L'identité de chacun d'entre nous dépend de l'enchaînement des reconnaissances et de sa stabilité dans le temps. (Lysandre)

L'identité de chacun d'entre nous dépend de l'enchaînement des reconnaissances et de sa stabilité dans le temps.

Aaron ne savait vraiment pas comment ça se faisait qu'il soit encore en vie et pourtant, il était bel et bien en vie. On l'avait mis dans un horrible état, mais ça n'enlevait pas le fait qu'il était en vie. Le jeune homme comprenait simplement qu'il était là comme une sorte d'avertissement, qu'il puisse prévenir son maître que celui qu'il avait fait semblant de suivre était parfaitement au courant de son rôle, qu'on l'avait dévoué.

Le jeune homme se sentait mal, mal de ne pas avoir été capable de garder sa couverture plus longtemps, mal de ne pas voir pu être digne de la confiance de Ignatius. Il ne supportait pas sa condition, le fait d'avoir été si faible. Le fait d'avoir parlé surtout, il n'avait pas pu faire autrement même s'il avait essayé de résister. C'était qu'en thème de torture, l'homme qui s'était occupé de lui n'avait pas manqué d'être doué. Le jeune homme ne savait pas exactement ce qu'il allait devenir donc. Mais au moins, il était encore en vie. En attendant, Aaron avait le sentiment de devenir quand même sacrément parano, il avait peur de tout, peur de retomber dans la torture. Mais il ne pouvait pas non plus complètement s'arrêter de vivre, il devait juste… Ne pas faire de vague.

Aaron avait profité d'une invitation de sa tante pour se mettre un peu au vert, au moins pour une journée. Ses cousines n'étaient pas là, il n'y avait que sa tante et son oncle, qui en priment ne manquaient pas d'être occupé par leur ferme. Tant mieux, le jeune homme devait bien avouer qu'il avait quand même envie d'être un peu seul. Non pas que la présence de sa famille soit un souci, mais il avait juste besoin de respirer. Surtout qu'il devait constamment mentir, en affirmant qu'il avait eu un accident pour justifier les marques qu'il y avait encore sur son corps suite à la torture de ce Mangemort. Il avait eu officiellement un accident, mais il n'aimait vraiment pas mentir. Mais il n'avait pas le choix.

Il était passablement en train de glander, sirotant un thé que sa tante lui avait servi avant de devoir vaquer à ses occupations, quand la porte de la maison s'ouvrit, sur l'une de ses cousines.

« Salut Lysandre. » Se contenta-t-il de dire.

C’était bel et bien Lysandre, même si les jumelles se ressemblaient, elles étaient suffisamment différentes pour qu’il soit facile de les reconnaître et de les différencier, même pour Aaron qui n’avait pas non plus l’habitude de les voir. D’ailleurs, la dernière fois qu’il avait vu ses cousines ça devait être l’année présente et encore, il n’était même pas sûr d’avoir croisé Lysandre.

Et il était bien loin de se douter que sa jeune cousine avait décidé d’avoir une vie plutôt mouvementé de son côté également, et qu’elle avait su bien plus de chose à son sujet qu’il ne pouvait une seule seconde l’envisager.

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Il était rare que Lysandre rentre chez ses parents le week-end, mais en même temps, jusqu'à il y a peu, se rendre chez les Farnsworth demandait un temps et une énergie qui rendaient le voyage presque plus long que le séjour. Maintenant, quelque chose avait changé. Depuis la fin de l'été, Lysandre avait obtenu son permis de transplaner, ce qui lui facilitait tout de même largement la tâche.

Ce n'est pas pour autant qu'elle avait l'intention de rentrer tous les week-ends non plus, mais c'était agréable de pouvoir avoir cette option, surtout qu'elle avait souvent le "mal du pays". Surtout depuis la rentrée, en fait. Pas mal de ses repères avaient été chamboulés, et ça lui faisait du bien d'aller à la ferme, de passer un peu de temps avec ses parents, de se balader sur la plage de l'île.

Ce n'était pas pour cela, malgré tout, qu'elle avait décidé de faire le déplacement, cette fois. Ses parents, dans le dernier courrier qu'ils lui avaient envoyé, lui avaient appris que son cousin, Aaron, serait de passage à la ferme. Et elle devait le voir.

