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ès l'instant où Agrippine avait entendu parler de l'évasion massive des prisonniers d'Azkaban (qui l'avait amusée plus qu'alarmée, à vrai dire, non seulement elle se doutait que ça allait particulièrement bien faire marcher son petit commerce prochainement, mais en plus ça mettait un peu d'animation dans le monde de la sorcellerie - comme s'il en fallait vraiment davantage), elle avait eu deux pensées distinctes. La première avait été pour son frère, elle savait que Carlotta faisait partie des prisonniers en fugue et elle se demandait vraiment comment les choses allaient se passer à présent pour eux deux (en espérant qu'Ignatius serait prêt à couvrir les arrières de Carlotta - dans le cas contraire, ce serait Agrippine qui s'en chargerait). La seconde avait été pour Jester, son ami de longue date enfermé depuis près de deux ans dans la prison sorcière, et qui lui aussi figurait dans la liste des évadés.

Elle ne s'était pas forcément attendu à ce que Jester entre en contact avec elle. Après tout, ils ne s'étaient pas parlé depuis un long moment, et même s'il devait être plus difficile de suivre l'actualité sorcière depuis sa cellule, il devait tout de même savoir qu'il y avait à présent une nouvelle ministre qui portait le même nom qu'elle, sa mère donc. Il aurait pu décider que s'adresser à elle était un trop grand risque, mais non, il avait choisi de lui faire confiance. Et elle ferait en sorte qu'il ne regrette pas cette confiance accordée.

Avant de le rejoindre au point de rendez-vous qu'il lui avait donné, elle avait décidé de prendre avec elle son sac sans fond dans lequel elle avait fourré quantité de potions et d'objets qui pourraient éventuellement servir au fugitif tant que ce dernier serait en cavale... donc éternellement, sans doute ? Elle ne savait pas s'il aurait l'usage de tout ceci, mais elle préféré être trop prévenante que pas assez, et elle pensait que dans tous les cas, Jester saurait apprécier.

Elle arriva sur les lieux et le chercha du regard avant de comprendre qu'elle n'aurait pas affaire au Jester qu'elle connaissait mais une version métamorphosée par du polynectar. Soit, au moins il avait fait preuve de la plus grande prudence.

-Hein ? Oh... Dans l'urgence de la situation, elle avait un peu négligé le fait qu'elle était complètement enceinte et qu'à ce stade de sa grossesse, ça ne pouvait plus échapper à personne. L'habituel déferlement d'hormones en tout genre et les douleurs lui rappelaient trop souvent sa condition, mais là, elle aurait carrément pu oublier qu'elle... portait la vie. Fais pas attention à ça, se contenta-t-elle de dire comme s'il s'agissait d'une broutille. Moi non plus je m'attendais pas à ça, j'aurais aimé pouvoir revoir ton charmant minois, ça fait si longtemps ! Elle s'installa avec lui. Comment ça se passe pour toi ? Tu t'en sors ?

   

   

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A

grippine apprécia sincèrement la réaction de Jester, qui se contenta de respecter sa volonté de ne pas parler de ce "léger détail" beaucoup trop voyant qui grandissait dans son ventre plutôt que d'insister. D'autres n'auraient pas eu cette délicatesse. D'autres ne l'avaient pas, même. Combien de fois est-ce qu'elle s'était retrouvée à devoir accuser un flot sans fin de questions alors qu'elle n'avait absolument rien demandé.

Quand elle affirmait qu'elle ne voulait pas en parler, ce n'était pas une manière de dire les choses, c'était qu'elle ne voulait vraiment pas en parler, point final. Donc, quand on acceptait de l'écouter, ça lui faisait du bien. Elle ne voulait qu'être un personnage secondaire dans sa propre grossesse. Elle ne voulait pas accorder de l'importance à cette situation, car ce serait laisser les Waldman avoir une trop grande emprise sur elle. Agrippine ne pouvait pas ignorer une condition qui l'affectait à ce point physiquement, mais elle pouvait essayer de faire que ça ne l'atteigne pas moralement. Agrippine préférait donc s'intéresser à Jester, et ce dernier lui offrit gain de cause.

-Je suis sûre que je t'aurais trouvé parfaitement à mon goût malgré tout, répondit Agrippine avec un sourire quand Jester affirma qu'il avait pris cher, en prison, et que cette autre apparence valait certainement mieux dans tous les cas.

