propre attitude ne lui était pas habituelle (proposer à une fille de lui faire visiter Londres, c'était peut-être le b.a.-ba de certains autres garçons, mais certainement pas le sien), il était peut-être logique que la réaction qui s'ensuive lui soit tout aussi "anormale". Dans tous les cas, elle semblait d'accord avec sa proposition, et puisqu'Andreï n'avait qu'une seule parole, il comptait bien la tenir. Après tout, ça ne pourrait que leur faire du bien à tous les deux. Elle, elle pourrait mieux découvrir une ville qui lui était encore quasi inconnue, lui, il pourrait prendre un peu l'air et peut-être passer un bon moment, loin de toutes ses emmerdes, trop nombreuses pour se compter encore sur les doigts de la main. Et puis, il semblait qu'ils s'entendaient vraiment bien, tous les deux, non ? Ils n'avaient pas pris la peine de se parler jusque là, mais Andreï le regrettait vraiment, voilà longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi bien avec quelqu'un d'autre. Ils pouvaient parler de tout, de rien, et, visiblement, ils avaient plus d'un centre d'intérêt commun. Le vert et argent se refusait souvent à se faire des ami, dressait une barrière entre lui et les autres. Dans des cas tels que celui-ci, il regrettait clairement d'être à ce point asocial.

-Ça me dérange pas du tout, au contraire. Il esquissa un sourire. Avec ma mère, on va toujours aux mêmes endroits et puis bon, c'est ma mère... déjà quand il n'avait aucun problèmes avec elle, il était comme tous les adolescents, il y avait bien des moments où il aurait préféré vadrouiller dans son coin et ne pas la voir dans les pattes. À présent qu'ils avaient leurs... différends, dirons-nous, vous imaginez bien que c'était pire encore. Au moins là, on pourra aller où on veut, jouer les touristes et tout. Il y a plein d'endroit dans Londres que je n'ai jamais visité.

Avec sa mère, Andreï allait surtout dans les lieux à fort potentiel culturel : théâtre, opéra, musée. C'était certes sympathique, et parfois même distrayant. Mais se balader tout simplement dans l'un des parcs de la capitale, s'extasier devant buckingham, le tower bridge, big ben... ça, il n'en avait pas si souvent eu l'occasion. Il était sûr que s'il y allait en présence de sa nouvelle amie (parce qu'il pensait bien pouvoir la considérer comme telle), il prendrait plus de plaisir, ou au moins, il verrait les choses sous un jour un peu différent.

-Tu aimerais visiter quoi, à Londres, toi ?

C'est sûr que s'ils devaient y aller, ce serait à elle d'élaborer leur programme. Et oui, ils iraient.

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Invité

Kathy avait encore du mal à y croire. Elle ne connaissait pas vraiment Andreï, ils n'avaient parlé que du minimum, sans vraiment chercher à tout savoir. Alors il était plus que surprenant de le voir lui proposer ça, comme ça. Il avait l'air gentil, c'est sûr, mais elle ne l'avait pas vu venir celle-là. Et il fallait qu'elle se contrôle grandement pour ne pas faire la jeune femme hystérique elle était vraiment ravie de pouvoir espérer visiter Londres avec lui. Ce n'était pas comme si elle allait la visiter avec un guide stupide. Même si elle aurait déjà trouvé ça bien. Là c'était avec un garçon de son âge qui pourrait lui montrer des choses susceptible de l'intéresser, vraiment, comme n'importe quelle fille de son âge. Enfin, pour le moment rien n'était fait. Il faudrait qu'elle ne parle avec sa grand-mère. Mais elle serait sans doute d'accord. Elle serait probablement contente de savoir que sa petit-fille s'était fait un ami. Et puis, elle serait tout aussi contente de savoir qu'elle pourrait enfin voir Londres comme elle l'avait souvent demandé. Andreï lui apporterait certainement plus qu'il ne l'imaginait.

-Ça me dérange pas du tout, au contraire. Avec ma mère, on va toujours aux mêmes endroits et puis bon, c'est ma mère...