Lysandre avait copieusement évité son cousin dernièrement... Ce n'était pas difficile, en même temps, ce n'est pas comme s'ils se voyaient très souvent... Mais ce n'était pas pour ça. Elle savait, ou elle avait cru savoir, que le jeune homme était un mangemort. Ca lui avait brisé le coeur mais elle avait préféré jouer la carte de l'ignorance plutôt que de le confronter directement, ça aurait été beaucoup trop dangereux.

Sauf qu'il s'avérait que Aaron était en fait un traître. Pour qui et pour quoi, elle n'en savait rien, mais quoi qu'il en soit, il ne faisait donc pas partie des mangemorts, et pour Lysandre, ça avait été un soulagement. Peut-être qu'elle ne s'était pas totalement trompée au sujet de Aaron, en fin de compte ? Ce qu'elle retenait de ce qui avait été rapporté aux Résistants, c'était que le jeune homme avait été passé à tabac, et qu'il avait de la chance d'être encore en vie. Alors, évidemment, elle n'avait pu s'empêcher de saisir l'occasion qui lui avait été donné de le voir.

Raison pour laquelle elle était rentrée à la ferme. Après un rapide "bonjour" à ses parents qui étaient en train de travailler, elle pénétra dans la maison, où Aaron se trouvait effectivement.

"Salut..." Elle hésita. "Tu as l'air d'aller bien..."

En tout cas, il n'était pas odieusement défiguré et il semblait avoir encore tous ses membres. Pour elle, c'était un bon début.

L'identité de chacun d'entre nous dépend de l'enchaînement des reconnaissances et de sa stabilité dans le temps.

Aaron afficha un léger sourire quand sa cousine le salua à son tour. Cela faisait un moment que Aaron n’avait pas eu l’occasion de voir Lysandre – cela dit, c’était un peu la même chose pour Melody aussi –, il fallait dire qu’il ne pouvait pas passer non plus énormément de temps ici et qu’il avait quand même été particulièrement occupé ces derniers temps. Encore plus ces encore derniers temps où il n’avait évidemment pas du tout été en mesure de voir quiconque. Cela remontait donc, depuis la dernière fois qu’il avait vu sans cousine, sans que le jeune homme ne soit capable de se douter de ce qu’elle savait de lui. À aucun moment Aaron ne se doutait que sa cousine cherchait à arrêter les mêmes personnes que lui (quand bien même ça ne faisait pas d’eux des personnes appartenant au même camp non plus). Qu’elle avait été mise au courant de son statut de mangemort et de son récent statut de traitre.

Il était donc loin de se douter qu’elle était au courant de tout ça quand elle reprit la parole, pour affirmer qu’il avait l’air d’aller bien. Aaron avait conscience qu’il s’en sortait très bien, qu’il avait eu énormément de chance d’être encore en vie. D’ailleurs, il ne comprenait même pas comment il avait pu être encore en vie maintenant. Physiquement, son corps avait fini par se remettre de tout ça et il n’avait plus autant les traces de son passage à tabac. Il y en avait bien encore, mais il parvenait à les dissimuler. Donc, il pouvait avoir l’air d’aller bien, ce qui n’était pas pour autant vraiment le cas. Parce qu’en réalité, il n’allait pas si bien que cela, pour diverses raisons.

« Je me porte plutôt bien. » Répondit-il, quelque peu mal à l’aise, même s’il tentait du mieux qu’il pouvait de le cacher. Le jeune homme reprit rapidement la parole, dans le but d’éviter de laisser un silence un peu gênant. « Et toi ? Comment tu vas ? Ça se passe bien à Poudlard ? »

Ils n’avaient pas eu la possibilité de se voir depuis un moment, autant dire que Lysandre pouvait potentiellement avoir pas mal de chose à raconter à son sujet. Aaron espérait en tout cas qu’elle avait énormément de chose à dire à son sujet, histoire qu’ils n’aient pas besoin de se focaliser sur le sien. C’était compliqué d’avoir des mensonges à longueur de temps, de devoir tout cacher à tout le monde. Et même s’il pouvait partager ses affiliations à certaines personnes, il y avait toujours des choses qu’il se devait de cacher et ça n’avait rien d’agréable du tout. Du moins, il avait un peu de mal à gérer tout ça. Ce qui était quand même grave pour un espion… sauf que la preuve, il avait été découvert donc on ne pouvait pas réellement dire qu’il avait réussi dans sa tâche d’espion. Au contraire, il avait échoué, pour son plus grand malheur.

