S'attirer les foudres des mauvaises personnes. (Pollux)

S'attirer les foudres des mauvaises personnes.

S’il y avait une chose qu’on pouvait dire au sujet de Flynn ces derniers temps, c’était qu’il n’avait clairement pas le temps de s’ennuyer. Entre les résistants, son mariage avec Caelan – qui avait connu quelques désagréments, qu’ils avaient géré tant bien que mal, mais qui n’avait pas manqué de marquer les esprits quand même – et surtout l’adoption des jumeaux, vraiment Flynn n’avait pas de temps pour s’ennuyer. Le jeune homme aimerait bien que ça soit une bonne chose, mais pour certain détail il devait bien avouer qu’il aimerait bien que ça se résolve. Il savait bien qu’il ne pouvait pas envisager que les résistants trouvent une solution dans l’immédiat pour vaincre Tom Jedusor, mais ça serait quand même une bonne chose qu’ils puissent vaincre le mage noir afin que les massacres se terminent, qu’ils n’aient plus à craindre les mangemorts tout simplement.

Mais Flynn ne pensait pas réellement à cela quand il se disait qu’il aimerait bien que certaine chose se résolve, il pensait surtout à l’adopter des jumeaux. Il savait bien que ça allait demander du temps, il y était préparé quand il s’était lancé dans cette aventure avec Caelan. Il n’avait pas peur, parce qu’il tenait à ce que Rhian et Cenlyn vivent avec eux, parce qu’il n’était pas question qu’ils cèdent à la pression des Potter. Mais forcément, ça leur demandait donc un peu de temps.

Malgré tout cela, il était important que Flynn ne bâcle pas son travail. C’était difficile parfois quand un article ne l’inspirait pas tant que cela de l’écrire dans les temps, il avait souvent tendance à se laisser un peu distraire, mais globalement il s’en sortait. En tout cas, jusqu’à présent, Flynn n’avait eu aucune remarque de quiconque au sujet de ses articles. Il venait d’ailleurs de rendre ces derniers papiers pour la prochaine édition de la Gazette et il n’était pas peu fière. Bon, ce n’était pas non plus des sujets incroyables, mais il avait fait son travail correctement. Et après ça, le jeune homme était retourné à son bureau pour continuer de travailler.

Il avait encore pas mal de pain sur la planche, en même temps Flynn ne chômait pas. Au point que ces derniers temps, le jeune homme n’avait pas réellement pris la peine d’écrire la moindre ligne de son projet de roman. Mais forcément, il avait des choses plus importantes à faire quand même. Il manquait déjà de temps pour son travail, il n’allait donc pas en perdre davantage en se focalisant sur son roman, ça pouvait très bien attendre et ça allait attendre. En attendant, il travaillait donc, non sans toujours se questionner concernant le fait qu’il y avait une taupe au sein de la Gazette des Sorciers. Cela faisait un moment, il n’avait pas eu de soucis depuis le temps, mais ça ne voulait pas dire qu’il devait arrêter d’être vigilent pour autant, bien au contraire. C’était justement dans des moments comme celui-là qu’il devait se montrer le plus vigilent possible.

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es employés de la Gazette du sorcier n'étaient jamais choisis au hasard, y compris ceux qui se contentaient de rédiger les pages les plus insipides du journal (coucou, Phèdre), il en fallait pour tous les goûts, après tout. La Gazette respectait une politique de recrutement très stricte, et qui ne tolérait bien évidemment pas les tire-au-flanc ou encore l'écriture médiocre. A ce titre, donc, et même si Pollux se montrait d'une sévérité proverbiale envers la grande majorité des employés du journal, il était capable d'admettre, du moins en son fort intérieur, les qualités de chacun (sans quoi ils auraient été virés depuis bien longtemps). Dans le cas de Flynn Bennet, par exemple, il était capable de reconnaître que les papiers du jeune homme l'avaient rarement déçu : toujours précis, intelligents, sourcés... Il pratiquait un travail sur le fond et sur la forme qui ne saurait être remis en question.