Katherine ne pouvait qu'imaginer ce qu'il voulait dire. Elle n'avait pas eut l'occasion de connaître les problèmes relationnels que tout les adolescents ont avec leurs parents. Tout simplement parce que des parents, elle n'en avait plus. Et elle trouvait ça plus que triste que des gens puissent se brouiller comme cela avec leurs parents. Katherine baissa un peu les yeux à cette fin de phrase. Alors il était comme les autres sur ce point. Lui non plus n'arrivait pas à s'entendre avec sa mère. Son père, Kathy savait qu'il n'en avait plus lui non plus. Elle avait imaginé que cela l'aurait empêché de repousser ainsi le dernier parent qui lui restait. Bien sûr, elle ignorait tout de la vrai nature de leur relation et le pourquoi de cette haine entre eux. Mais elle trouvait déjà ça triste qu'il puisse la repousser d'une manière ou d'une autre.

-Au moins là, on pourra aller où on veut, jouer les touristes et tout. Il y a plein d'endroit dans Londres que je n'ai jamais visité.

Oui, les touristes. Les touristes sans sa mère et là où elle ne l'avait jamais amené. Là où il ne pourrait pas penser à elle sans doute. C'était triste. Gentil, certes, mais triste. Enfin bon, si elle restait bloquée là-dessus Katherine risquait de tout rater de ce qu'il lui proposait. Sa mère, c'était son problème. Et Kathy n'avait pas à se mêler de ça.

-Tu sais, moi de toute façon, je ne connais rien. Tu pourrais me montrer à peu près tout ce que tu veux.

Katherine voulait voir Londres, n'importe quoi à Londres. Tout ce qu'elle voulait c'était pouvoir dire: tiens, je connais ça, j'y suis allé. Elle n'était pas bien difficile en fait. Et il ne lui en fallait pas beaucoup pour qu'elle soit contente. Andreï trouverait facilement, elle en était certaine.

-Tu aimerais visiter quoi, à Londres, toi ?

Bonne question. Elle n'y connaissait rien, donc elle ne savait pas ce qu'elle pourrait aller voir avec Andreï. Il était gentil, pas assez pour qu'elle baisse sa garde jusqu'à parler d'amitié, mais assez gentil pour qu'elle le suive à Londres.

-En fait j'en sait rien. Mais toi, tu connais quand même un peu, non? Tu dois connaître des endroits sympas où on pourrait aller?

Je ne veux pas m'imposer...

A

insi, ils étaient donc en train de bel et bien planifier leur prochaine visite de Londres. C'était amusant. Il y a moins d'une heure seulement, tous les deux ne s'étaient jamais parlé, ne s'étaient jamais que croisés au détour d'un couloir sans prêter vraiment l'intention l'un à l'autre, sans chercher à mieux se connaître, à savoir quoi que ce soit de leurs goûts, leurs dégoûts, leurs rêves, leurs espoirs... et à présent, ils nourrissaient des projets commun. C'était étrange, oui. Mais plutôt agréable. Des amis, Andreï n'en avait pas beaucoup. À dire vrai, il n'était pas certain d'en avoir tout court. C'était peut-être pour cela qu'il s'emballait à ce point. C'était agréable, de se trouver des affinités avec quelqu'un d'autre. Il avait encore beaucoup à apprendre de Katherine. Si ça se trouve, sur le long terme, leurs caractères n'étaient absolument pas compatibles, mais en attendant, il avait vraiment envie de penser s'être fait une amie, et ce qui aurait pu être des paroles en l'air pour d'autres ne l'étaient pas pour lui. Il avait une sincère affection pour son interlocutrice, peut-être ne serait-elle que temporaire, mais il était sincère. Il n'avait pas de mauvaises intentions derrière la tête, juste un certain enthousiasme à l'idée de pouvoir changer d'air, se changer les idées. Quelque chose lui disait que la bleue et bronze en avait bien besoin elle aussi. Il ne savait rien de ses ennuis. Elle ne savait rien des siens. Mais il devinait que tout ne devait âs être rose dans sa vie non plus. Donc il voulait croire que sa démarche à elle aussi était sincère, et dénuée de mauvaises intentions, c'est pour cette raison qu'il répondit à sa question avec une certaine légèreté, énumérant les lieux de la capitale anglaise qu'il avait bien envie de visiter et revisiter.