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« Je me porte plutôt bien. »

Lysandre regrettait la réponse de son interlocuteur, elle ne lui en voulait pas de lui mentir, mais ça lui faisait du mal qu'il le fasse malgré tout, surtout alors que le sujet était aussi grave. Il avait été passé au tabac, il avait dû terriblement souffrir, et il faisait comme si tout allait bien dans le meiilleur des mondes, comme si tout était pour le mieux.

Elle espérait quand même qu'ici et maintenant, il allait tout de même un peu bien, parce qu'il allait mieux, mais même si c'était le cas, ça ne changerait rien au fait qu'il avait vécu une épreuve douloureuse, et que la suite ne promettait pas forcément non plus d'être très heureuse.

« Et toi ? Comment tu vas ? Ça se passe bien à Poudlard ? »

Poudlard, hein ? Ici et maintenant, ça lui semblait être une considération totalement superficielle. Pourtant, elle était très attentive à ses études, elle tenait à obtenir les meilleurs résultats possibles (surtout maintenant qu'elle caressait le désir de devenir Auror), mais tout ce qui semblait de l'ordre du quotidien paraissait très abstrait, voire sans intérêt.

Sans comparaison avec les problèmes véritables, aux maux vrais de ce monde, ceux dont Aaron avait été la victime, parce qu'il avait choisi d'emrpunter une voix complexe et douloureuse.

"Bien, oui", répondit-elle sans entrer dans les détails. Il serait totalement absurde de passer par ce genre d'explications. Elle ne se voyait pas lui parler de ses difficultés en arithmancie ou des professeurs qu'elle appréciait ou n'aimait pas. "Ecoute..."

Elle n'y tenait pas. Il fallait qu'elle s'exprime, il fallait qu'elle avoue, car dans le cas contraire, elle allait simplement bouillonner intérieurement. Elle avait besoin de lui parler, à coeur ouvert, de toute cette situation, même si ça pouvait être la dernière chose qu'il souhaitait, même si c'était peut-être se compromettre (même si elle n'avait pas l'intention de toucher même un seul mot à Aaron au sujet de la résistance, même si c'était faire deux poids deux mesures.

"Je sais ce qui s'est passé... Je sais ce qui t'es arrivé."

Voilà qui était fait, voilà qui était dit. Maintenant, elle espérait qu'il ne jouerait pas les ignorants, avec elle, même si c'était assez probable, il aurait intérêt à le faire pour se protéger lui-même, même si ça l'affectait vraiment.

L'identité de chacun d'entre nous dépend de l'enchaînement des reconnaissances et de sa stabilité dans le temps.

Aaron avait bien envie que sa cousine se lance tout simplement dans une tirade sur sa scolarité à Poudlard, qu’elle lui parle de ses soucis d’adolescente, du fait qu’elle avait des problèmes avec sa sœur (ce que la sœur lui avait dit de son côté), qu’ils se contentent donc d’avoir une conversation légère. Ça lui ferait du bien de pouvoir penser un peu à autre chose qu’à tout ce qui tournait dans son esprit, du fait qu’il avait trahit la confiance de son maître, mais surtout qu’il était en danger et qu’il avait peut-être mis sa petite amie en danger. Il avait envie de penser un peu à autre chose. Mais quand sa cousine répondit à sa question, elle se contenta simplement de répondre que ça se passait bien. Juste ça. D’accord. Aaron n’était pas forcément le jeune homme le plus sociable, même avec sa famille et particulièrement avec ses cousines, il était quand même sacrément mal à l’aise. Autant dire qu’il ne fallait pas forcément compter sur lui dans le but de relancer une conversation.