Mais il ne suffisait pas d'avoir une jolie plume ou d'être consciencieux pour se retrouver dans ses petits papiers... le simple fait de ne pas avoir le sang suffisamment pur pouvait d'ores et déjà se révéler terriblement handicapant... S'attirer les foudres d'un membre de sa famille, ça l'était encore bien davantage. Jusqu'ici, et même s'il s'était toujours montré relativement méprisant envers Flynn, Pollux avait toujours assez bien toléré le travail du journaliste, ce ne serait bientôt plus le cas... Il avait un sens des priorités aigu, et qui ne tolérait pas que sa hierarchie soit bouleversée. Flynn Bennet pouvait potentiellement causer du tort à Dorea ? Alors Flynn Bennet devenait l'ennemi, et puisque Pollux avait le pouvoir d'y faire quelque chose, il n'avait définitivement pas l'intention de s'en priver. Il en était même hors de question. Il avait le pouvoir de rendre la vie de Bennet impossible et de le discréditer, alors il n'allait certainement pas s'en priver.

Ce fut pour cette raison d'ailleurs qu'il avait rejoint Flynn à son bureau, l'air sévère de rigueur (qu'il n'avait absolument pas à forcer car il l'affichait bien souvent, on peut le dire) fiché sur le visage. Il était temps qu'ils aient une conversation. Bennet ne comprendrait peut-être pas, mais ça n'avait que peu d'importance aux yeux de Pollux. Verser dans le népotisme ne lui posait absolument aucun cas de conscience morale, en ce qui le concernait, bien au contraire. Du moment qu'il agissait dans l'intérêt de ceux qui comptaient vraiment, la fin justifiait toujours les moyens. Et les moyens à sa disposition, puisqu'il l'avait décidé, pourraient bien se révéler illimités.

-Bennet, vous auriez un instant à m'accorder ? J'ai à vous parler.

La question était d'usage, formelle, mais bien évidemment, Flynn n'avait aucun droit de refuser. Qu'il le veuille ou non, cette conversation lui serait imposée quoi qu'il en soit. Il n'avait pas le choix.

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Recevoir la visite de son patron dans son bureau n’était en rien si exceptionnel, même si ça ne présageait pas forcément quelque chose de bon. Surtout quand il était question de Pollux Black. En soit, Flynn n’avait rien contre l’homme, mais en même temps ce dernier ne manquait pas d’être parfois vraiment difficile avec ses employés. Et plus précisément avec ses employées d’ailleurs. Il suffisait de voir comment il avait l’audace de traiter Phèdre pour le comprendre, alors que la jeune femme était une journaliste tout à fait hors paire et qu’elle n’avait de différent des autres que son sexe. Cela dit, Flynn reverrait peut-être un peu son jugement s’il devait découvrir la vérité sur la jeune femme, sur ce qu’elle avait fait contre lui, il était évident que le jeune homme ne réagirait pas de la même façon. Mais ce n’était pas la question.

Pollux Black pouvait donc se montrer particulièrement dur et il n’était pas forcément avenant envers ses employés donc. Mais jusqu’à présent, par une chance incroyable sans aucun doute, Flynn n’avait pas eu trop de souci avec l’homme en question. Malheureusement, il n’était pas dupe, ses soucis avec Charlus Potter et donc par la même avec Dorea Potter pouvaient très bien lui retomber dessus. Autant dire que quand Black venait dans son bureau dans le but de lui demander de lui parler, Flynn n’était pas toujours serein. Ça ne voulait rien dire, forcément, mais il ne pouvait pas s’empêcher de s’attendre au pire.

« Oui bien sûr. » Dit-il avec tout le respect qu’on devait offrir à son patron. Flynn était loin d’être le genre d’employé à lécher ouvertement les… parties de son employeur, mais ça n’enlevait pas le fait qu’il fallait quand même être respectueux pour la hiérarchie. « Vous avez besoin de moi pour quelque chose ? » Demanda-t-il, alors, se demandant bien pourquoi son patron avait envie de le voir.

Il espérait bien qu’il venait lui parler de son travail et pas de quelque chose de plus personnelle. Flynn ne devrait pas se montrer à ce point paranoïaque, mais en même temps, il ne pouvait pas non plus complètement ignorer le fait que cet homme était quand même le frère de celle qui avait l’intention d’adopter les mêmes enfants que son épouse et lui. Avec un peu de chance, Black ne déciderait pas de prendre parti, au fond Flynn ne connaissait pas réellement la relation entre les membres de cette famille. Il n’avait jamais vraiment pris la peine de se concentrer sur les diverses relations des familles de sang pur, même si en tant que journaliste il essayait quand même de se tenir au courant d’un maximum de chose.

Avec un peu de chance donc, ça allait être une chose tout à fait professionnelle, même si au fond, Flynn se doutait déjà de ce dont tout cela allait être question, malheureusement. Parce que c’était sans doute quelque chose qu’il attendait depuis un moment à présent, ils étaient capable de tout dans le but de les empêcher d’arriver à leur fin.