-Déjà, je suis sûr que tu adorerais Piccadilly Circus. Personnellement, je pourrais y passer des heures. Sinon, l'abbaye de Westminster est magnifique, aussi. Je suis jamais allé à Hyde Park, mais j'aimerais bien... enfin, en ce moment, doit pas y avoir grand chose à voir, mais au printemps, il paraît que c'est très beau. Oh, voir le tower bridge aussi. Un sourire s'imposa son visage en constatant l'aisance avec laquelle il avait monopolisé la parole, lui qui d'ordinaire était la personne la moins bavarde au monde.

C'est qu'il lui semblait tout à coup beaucoup plus simple de parler. C'est ça, quand on avait un interlocuteur apte à vous écouter. Il ne réfléchissait pas cent ans à ce qu'il disait, et aux conséquences des mots qu'il prononçait. Il était naturel. Comme il ne l'était le plus souvent qu'en compagnie d'Anna.

-Désolé. Si je m'écoutais, il faudrait passer toute une semaine à Londres pour avoir le temps de tout visiter.

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Invité

C'était vraiment la dernière chose qu'elle aurait pensé faire aujourd'hui. Déjà, parler avec un autre élève, c'était pas quelque chose qu'elle aurait fait comme ça, pour le plaisir. Et cela faisait quelques temps qu'elle parlait avec Andreï maintenant. Avec le plus grand plaisir en plus. Elle le trouvait vraiment gentil et puis il ne se moquait pas d'elle, ne lui mentait visiblement pas, ne posait pas de questions trop indiscrètes, bref, elle était quand même contente de discuter avec lui. Et plus encore: maintenant il lui proposait de lui faire visiter Londres. C'était vraiment très gentil de se part et Katherine adorerait vraiment aller à Londres avec lui. Elle n'aurait pas osé y aller seule et sa grand-mère ne l'aurait certainement pas accompagné non plus. Non pas parce qu'elle ne voulait pas lui faire plaisir, mais parce qu'elle ne connaissait pas et manquait un peu de temps, surtout en ce moment. C'était donc un grand cadeau qu'il lui faisait, sans peut-être s'en rendre compte d'ailleurs.

-Déjà, je suis sûr que tu adorerais Piccadilly Circus. Personnellement, je pourrais y passer des heures. Sinon, l'abbaye de Westminster est magnifique, aussi. Je suis jamais allé à Hyde Park, mais j'aimerais bien... enfin, en ce moment, doit pas y avoir grand chose à voir, mais au printemps, il paraît que c'est très beau. Oh, voir le tower bridge aussi.

Que de belles choses. Plus il parlait, plus Katherine sentait son sourire et son excitation monter. Tout cela avait l'air très sympathique, effectivement. Elle avait vraiment hâte, même si ils ne verraient probablement pas tout. En un jour ils auraient du mal à tout voir. Mais si Andreï lui proposer d'y retourner elle irait sans problème.

-Désolé. Si je m'écoutais, il faudrait passer toute une semaine à Londres pour avoir le temps de tout visiter.

Bah voilà, c'était bien ça. Mais il n'avait pas besoin de s'excuser, vraiment pas. Cela ne la dérangeait pas du tout. Il avait l'air content de lui dire tout ça et ça la mettait de bonne humeur aussi du coup. C'était le genre de chose qui pouvaient de transmettre d'une personne à l'autre. Au plus grand plaisir de la jeune fille. C'était une sorte de pause dans leurs vies difficiles. Une pause des plus agréables.

-Tu sais, ça ne me dérange pas. En fait je trouve ça bien que tu ais déjà des idées.

C'était bien de pouvoir parler tranquillement avec Andreï. C'était vraiment concrétiser un projet agréable et partager quelque chose, juste comme ça. Peut-être qu'après plusieurs autres conversations Katherine pourrait commencer à penser qu'Andreï était un ami. Pour le moment c'était encore un peu difficile mais elle n'était pas contre le fait de lui laisser sa chance, bien au contraire. C'était juste que se faire des amis c'était pas habituel pour Kathy alors ça prenait peut-être un peu de temps. Mais Andreï avait vraiment l'air gentil alors pourquoi pas.