Elle reprit cependant la conversation par un « écoute », qui ne présageait pas forcément quelque chose de bon. Aaron ne se souvenait pas d’avoir entendu quelqu’un dire une fois ça sans poursuivre avec quelque chose de vraiment déplaisant. Cela dit, il ne s’était pas du tout attendu à ce qu’elle lui lance la bombe qu’elle lui lança. Elle savait ce qui s’était passé, elle savait ce qui était arrivé, ce qui lui était arrivé. Aaron sentit un frisson parcourir son échine de… eh bien, de peur. Il se demandait comment sa cousine pouvait bien être au courant de tout cela. Elle n’était pas une mangemort, il le saurait si c’était le cas, mais en même temps il y avait un tas d’ancien élève de Poudlard dans les rangs de Voldemort (l’un des principaux soucis des mangemorts d’ailleurs, ce n’était au fond qu’une bande de gamin). Alors, peut-être qu’elle était amie avec l’un d’entre eux ?

Forcément, Aaron eut envie de prime abord de nier, de se contenter de jouer les innocents parce que c’était forcément la meilleure attitude à avoir. Afin de se protéger lui-même bien sûr, il n’avait aucune envie qu’on lui retombe dessus, il n’avait absolument aucune envie que qui que ce soit découvre ce qu’il faisait et pour qui il travaillait. Sinon, il n’y aurait pas que les mangemorts pour lui tomber dessus, mais le ministère de la magie aussi. Alors il hésita à le faire… pour finalement répondre autre chose.

« Co… comment tu sais ? » Demanda-t-il finalement.

D’accord, ce n’était pas forcément prudent, mais quelque chose lui disait que s’il niait, ça n’allait pas forcément marcher non plus. Lysandre ne lui avait pas donné le sentiment de douter de ses informations, elle avait quand même affirmé qu’elle savait ce qui était arrivé. Donc jouer les innocents ne le mènerait nulle part, mais en même temps découvrir comment elle l’avait découvert peut-être beaucoup plus quand même.

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« Co… comment tu sais ? »

Lysandre avait craint que son cousin décide de nier et de prétendre qu'elle affabulait ou quoi que ce soit du genre. Elle ne pourrait pas réellement avoir de conversation à coeur ouvert, car il y avait des choses qu'elle ne pourrait pas lui dire. Mais elle avait besoin de comprendre, de comprendre réellement de quoi il retournait exactement. Elle avait l'impression de se retrouver face à un étranger, et elle détestait profondément cette sensation. Elle l'avait trop souvent. Celle de ne rien maitriser.

Elle savait, oui, mais évidemment, elle ne pouvait pas lui dire comment. Elle ne pouvait pas prendre le risque de trahir la résistance, d'autant qu'elle ne savait pas exactement à quel camp appartenait Aaron. D'accord, il n'était pas un mangemort, et c'était un soulagement à ses yeux. Mais qui sait ce qu'il était venu faire dans cette galère, et ce que cela pouvait bien signifier exactement.

Elle allait donc, évidemment, lui donner une réponse totalement incomplète. Mais elle espérait que de son côté il serait plus bavard. Ce n'était pas donnant-donnant, mais dans tous les cas, elle comptait bien assister jusqu'à obtenir une réponse qui parvienne à la satisfaire.

"Ce n'est pas important", comment je l'ai appris, répondit-elle alors tout en sachant bien que pour Aaron, ça le serait forcément, car ça signifiait que des personnes qu'il ne soupçonnait pas étaient au courant de sa situation, ce qui pourrait bien avoir des conséquences désastreuses sur lui. Mais elle ne trahirait pas l'existence de la Résistance pour saluer sa curiosité. "Je suis heureuse que tu sois encore... parmi nous. Ce que je ne comprends pas, c'est ce que tu faisais avec eux pour commencer."

Et elle ne savait pas ce qu'elle allait faire de cette information ou comment elle saurait y réagir. Cette situation prouvait que toutes les personnes que l'on pensait connaître pouvaient dissimuler des secrets qu'on ne pourrait pas soupçonner. Elle espérait que Aaron accepterait de lui en dire plus, tout en sachant qu'il serait difficile d'exiger plus de transparence de sa part en ne lui en disant pas suffisamment de son côté.

Lysandre était partagée entre la curiosité, l'inquiétude légitime, et une plus grande peur. Elle ne savait pas quoi penser de l'homme qui se trouvait en face de lui.

L'identité de chacun d'entre nous dépend de l'enchaînement des reconnaissances et de sa stabilité dans le temps.