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il y avait bien une chose que Pollux ne pouvait pas reprocher à son employé (mais en vérité, il n'y avait pas grand-chose qu'il puisse reprocher à Flynn Bennett sans faire preuve d'une immense mauvaise foi - mais il n'avait pas forcément besoin de raisons si concrètes que ça pour avoir quelqu'un dans le nez), c'était sa déférence et son respect de la hiérarchie. Flynn avait toujours fait preuve d'une grande politesse à son adresse et s'était toujours montré très professionnel.

D'ailleurs, ses articles en eux-mêmes étaient toujours particulièrement irréprochables, détaillés, intelligents, sourcés, et rédigés dans un style agréable, informatif, littéraire mais pas trop. Bref, Flynn était un journaliste talentueux. Mais s'il le fallait, il remettrait tout de même ce talent en question. Il y avait des priorités à respecter et, quoi qu'il en soit, ses intérêts familiaux continueraient à passer avant son travail, même si les deux tenaient une place privilégiée dans sa vie et dans son esprit.

-A vrai dire, je voulais discuter un peu avec toi de ton dernier article... Je l'ai trouvé... très en-dessous de tes habitudes. Cela fait un moment que je fais l'impasse sur tes approximations, tes quelques erreurs et la médiocrité de ta plume, mais je ne peux plus prétendre que tu traverses une mauvaise passe et que tu vas t'améliorer. Tu m'avais habitué à mieux, beaucoup mieux que ça.

Il avait prononcé tous ces mensonges sans ciller, et il osait espérer suffisamment convaincant pour que son interlocuteur y croit lui-même. Après tout, il n'y avait pas pire juge de son propre travail, surtout quand il était littéraire, que la personne qu'il exécutait. En l'occurrence, le jeune homme n'avait rien d'un homme prétentieux, même s'il restait de ces journalistes qui s'estimaient suffisamment talentueux pour écrire ni plus ni moins qu'un roman, ce qui en disait tout de même long. Alors, avec un peu de chance, Flynn allait effectivement se remettre en question, et songer qu'il n'avait peut-être pas fourni un travail à la hauteur.

-Nous sommes le journal le plus lu des sorciers de Grande-Bretagne, nous avons une image de marque à préserver, et si je m'autorise quelques largesses avec les journalistes que j'estime les plus compétents... ce n'est vraiment plus possible. Le caresser dans le sens du poil et l'enfoncer simultanément, telle était sa méthode, et il n'avait aucune intention d'en changer. Il en avait usé plus d'une fois, suffisamment pour la savoir très efficace. J'ai cru comprendre que tu as été très... accaparé à titre personnel, ces derniers temps. Mais peu importe la nature de tes problèmes en dehors de ces ureaux, ils ne peuvent en aucun cas interférer à la qualité de ton travail, décréta-t-il d'un ton qui ne tolérait pas que ces derniers mots soient remis en question.

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Jusqu’à présent, Flynn n’avait pas eu de souci avec son rédacteur en chef. Ce dernier était sans scrupule sur certain point et clairement, le jeune homme avait conscience que par moment, il n’était pas entièrement juste (comme avec Phèdre par exemple). Mais jusqu’à présent, Flynn s’en sortait bien. Ce qui n’allait plus être le cas à présent. Flynn savait bien que Pollux Black était directement lié aux Potter, puisque la femme de Charlus ne manquait pas d’être sa sœur. Mais il considérait que la Gazette des Sorciers était un lieu parfaitement professionnel et donc que ces histoires personnelles n’allaient pas interférer avec le travail.

Black commença en affirmant qu’il avait envie de discuter un peu avec lui de ses derniers articles, ce qui était donc pleinement un sujet professionnel, ce qui lui convenait complètement. Mais Flynn tomba de haut en entendant les paroles de son patron. Cela faisait un moment apparemment qu’il faisait l’impasse sur de nombreux soucis concernant ses articles, qui n’étaient pas du tout au niveau. Flynn voulait bien reconnaître qu’il avait été quelque peu… déconcentré ces derniers temps, mais il n’avait pas considéré que cela avait touché ses articles. Mais visiblement c’était le cas. Flynn avait le sentiment d’être un adolescent en classe se faisant remonter les bretelles par un professeur mécontent de son travail et c’était particulièrement frustrant. Flynn trouvait cela injuste bien sûr, parce qu’il se donnait corps et âme à son travail, qu’il avait toujours agit avec beaucoup de sérieux quand il était question d’écrire ses articles. Mais clairement, en cet instant précis, le jeune homme était en train de se remettre totalement en question. Il aurait pu se dire que tout ça n’était autre qu’une manipulation parce que justement, Black était proche de ses ennemis qui ne manquaient pas de chercher à mettre des bâtons dans ses roues pour avoir la garde de Cenlyn et Rhian, mais non en cet instant précis le jeune homme se remettait entièrement en question. Et si son travail laissait à désirer depuis un moment maintenant ?