-Et puis, Londres c'est grand. Il doit y avoir tellement de choses à voir qu'une semaine ne serait peut-être pas de trop. Même si je n'ai pas besoin de tout voir.

En fait, elle n'était pas difficile. Loin de là. Même si les deux adolescents ne visitaient qu'un seul endroit elle serait déjà contente. Et puis, c'était aussi pour sortir un peu, changer d'air, ce genre de choses.

Je ne veux pas m'imposer...

À

faire preuve d'autant d'enthousiasme, à énumérer tous les lieux de Londres comme les sept merveilles du monde, à parler avec tant d'emphase, lui qui était généralement sur la réserve, pour une visite qu'il planifiait avec quelqu'un qu'il n'apprenait finalement à connaître que depuis le début de cette heure qu'ils avaient commencé à passer ensemble, l'on pouvait dire qu'il allait peut-être un peu trop vite en besogne. De quoi effrayer un peu son interlocutrice ? Peut-être, il aurait compris que Katherine prenne la tangente, lui-même se reconnaissait à peine, quand il parlait avec elle, il avait le sentiment de tout à coup devenir quelqu'un d'extraverti. Quelqu'un d'autre. Mais ça lui faisait du bien. Et il avait le sentiment que ça ne faisait pas de mal à la bleue et bronze non plus. Il lui semblait qu'elle appréciait, même. Peut-être parce qu'ils en avaient l'un et l'autre besoin en ce moment, de quoi se changer les idées, de quoi cesser de broyer du noir. Puisqu'elle ne fuyait toujours pas, puisqu'elle semblait toujours aussi enthousiaste, il se permettait d'avancer leur projet. Parce qu'il ne voulait pas que ce soit seulement des mots prononcés dans le vide, il voulait que ces mots aient un sens, que le projet vit le jour. Puisque c'était à peu près la seule chose qui avait su lui donner le sourire depuis longtemps.

-Au pire, de toute façon, on pourrait y aller plusieurs fois.

Londres, ce n'était pas si loin, dans le fond. S'y rendre régulièrement n'était pas un grand soucis en soi. Par ailleurs, le vert et argent avait comme l'intuition que toutes les occasions qu'il aurait de fuir de chez lui dans les prochains temps seraient particulièrement bonnes à prendre.

-On.. on pourrait y aller aux vacances de printemps, par exemple ? Ou alors un week-end.

Fixer une date en plus d'un programme le rassurerait. C'est qu'Andreï était d'un naturel particulièrement prudent, ou du moins... il était organisé, parce qu'organiser les choses le rassuraient, l'apaiser. Sa vie était déjà extrêmement bordélique, alors s'il pouvait s'épargner par ailleurs que le reste soit tout aussi flou et désordonné, il l'acceptait avec grand plaisir. Le vert et argent pouvait avoir un sacré tempérament, quand il s'y mettait, ce n'était pas sa mère et sa tante qui diraient le contraire, mais le reste du temps, il avait besoin d'être rassuré.

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Invité

C'était bizarre quand on y pensait. Katherine et Andreï ne s'étaient parlé qu'une fois. Une fois et ils prévoyaient déjà des projets comme si ils étaient de vieux amis d'enfance. Après tout, quand on rencontre quelqu'un pour la première fois, on ne songe pas forcément à sortir en ville avec lui. Et bien Kathy si. Avec Andreï, soyons clairs. Elle ne le ferait pas forcément avec d'autres. Mais lui, bizarrement, elle lui faisait confiance. Enfin, dans la limite du possible pour elle. La confiance, il fallait la mériter quand même. Mais disons qu'il n'était pas trop mal parti. Et peut-être qu'un jour ils devineraient de bons amis. Voire même de très bons amis. Enfin, ils verraient plus tard.
Ce qui faisait plaisir, c'était de voir à quel point Andreï avait l'air emballé par leur projet. Il lui donnait les noms des endroits à voir avec cette étincelle qui faisait tellement plaisir à voir. Ce petit rien communicatif qui donnait envie à Katherine de le suivre dans Londres sans problème. Il avait l'air de connaître un peu cette ville et c'était assez pour Kathy.