C'était sans doute en partie vrai, la prison vous transformait, c'était inévitable. Et Azkaban plus encore, mais au final, Agrippine se serait moqué que Jester soit amaigri, affaibli, du moment que ça lui permettait de retrouver son ami. Mais la prudence était maîtresse en ces circonstances. C'était déjà un risque pour eux de se retrouver, il ne s'agirait très clairement pas d'en prendre davantage.

Elle était déjà soulagée d'avoir de ses nouvelles, d'autant que ces dernières n'étaient pas trop mauvaises au regard de ce que Jester avait enduré récemment. Certes, il était libre maintenant, donc il s'en tirait forcément à meilleur compte, mais ça ne voulait pas dire qu'il ne rencontrait pas de nouvelles difficultés, qui pourraient bien être dommageables.

Il avait trouvé une planque, ce qui était déjà une excellente chose, très clairement. Et apparemment, même si ce n'était pas le grand luxe, ce n'était malgré tout pas si mal. Agrippine serait prête à parier que le bouge dans lequel elle vivait était peut-être moins confortable que l'endroit où Jester s'était réfugié.

-Tu sais que je suis pas sûre de pouvoir beaucoup t'aider mais je ferais ce que je peux, il suffit que tu me dises ce dont tu as besoin. Et en ce qui me concerne... Ouais, il s'est passé des tas de choses, en fait. Et je parle pas de... Elle baisse les yeux sur son ventre proéminent. Je sais même pas où on s'est arrêté tous les deux. Je crois même pas que j'ai eu l'occasion de te dire que j'ai découvert que mon père était pas vraiment mon père...
   

   

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A

grippine avait bien conscience du fait que Jester allait avoir un sacré paquet de wagons à rattraper s'il voulait se mettre à jour sur sa vie, mais quelque part, ce n'était pas si mal, aux yeux de la rouquine en tout cas. Certaines personnes se retrouvaient après des années et n'avaient absolument rien à se dire, ce n'était clairement pas le cas d'Agrippine qui avait eu une vie sacrément mouvementée depuis la dernière fois. Ce qui ne voulait pas forcément dire que tout serait intéressant à entendre pous son interlocuteur, mais ça, c'était encore autre chose. La jeuen femme n'éprouvait jamais grande difficulté quand il était question de parler de sa vie. Bien au contraire, c'était une chose qu'elle appréciait beaucoup de faire. Parce qu'elle n'était pas du genre pudique sur sa vie... en général. Sauf sur certains point particuliers de sa vie, qu'elle ne partageait avec absolument personne... en dehors de son frère, bien sûr.

-Ce sera jamais vraiment passé, vu le bordel que c'est, mais quand t'y réfléchis, y a pas grand-chose à dire. Ma mère a pris du bon temps avec un autre homme quand mon père était encore en vie, et voilà le résultat.

Et pourquoi elle avait été traitée comme une batarde toute sa vie. A présent, elle comprenait mieux. Elle ne trouvait pas que cela justifiait le comportement de ses parents, mais elle avait appris à faire avec, et elle ne cherchait pas le pardon de sa génitrice, elle était juste contente de connaître encore la vérité.

-Et mon vrai père est une célébrité... Eh oui monsieur, tu as devant toi une Dragonneau pur jus, tu l'aurais pas cru, ça, hein ? fit-elle avec un fin sourire.

Elle se montrait évasive à dessein. Elle adorait qu'on lui pose des questions. C'était même une de ses activités préférés, en réalité. Cela avait le don de l'amuser plus qu'autre chose, et clairement, ça la rassurait très largement de se dire qu'elle pouvait faire une blague ou une situation choc de sa situation personnelle et familiale.

-Et m'insulte pas, c'est pas parce que je suis ronde comme une barrique que je suis moins efficace, je sais exactement où et comment te procurer tout ce dont tu as besoin... Elle le fixa avec un air de défi dans le regard. Enfin, si tu as de quoi payer, quand même. Y a des choses qui changent toujours pas, et je bosse toujours pas gratuitement, l'avertit-elle avec un fin sourire.

Elle était en vérité capable de faire des concessions, et elle pourrait en faire pour Jester également, mais elle adorait en faire des tonnes, tout comme elle adorait négocier pour absolument tout et n'importe quoi, au final.

   

   

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