« Ma vie personnelle n’a jamais posé le moindre souci à mon travail. » Se défendit tant que mal Flynn, même s’il se doutait que ce n’était pas vraiment comme ça qu’il allait pouvoir arriver à quelque chose. « Je continue de travailler très sérieusement. Je ne laisse rien m’empêcher de travailler correctement. » Mais visiblement ce n’était pas suffisant puisque son travail n’était pas à la hauteur que ce qu’il devrait être. Flynn trouvait son rédacteur en chef particulièrement dur dans ses propos, puisqu’il n’allait vraiment pas avec le dos de la cuillère pour parler de son travail. Même s’il affirmait qu’il était l’un des journalistes qu’il estimait compétant, ce n’était quand même pas agréable de se dire qu’il faisait preuve de largesse et qu’il était passé au-dessus de nombreuses de ses erreurs. Il n’avait aucune envie que le rédacteur en chef passe sur ses erreurs, il avait envie d’être à la hauteur de son travail tout de même. « Qu’est-ce qui ne va pas avec mon dernier article ? »

Parce qu’il pouvait modifier ce qui n’allait pas évidemment.

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ollux était à vrai dire ravi de la réaction de Flynn, qui répondait assez précisément à ses attentes sur la question. Il tentait de se défendre, mais ses arguments étaient facilement attaquables, et Pollux y comptait. A évoluer depuis presque toujours dans un monde de requins, Pollux avait très vite acquis un sens imparable de la répartie. Pas qu'il soit irréprochable non plus, mais il savait bien souvent se prévaloir des propos des uns et des autres. Flynn affirmait que jamais ses soucis personnels n'avaient eu de répercussions sur son travail. C'était un argument facile à parer, compte tenu du fait que les principaux concernés n'étaient jamais les meilleurs juges de leur travail. Il lui ouvrait une voie pavée d'or en admettant tout de même qu'il avait des soucis personnels. Maintenant, toute la subtilité de l'affaire résudait dans le fait de faire douter sincèrement Flynn de son propre travail.

Flynn était un homme intelligent - dans le cas contraire, jamais il n'aurait été engagé à la Gazette ni n'y aurait fait carrière depuis si longtemps -, il se douterait sans doute qu'il y avait anguille sous roche, ce qui nécessitait d'autant plus de mettre l'accent sur les défauts de son interlocuteur : qu'ils soient valides ou non. Retourner le cerveau des gens était également une chose que Pollux faisait plutôt bien. Et il avait les meilleures motivations du monde pour agir au mieux : rien n'était inenvisageable quand il était question de Dorea ou, plus largement, de sa famille, pour laquelle il se sentait prêt à tout. En tout cas, Flynn acceptait de s'engouffrer dans la brèche, et il n'en fallait pas beaucoup plus à Pollux pour en profiter.

-Beaucoup d'approximations, de paraphrases inutile, un style... scolaire. Après tant d'années, je m'attendais à ce que tu aiguises un peu ta plume, mais tu te reposes sur tes acquis. Personne, en lisant l'un de tes articles, ne se dira jamais : "C'est l'oeuvre de Flynn Bennet." Je pensais pourtant que tu caressais une carrière d'écrivain... Non, tu ne prends aucun risque, tu t'endors sur tes lauriers... Et je ne peux plus vraiment me permettre d'attendre que tu te réveilles... Pollux marqua une pause, toute calculer. Si les textes que tu me rends sont vraiment, selon toi, le résultat d'un travail sérieux et correct, alors c'est alarmant. J'espérais au moins que tu aurais conscience de tes failles.

C'était dans les habitudes de Pollux. Retourner les propos et réactions d'autrui, même les mieux attentionnés, contre ses interlocuteurs. C'était comme cela qu'il estimait que l'on était susceptible de remporter un débat. Certes, ce n'était pas forcément le plus fair-play. Mais au jeu auquel il jouait en cet instant, il n'était de toute manière pas question de faire les choses à la loyal. L'essentiel était de réduire l'estime de Flynn à néant.