-Au pire, de toute façon, on pourrait y aller plusieurs fois.

Si il l'acceptait ça serait certainement le mieux à faire. Il y avait vraiment beaucoup de choses à voir. Et la jeune fille n'aurait rien contre le fait de partir faire plusieurs virées touristiques avec son camarade. Un jour peut-être, elle lui ferait faire un tour en Russie, si il le voulait. Mais pour ça il faudrait déjà qu'elle arrive à y retourner, en Russie.

-J'imagine que ça ne sera pas de trop, en effet.

Katherine était plutôt détendue avec lui. Ce n'était pas habituel d'ailleurs. En général, la méfiance était de mise. Mais pas avec lui. Avec lui, c'était plus sympa. Ils pouvaient parler plutôt librement et il n'y avait pas cette impression de jugement permanent.

-On.. on pourrait y aller aux vacances de printemps, par exemple ? Ou alors un week-end.

C'était des propositions sympathiques, c'est certain. Les vacances, elle ne faisait jamais vraiment grand chose. Et puis cela lui ferait au moins une sortie. Ou alors une pause pour le week-end, c'était bien aussi comme idée. Quoi qu'il en soit, elle aurait des choses à raconter à sa grand-mère qui serait certainement ravie de savoir que sa petite Kathy s'était fait un ami.

-Hmm, je sais pas trop. Peut-être un week-end, comme ça on sortirait un peu entre les cours? Mais c'est toi qui décide, comme ça t'arrange.

Katherine voulait vraiment être la plus ouverte possible. Parce qu'il était déjà très gentil de lui proposer de l'accompagner. Elle ne voulait vraiment pas le déranger ou lui rendre les choses difficiles.

-Merci... de me proposer tout ça. C'est vraiment gentil.

La jeune fille savait que c'était un bel effort de sa part et elle pensait important de lui montrer qu'il ne le faisait pas pour rien. Elle rougit un peu en disant cela mais il lui faisait vraiment plaisir.

Je ne veux pas m'imposer...

A

ller jouer les touristes dans la capitale de l'Angleterre en profitant du week-end ? ... Oui, effectivement, c'était envisageable. C'était même une excellente idée. Il s'imaginait mal pouvoir partir faire ce genre d'escapades durant les vacances scolaires, pas s'il les passait chez sa mère, en tous cas (si c'était chez sa tante, il était certain de pouvoir la prendre par les sentiments, ou en tous cas, ce serait plus simple). Et quand bien même cela était possible (après tout, partir sans consulter sa génitrice ne faisait plus l'objet du moindre scrupule pour lui, et n'en ferait plus jamais, si vous voulez son avis, même si je doute qu'il vous intéresse), il préférait l'option : virée à Londres au beau milieu de la période scolaire. C'était pile au cours de ces week-end qu'il avait très sérieusement besoin d'évasion. Tant qu'il était en cours, tant qu'il lui fallait supporter ses professeurs et se montrer attentifs à ce qu'ils disaient (ce qu'il peinait un peu plus à faire dernièrement, mais oui, il était de ces individus qui écoutait effectivement ses proesseurs), il parvenait à être un peu plus en paix, ou à oublier partiellement, en tous cas. Dès qu'il supportait son temps libre, à errer seul entre les murs de Poudlard, ou à lire dans la salle commune, constamment dérangé par ses "camarades", qu'il détestait tous autant qu'ils étaient, il se mettait à très sévèrement cogiter, et ça ne lui faisait pas le moins du monde du bien. Ses pensées les plus obscures l'entraînaient vers des extrêmes dont les conséquences pourraient être absolument terribles s'il les mettait à exécution. En présence de Katherine, il oubliait tous ses ennuis, comme s'ils n'avaient plus la moindre importance. Il parvenait vraiment à trouver un havre de tranquilité au milieu du chahut infernal de son existence. Alors oui, les week-end, c'était parfait. Tout comme il se promettait de ne pas attendre après ces week-end à Londres pour passer du temps avec la bleue et bronze. C'était une sensation vraiment étrange mais particulièrement agréable que d'avoir le sentiment d'avoir enfin trouvé un ami sincère, quelqu'un capable de véritablement vous comprendre. Il n'avait pas envie que cette sensation finisse par lui filer entre les doigts. Aux week-ends, donc, il répondit par l'affirmative via un vif hochement de tête. Puis il esquissa un sourire gêné quand elle le remercia pour sa gentillesse. "Gentil" n'était pas, à ses yeux, l'adjectif qui lui allait le mieux, même s'ils étaient sûrement plusieurs à penser juste de le lui attribuer. Mais bon, il n'allait pas cracher sur le compliment. On lui en fait suffisamment rarement ces derniers temps.