Ce n’était pas important comment elle le savait, Aaron ne pensait pas du tout la même chose. Le jeune homme considérait vraiment que c’était important, ce n’était pas rien quand même qu’elle soit au courant de ce qui était arrivé, du fait qu’il était un mangemort (avant, bien sûr, parce que ce n’était plus le cas maintenant). Sa cousine était au courant, c’était qu’elle avait dû l’apprendre d’une manière ou d’une autre, or de ce qu’il savait, elle ne faisait pas parti des mangemorts. Franchement, le jeune homme considérait vraiment que c’était important, mais sa cousine n’avait visiblement pas l’intention de lui en dire plus.

Mais dans tous les cas, le jeune homme n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit que Lysandre reprenait en affirmant qu’elle était heureuse qu’il soit encore en vie – forcément, il appréciait quand même d’entendre ces mots –, mais qu’elle ne comprenait pas ce qu’il faisait avec les mangemorts pour commencer. Aaron n’était pas réellement sûr d’avoir envie de se pencher un peu plus sur les raisons qui l’avaient poussé à se retrouver dans une telle situation avec sa cousine, surtout qu’elle ne lui disait rien de son côté sur la manière dont elle avait découvert la vérité.

« C’est comme ça, j’ai… » Aaron marqua une pause, il ne savait pas du tout comment expliquer les choses. Il n’était même pas sûr d’avoir envie de s’expliquer non plus. « J’ai mes raisons. Tu dois bien te douter desquelles. »

Il ne disait rien donc, mais il ne pensait pas avoir besoin de dire quoi que ce soit. Il n’avait pas à se justifier auprès de sa cousine, surtout si en prime elle ne disait rien de son côté sur comment elle avait obtenu cette information. Il se doutait bien qu’elle ne comprendrait pas forcément ses motivations, parce qu’ils n’avaient pas forcément les idées de la même manière. Sans que Aaron ne soit capable de se rendre compte que Lysandre avait décidé d’ailleurs de combattre tout ce qu’il était lui de son côté, même s’il n’était pas un mangemort, qu’il n’était plus un mangemort. Mais si Aaron avait décidé de combattre Voldemort, ça ne voulait pas dire qu’il ne partageait pas une grande partie des idées des mangemorts. Ce n’était pas pour rien qu’il se trouvait dans tout ça, il avait envie de changer ce monde, il avait des pensées bien arrêté. Ce n’était pas quelque chose dont ils parlaient avec sa famille généralement, il fallait dire que les Farnsworth n’étaient clairement pas aussi radicaux que certains des grandes familles de sorcier.

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« C’est comme ça, j’ai… J’ai mes raisons. Tu dois bien te douter desquelles. »

Voilà une explication qui n'en était définitivement pas une. La jeune femme ne pouvait pas reprocher à Aaron de ne pas se montrer plus transparent que cela, elle devait reconnaître qu'elle ne l'avait pas été non plus de son côté. Mais ils fonçaient tout droit vers un dialogue de sourds.

Est-ce que, pour s'assurer que Aaron se livre, elle devrait elle-même se livrer ? Sans doute, mais elle ne le pouvait pas. Il ne s'agissait pas seulement d'elle, il s'agissait de tout un groupe, un groupe solidaire et qui connaissait déjà ses difficultés, elle ne devait surtout pas les trahir... Il valait encore mieux qu'elle ne sache rien sur son interlocuteur plutôt que de trop en dire sur elle-même.

Elle hésita. Elle n'avait pas envie d'en rester là malgré tout. Elle avait besoin d'essayer de dénicher la vérité. Elle ne savait pas trop ce qu'il en était, elle ne savait pas trop ce qu'il accepterait de lui dire, mais elle ne pouvait pas se contenter de cette seule réponse, définitivement pas.

"Ben... pas vraiment, en fait."

Il avait ses raisons, d'accord, mais ça pouvait être tout et n'importe quoi, en fin de compte. Il pouvait avoir soif de justice et avoir voulu jouer les cavaliers seuls, ce qui signifierait donc qu'il pourrait faire une très bonne recrue pour la Résistance.

Il pouvait avoir été convaincu par le discours des mangemorts et avoir choisi ensuite de leur tourner le dos en comprenant leurs méthodes ? Elle espérait que cette situation n'était pas la bonne. La jeune femme n'était pas prête à accepter l'idée que son cousin puisse être ce genre de monstre, vraiment pas.