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Flynn était tout simplement sur le cul, ne pouvant pas à réaliser réellement ce qui était en train de se passer. L’homme avait bien conscience du fait que son rédacteur en chef pouvait par moment être un peu dur, il l’était notamment avec les femmes en ne les considérant pas vraiment à leur hauteur, mais il n’avait jamais eu de souci jusqu’à présent. Jusqu’à présent… Parce que là, très clairement, le journaliste n’avait aucune idée de ce qui était en train de se dérouler. Il avait eu par moment des remarques sur son travail bien sûr, ses articles étaient forcément relus et ça lui arrivait par moment de devoir faire quelques corrections, mais ce n’était pas à ce point. Pas à ce point du tout.

Et Flynn se décomposa petit à petit en entendant les paroles de son interlocuteur, alors qu’il mettait le doigt sur tout ce qui n’allait pas dans son dernier article. C’était Flynn qui avait demandé quel était le souci avec son dernier article, mais le jeune homme devait bien avouer qu’il ne s’était pas vraiment attendu à entendre tout… tout ça en fait. Jamais il n’avait entendu tout ça sur son travail. Flynn avait conscience que son travail n’était pas forcément parfait non plus, il se doutait qu’il y avait parfois des soucis et qu’il pouvait s’améliorer. Mais en même temps, il ne pensait pas que ça serait à ce point complet.

« Je… » Flynn avait envie de dire quelque chose forcément dans le but de se défendre, mais en même temps il ne savait pas réellement comment se défendre de tout ce que l’homme lui disait. Il y avait beaucoup trop d’information pour qu’il puisse se défendre, pour qu’il puisse prendre point par point tout ce qui n’allait pas afin de contredire son interlocuteur. Surtout qu’on ne pouvait pas vraiment contredire son patron, c’était difficile. Surtout avec un patron comme Pollux Black. « Je… je ne m’attendais pas à tout ça. » Il avait envie de défendre son travail et affirmer qu’il travaillait sérieusement, qu’il faisait des efforts, qu’il était sérieux… Mais s’il disait ça, et que son article manquait cruellement de sérieux, alors ça signifiait qu’il n’était pas à la hauteur. Flynn se sentait pris au piège au final, s’il se défendait en affirmant qu’il se donnait du mal et qu’il travaillait dur, ça signifiait qu’il n’était pas capable de faire son travail correctement. Il n’avait donc pas vraiment d’autres choix que d’accepter le fait qu’il avait des failles, même si c’était sincèrement difficile de le faire. « Je vais faire vraiment attention, travailler beaucoup plus dur pour être à la hauteur. Je ne laisserais plus aucune faille. »

C’était trop facile à dire sans doute et pas facile à mettre en place. Mais Flynn avait l’intention de faire en sorte de rattraper ses erreurs et faire ses preuves. Faire encore ses preuves. Il ne pensait pas avoir besoin de le faire encore, mais sans doute que son rédacteur en chef avait raison… il se reposait sur ses lauriers et ne travaillait pas comme il fallait.

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ollux voyait progressivement le visage de son interlocuteur se décomposer. Et bien loin de compatir ou même d'avoir quelque remords, il y trouvait une certaine satisfaction, à vrai dire. Bien sûr, il avait été de mauvaise foi l'instant précédent, Flynn Bennet était un bon journaliste et un bon écrivain, mais il lui suffisait de penser à sa soeur et à tous les efforts qu'elle et son mari déployaient afin d'adopter les neveu et nièce de Charlus pour que le moindre scrupule se dissipe immédiatement. Flynn était en train de payer le prix de ses décisions déplorables et de ses choix plus que douteux. C'était ainsi. Et encore, ce n'était que le début de la dégringolade... Pollux venait de donner une première impulsion, mais son employé n'avait pas encore touché le fond. Cela allait advenir incessamment sous peu.

-C'est en partie ce que je te reproche, répondit le directeur en chef de La Gazette du sorcier quand Flynn affirma qu'il ne s'attendait pas à la salve de reproches qu'il venait de recevoir - c'était bien là le but de la manoeuvre, il faut dire. Tu devrais être capable de constater tes faiblesses sans qu'on te les pointe du doigt, sans quoi comment espères-tu t'améliorer ?