-De rien... et puis c'est intéressé, crois moi, ça me fera du bien de... changer d'air. Nouveau sourire. Hum... je devrais me remettre à travailler, je crois...

Avec tout ça, il en avait presque oublié ce pourquoi il était dans cette bibliothèque en premier lieu. Ce n'était pas forcément la chose la plus agréable du monde, mais son devoir n'allait pas se faire tout seul non plus.

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Ce qui s'était dit et passé dans cette bibliothèque était plus qu'improbable. Si on avait dit à Katherine que dans la journée elle aurait parlé de façon très agréable avec un autre élève, qu'il lui proposerait une sortie à Londres et même qu'elle se sentirait capable de le considérer un jour comme un ami, elle ne l'aurait certainement pas cru. Et pourtant, c'était bien ce qui s'était passé. Tout cela n'avait rien pour lui déplaire, bien au contraire. Elle trouvait effectivement Andreï très gentil et puis cela lui faisait du bien aussi de parler, juste comme ça. Cette conversation leur avait vidé l'esprit et leur avait parmi de sortir de leurs problèmes. Cela avait vraiment été agréable de discuter avec lui. Et visiblement ils n'avaient pas tout à fait fini.

Leur projet de virée à Londres était vraiment très très plaisant. Katherine était vraiment impatiente. Et puis, il avait l'air de savoir ce qu'il voulait y faire. Y retourner plusieurs fois ne la dérangerait vraiment pas non plus. Entre lui et cette ville qu'elle trouvait vraiment belle, cela ne pourrait qu'être un bon moment. Un bon moment en bonne compagnie. Tout cela lui faisait vraiment plaisir. C'était bien pour cela qu'elle l'avait remercié. Il faisait vraiment des efforts pour elle. Et sans raison apparente puisqu'ils ne se connaissaient pas vraiment avant cette conversation.

-De rien... et puis c'est intéressé, crois moi, ça me fera du bien de... changer d'air.

Kathy voyait ce qu'il voulait dire. Elle comprenait qu'il plaisantait tout en lui faisant comprendre quelque chose de bien moins drôle. Lui aussi devait se sentir un peu étouffé parfois, un peu mal à l'aise. Elle ne savait pas pourquoi et ne chercherait pas à le savoir non plus, cela ne serait pas sympathique de sa part aussi tôt. Mais elle savait lire entre les lignes. Et elle comprenait que quelque chose ne lui convenait pas dans sa vie. C'était quelque chose qui se voyait, ou se comprenait quand on y faisait vraiment attention.

-Je comprends. Mais ça reste gentil.

En fait, quand on le voyait comme ça, Andreï n'avait pas vraiment l'air d'être le garçon le plus sympathique du monde. Mais Katherine était bien contente d'avoir tenté le coup quand même. Entre cette conversation et ce qu'elle allait leur apporter, c'était vraiment une bonne chose. Elle espérait qu'Andreï pensait la même chose.

-Hum... je devrais me remettre à travailler, je crois...

Il est vrai qu'à la base, ils n'étaient pas venu à la bibliothèque pour parler. Ils avaient tout les deux d'autres idées en tête en venant ici. Bref, il avait raison, il était temps qu'ils reprennent leurs activités.

-Oui, tu as raison, excuse-moi... Bon courage.

Katherine lui offrit un nouveau sourire avant d'elle-même retourner dans sa lecture. Fini pour aujourd'hui les conversations. Ils reprendraient peut-être une autre fois. De toute façon, ils avaient une sortie à faire.

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Je ne veux pas m'imposer.... [Andreï]

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