"T'as jamais été de leur côté, n'est-ce pas ? Tu crois pas en leurs idées tordues, pas vrai ?"

Au final, cela lui importait plus que de savoir pour qui il pouvait bien travailler. Elle avait besoin de savoir ce qu'il en était réellement, elle avait besoin de comprendre ce qui l'avait motivé, et elle avait peur qu'une part de cette motivation soit trop obscure, trop dangereuse pour être acceptée comme telle. Elle ne savait pas comment elle réagirait selon la réponse de son cousin. Même si c'était inévitable.

L'identité de chacun d'entre nous dépend de l'enchaînement des reconnaissances et de sa stabilité dans le temps.

Les explications de Aaron ne semblaient pas suffir à Lysandre. En soit, le jeune homme n’avait pas spécialement envie de devoir se justifier et expliquer précisément les raisons qui l’avaient poussées à suivre les mangermorts (même si ce n’était pas vraiment eux qu’il suivait bien sûr). Il n’avait aucune envie de devoir se justifier auprès de la jeune femme, même s’ils étaient de la même famille. Le jeune homme appréciait sincèrement Lysandre, mais il semblait évident qu’ils n’avaient pas la même vision du monde, sinon sa cousine ne lui aurait pas dit qu’elle ne comprenait pas ce qu’il faisait avec eux dans un premier temps. Si elle ne comprenait pas, c’était qu’elle n’avait pas la même vision du monde que lui. Est-ce qu’il en était étonné ? Pas réellement en vérité, pour la simple et bonne raison que la jeune femme lui donnait le sentiment d’être une « bonne » personne et qu’on ne pouvait pas non plus dire que sa famille défendait corps et âme la pureté du sang. Du moins, pas comme certaines personnes, pas comme les choses auraient pu se passer pour sa mère.

Est-ce qu’il croyait en leurs idées tordues ? Forcément, si la jeune femme lui posait une telle question, Aaron ne pouvait que confirmer ce qu’elle pensait d’eux. Lysandre, visiblement, en savait assez pour avoir découvert qu’il était un espion et donc elle attendait de savoir s’il avait un jour été avec eux, ou pas. S’il avait toujours eu envie de les arrêter. Mais pourquoi ? Forcément, ça lui faisait se poser énormément de questions.

« Leurs idées tordues ? » Répéta-t-il dans un premier temps avant de reprendre. « Tu parles du fait que les mordus sont néfaste et que si on les laisse faire, ils vont simplement nous détruire à petit feu ? » Il ne répondait pas réellement à la question au final, mais il osait croire que c’était suffisamment explicite quand même. « Je n’ai jamais été de leur côté non, parce qu’il était hors de question que je suive un gamin. » Voldemort était plus jeune que lui, ce n’était pas possible. Ignatius avait l’art d’un vrai leader, d’un vrai maître. « Tu n’as pas répondu à ma question. Comment tu sais tout ça ? »

Il répondait honnêtement aux questions de sa cousine, il espérait qu’elle allait en faire de même de son côté, ça serait la moindre des choses. Sans réaliser que si elle savait tout cela, c’était parce qu’elle était particulièrement impliquée dans toutes ces histoires. Même s’il comprenait d’ores et déjà qu’ils n’avaient pas du tout la même pensée de ce monde, qu’ils ne voyaient pas du tout les choses de la même façon. Et que même si sa cousine lui avait dit qu’elle était heureuse qu’il aille bien, il était évident qu’elle ne pouvait pas cautionner ce qu’il faisait.

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« Leurs idées tordues ? Tu parles du fait que les moldus sont néfaste et que si on les laisse faire, ils vont simplement nous détruire à petit feu ? »

Lysandre sentit son coeur se serrer en entendant la réponse de son interlocuteur qui venait d'un seul coup confirmer toutes ses inquiétudes. Elle ne reconnaissait tout simplement pas Aaron dans le discours qu'il tenait en cet instant. Elle avait cru le connaître, et pour cause, il faisait partie de sa vie depuis qu'elle était haute comme trois pommes, et pourtant, elle ne pouvait pas croire que son cousin, celui avec qui elle avait joué à ses premières parties de bataille explosive soit le même qui puisse tenir un discours à ce point horrible et néfaste.