En vérité, la question ne se posait pas, ne se posait plus. Il n'y avait plus aucun espoir d'amélioration pour Flynn Bennet. Il n'était plus du tout question de cela, il était question pour ce dernier de se reconvertir, car dans le milieu du journaliste, peu importe ses efforts et peu importe le talent qu'il serait capable de déployer, il serait définitivement grillé.

-C'est trop tard, Flynn. Je t'ai laissé suffisamment d'opportunités de te distinguer. Il n'est plus question de te donner une nouvelle chance.

Non, cette conversation n'était pas une remise à l'ordre, loin de là. Il n'était pas là pour tirer les oreilles du cancre de la classe en espérant que cela lui servirait de leçon. Il comptait prendre une décision et des mesures radicales, c'était de cela qu'il était question. Et Flynn, s'il ne l'avait pas encore compris, allait le réaliser très vite, car il avait bien l'intention de se montrer aussi ferme et précis que permis sur la question

-Tu es renvoyé. Tu peux récupérer tes affaires et t'en aller.

Voilà qui était dit, et Pollux trouvait cela hautement satisfaisant. Au cours de sa carrière, il avait viré plus d'un journaliste (surtout des femmes qui, passé un certain âge, n'avaient vraiment aucune chance de l'intéresser encore), mais le renvoi de Flynn avait quelque chose d'un peu plus grisant. Parce qu'il savait quel pouvait bien être l'enjeu là-derrière, il devinait quelle serait la réaction de Dorea quand elle apprendrait la nouvelle, et cela suffisait à son bonheur.

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Flynn avait bien sûr conscience qu’il était loin d’être parfait dans son travail – et il pouvait aussi reconnaître que dernièrement, il avait peut-être eu un peu trop la tête ailleurs –, il était d’accord sur le fait qu’il était important d’avoir bien en tête ses faiblesses dans le but de les améliorer, mais… eh bien, il ne s’était définitivement pas attendu à cet amas de reproche. Ce que son rédacteur en chef lui reprochait d’ailleurs, de ne pas l’avoir constaté comme il le fallait et donc de ne pas être capable de réaliser ses erreurs pour ensuite s’améliorer. Le journaliste tombait de haut, très clairement, il ne savait pas vraiment comment réagir à tout cela en dehors de ce qu’il avait déjà fait… du fait qu’il allait tenter de faire au mieux, de s’améliorer et de trouver des solutions.

Mais… visiblement son sort était déjà scellé. La surprise fut encore plus grande quand Flynn entendit son patron affirmer que c’était trop tard, qu’il lui avait laissé suffisamment de temps pour se distinguer et qu’il ne pouvait plus rien attendre de lui donc. Et la surprise fut comme un coup de massue que l’homme se reçu sur le crâne quand il entendit Pollux Black lui dire très clairement, très directement… très calmement même, qu’il était viré et qu’il pouvait donc récupérer ses affaires. Non, c’était impossible. Il fallut plusieurs secondes pour réaliser réellement les paroles de son patron, pour se rendre à l’évidence qu’il avait bel et bien entendu les mots de l’homme et qu’il ne se trompait, qu’il était viré. Comme ça… Il avait déjà vu Pollux virer des journalistes, il savait que l’homme pouvait se montrer impitoyable et clairement injuste dans ses décisions. Mais, il pensait qu’il aurait pu se rendre compte de quelque chose si ça péchait dans son travail.

« Pardon ? » Ce fut le premier mot qu’il fut capable de prononcer, trop envahi par la surprise de la situation. Pardon oui… il n’en revenait pas, il ne comprenait pas ce qui était en train d’arriver.

Enfin pendant un temps, puisque soudainement ce fut comme une lueur qui éclata dans son esprit. Pollux Black était en train de le virer, sans qu’il n’ait vu quoi que ce soit, sans qu’il ne se doute de quoi que ce soit. Il remettait en cause son travail, ce qui était possiblement légitime, mais il lui faisait des reproches qu’il n’avait jamais entendu dans sa vie, des reproches qu’il ne pensait pas entendre un jour. Flynn avait le sentiment que ça tombait de nulle part, que ça arrivait comme ça, d’un coup… et justement, ce n’était peut-être pas sans raison finalement. Mais ça n’avait peut-être pas de rapport avec son travail en lui-même.

« Vous êtes certain que vous avez l’intention de vous débarrasser de moi simplement à cause de mon travail ? » Demanda-t-il alors, reprenant un peu ses esprits et pensant comprendre ce qui était en train d’arriver. « Cela n’aurait aucun rapport personnel par hasard ? »

Pour l’évincé de la course à l’adoption… puisqu’il se battait contre la sœur de son patron.

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l'évidence, Bennet ne voulait pas croire dans la situation qui lui tombait dessus, mais cela importait bien peu à Pollux. Le patron de la Gazette comptait bien se montrer ce qu'il y a de plus intransigeant, et quand bien même il aurait préféré que son interlocuteur s'en aille sans demander plus de compte à son patron, c'était malgré tout sans importance. Il savait y faire pour remettre ses pairs à leurs places, et ce ne sera pas la première fois qu'il abusera de ses fonctions pour faire selon son bon vouloir. Oui, la carrière de son interlocuteur était finie, et s'il ne voulait pas qu'il l'enfonce encore davantage (ce qui restait tout à fait préférable, il était définitivement préférable qu'il n'en rajoute pas une couche supplémentaire, il aurait de quoi le regretter fortement). Lui comptait simplement l'évincer dans l'affaire qui opposait sa soeur et son beau-frère au couple que l'homme formait avec Caelan pour la garde des enfants Potter, au-delà de ça, son sort l'intéressait bien peu. Alors mieux valait ne pas aller chercher trop loin, dans un sens qui deviendrait très certainement déplaisant.

-Je ne vous savais pas à ce point imbu de votre personne, répondit Pollux en jaugeant son interlocuteur avec mépris. A présent qu'il n'était même plus un de ses employés, l'homme revêtait encore moins d'intérêt à ses yeux. Oui, il se débarrassait de lui comme d'une vieille chaussette, sans remords ni scrupules : il l'avait forcément mérité, d'une manière ou d'une autre. Je vous ai exposé les raisons de votre renvoi, libre à vous de vous croire trop exceptionnel pour les estimer justifiées.

Oui, bien sûr, c'était faire preuve d'une grande mauvaise foi que de prétendre que l'aspect personnel de la situation ne motivait pas son choix, mais sans hypocrisie, Pollux n'aurait certainement pas atteint les plus hautes sphères du monde des sorciers. Il avait su tirer son épingle du jeu, ni plus ni moins. Si Flynn, de son côté, n'avait pas été capable de tirer les bonnes cartes au bon moment, il ne devait s'en prendre qu'à lui-même. De son côté, le patron de presse n'avait pas la moindre intention de s'en excuser, encore moins de s'en justifier davantage. Certes, il pourrait redouter que son interlocuteur l'attaque pour renvoi abusif, mais lui-même devait savoir que ça ne le placerait pas dans la meilleure des positions.

-En attendant, je vous ai demandé de prendre vos affaires et de vous en aller, et vous êtes encore là.

Il croisa les bras. Flynn Bennet était en train d'empiéter sur son temps, et son temps était précieux. Il n'avait clairement pas envie de tergiverser trop longtemps concernant une décision qui dans tous les cas était irrévocable. Oui, Flynn était renvoyé, et il ne pouvait rien y faire. Alors qu'il se rende service et débarrasse le plancher.

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Quoi que Pollux pouvait bien répondre en cet instant précis, ne changerait rien à ce que pensait Flynn. C’était évident, s’il se trouvait dans cette situation en cet instant précis, c’était bien à cause de l’affaire qui l’opposait aux Potter. Le journaliste n’était pas idiot, il avait évidemment eu peur de recevoir des conséquences sur son travail (et il avait déjà remarqué des signes avant), parce qu’il se retrouvait confronté au beau-frère de son patron et qu’il savait parfaitement comment était ces grandes familles de sang pur. Il y avait songé, mais cela ne l’empêchait pas de tomber sur les fesses quand même maintenant. Black décidait de le virer purement et simplement, en invoquant de fausses excuses en rapport avec son travail, mais Flynn n’y croyait pas une seule seconde. Oh, il pouvait très bien y avoir des choses à lui reprocher dans son travail, le jeune homme avait conscience qu’il n’était clairement pas parfait et qu’il pouvait faire de nombreuses erreurs, mais il savait que ce qu’il venait d’entendre n’étaient que de fausses excuses.

Mais Pollux niait évidemment. Libre à lui de se croire trop exceptionnel hein ? Flynn avait envie de rétorquer une tonne de chose, mais en même temps il savait qu’en réagissant trop vivement, ça n’allait pas l’aider dans l’affaire contre les Potter. Cette affaire n’était déjà pas gagnée d’avance, parce que leurs adversaires mettaient beaucoup de chose de leur côté, comme le fait que lui n’aurait pas de travail fixe par exemple afin de subvenir aux besoins de ces enfants. Écraser les autres pour parvenir à leur fin, c’était bien le genre de comportement de ces grandes familles de sang pur. Flynn ne devait pas rentrer trop dans le jeu, il ne devait pas envenimer les choses. De toute façon, il ne pouvait pas faire grand-chose pour son poste, c’était évident qu’il n’avait aucun recours possible. Black décidait de le renvoyer, il ne pouvait rien faire contre ça.

« Soit. » Répondit-il, les dents serrées, quand l’homme mentionna le fait qu’il lui avait demandé de prendre ses affaires et de s’en aller, mais qu’il était encore là. Il n’avait pas le choix de toute façon, il ne pouvait envisager aucun recours concernant la décision de son patron. À moins de voir quelqu’un d’autre à la Gazette des Sorciers, il ne pourrait pas envisager d’y remettre les pieds. Quelle humiliation… En espérant que Black se contente de lui mettre des bâtons dans les roues qu’au niveau de la Gazette des Sorciers, et pas ailleurs… Flynn se mit donc à ranger ses affaires, parce qu’il n’avait définitivement aucun autre choix, même si ça le tuait de devoir se rendre ainsi. « Mais sachez qu’avec ou sans travail, ça ne changera rien à ma motivation. Si vous voulez bien faire passer ce message à votre beau-frère. »

Il pourrait dire ce qu’il voulait, rien ne changerait l’avis de Flynn. Tout avait forcément un rapport avec les jumeaux, mais il était prêt à prendre tous les risques possible pour eux.

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S'attirer les foudres des mauvaises personnes.

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ollux afficha un sourire satisfait quand son interlocuteur répondit par un simple "Soit". Il ne cherchait même plus à défendre ses intérêts, et s'il était si évident de le faire capituler dans ce contexte, Pollux avait envie de croire qu'ils réussiraient aussi à le faire capituler dans d'autres formes de situations encore, et c'était bon signe, assurément, pour sa famille et pour l'avenir de cette dernière. Bien sûr, il n'aurait servi à rien pour Flynn de protester plus largement, cela n'aurait certainement pas empêché le patron de la Gazette de le virer quoi qu'il en soit, mais il était appréciable de constater le peu d'esclandre que faisait son interlocuteur. A ses yeux, c'était un signe de lâcheté, et c'était révélateur du genre d'homme qu'il était. A partir de là, sans doute n'y avait-il pas à s'inquiéter de lui quoi qu'il en soit. Non pas qu'il s'en inquiétait réellement dans tous les cas. Le priver de son poste n'était pas tant une manière de le menacer que de le mettre à terre, et de réduire à néant le peu d'arguments dont il disposait encore pour faire valoir des droits qui de toute manière ne sauraient convenablement être légitimés aux yeux de Pollux.

-Je ne suis pas un hibou, si vous avez un message à faire passer à mon beau-frère, vous pourrez tout à fait vous adresser à lui de vous-même, il sera sans doute aussi indifférent à vos jérémiades que je ne le suis moi-même, reprit-il qui se moquait bien, en réalité, que son interlocuteur continue de se battre ou non pour la garde d'enfants qui de toute manière n'étaient pas les siens.

S'il poursuivait sur sa lancée, il ne ferait que s'humilier, à ce stade, et pleinement conscient de cela, Pollux ne pourrait presque que l'encourager à crier avec véhémence qu'il lutterait éternellement contre ces fichus moulins à vent.

-Bonne chance dans votre recherche d'emploi, reprit Pollux de manière très hypocrite, et qui n'avait aucune forme d'intention, bien sûr, de rentrer dans son jeu ou même de faire mine de prêter ne serait-ce qu'un semblant de valeur à un discours qui ne le concernait quoi qu'il en soit indirectement. Vous en aurez grand besoin, reprit-il en le pensant sincèrement, car il avait bien l'intention de faire à son interlocuteur une réputation si pitoyable qu'espérer après une quelconque embauche après cela serait de l'ordre du parcours du combattant.

Pollux Black avait le bras long, et il avait la ferme intention de le prouver au moment d'intervenir pour briser définitivement la carrière de celui qui n'était jamais qu'un gêneur dont il fallait savoir se débarrasser d'une pichenette, d'une façon ou d'une autre.

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S'attirer les foudres des mauvaises personnes. (Pollux)

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