Elle n'arrivait pas à croire qu'il puisse prononcer ces mots sans ciller et croire dans ce qu'il disait. Comment pouvait-on aboutir à une vision à ce point étriqué de la situation ? Cela lui semblait impossible, improbable. Elle estimait que la logique ne pouvait que déserter ceux qui se croyaient supérieurs naturellement aux Moldus et réussissaient tout de même à se croire menacés par eux.

Pour elle, ça n'avait aucun sens. Mais elle savait également que débattre avec des personnes qui tenaient ce genre de discours ne menait jamais où que ce soit. Elle voudrait pouvoir débattre avec Aaron et le faire changer d'avis, mais quelque chose dans sa voix, dans son regard, lui attestait que ce serait naturellement peine perdue.

« Je n’ai jamais été de leur côté non, parce qu’il était hors de question que je suive un gamin. Tu n’as pas répondu à ma question. Comment tu sais tout ça ? »
"Je ne répondrai pas à ta question", répondit fermement Lysandre.

Elle aurait voulu lui parler de la Résistance, et croire qu'ils étaient dans le même camp, mais il était à présent évident que ce n'était pas le cas, et bien sûr, elle n'avait aucune intention de mettre toute l'organisation en danger. Même si maintenant, elle sentait que c'était elle qui était en danger. Elle n'aurait pas cru que c'était possible, et pourtant, à l'évidence...

"Je ne te reconnais plus, Aaron..."

Et ça la rendait profondément triste, au-delà du fait que ça la terrifiait aussi. Qu'est-ce que Aaron serait capable de faire contre elle ? Maintenant, avec les nouvelles informations en sa possession, elle s'inquiète plus que jamais.

L'identité de chacun d'entre nous dépend de l'enchaînement des reconnaissances et de sa stabilité dans le temps.

Aaron fronça des sourcils en entendant Lysandre lui affirmer qu’elle n’allait pas répondre à sa question. Soit… il ne pouvait pas littéralement la forcer à répondre non plus, mais c’était évident que le jeune homme allait chercher des réponses quelque part. Il avait tenu ses cousines loin de toute cette histoire, ainsi que leur parent d’ailleurs, depuis le début parce qu’il préférait largement les maintenir en dehors de ça. Il savait que les Farnsworth n’étaient pas aussi radicaux qu’il le voudrait, mais c’était sa famille… la seule qu’il lui restait d’ailleurs depuis le décès de sa mère. Il les aimait tout simplement et il n’avait pas spécialement envie de briser leur lien avec la cause qu’il défendait, même si ça semblait évident qu’à un moment donné… ça risquait d’arriver. Mais visiblement, Lysandre ne se contentait pas de ne pas prendre le parti des sangs pur, elle devait faire quelque chose, à l’opposait des mangemorts.

Lysandre était visiblement déçue de découvrir ses pensées, de comprendre qu’il adhérait à ces « idées tordues », mais ça ne changerait rien au fait que c’était ce qu’il pensait au plus profond de lui. Les moldus étaient capables du pire, ils brisaient la vie de nombreux sorciers, s’ils ne faisaient pas quelque chose, ça allait être fini d’eux à un moment donné. Il était insupportable de devoir se cacher, de devoir subir des brimades, de devoir renier ce qu’on était pour se fondre dans la masse. Rien ne saurait changer sa vision des choses, ils n’avaient juste jamais réellement pris la peine d’en parler avant.

« Pourtant, je n’ai pas changé. »

Bon, forcément, plus jeune ses convictions n’étaient pas tout à fait actées, même si on l’avait quand même répété un tas de foi que les moldus étaient la pire chose sur terre. Mais trop jeune, ils n’en parlaient jamais et ensuite, Aaron avait bien pris garde d’aborder ce genre de sujet, surtout pas avec ses cousines bien plus jeunes. Donc non, il n’avait pas changé, mais sa vision sur Lysandre changeait également un peu. Elle en savait beaucoup, ça signifiait quelque chose. Est-ce qu’il devait se méfier d’elle ? Est-ce qu’elle était une menace ? Dans le doute, le jeune homme devrait surement en parler à son maître, afin d’être certain de ne pas faire d’erreur, mais en même temps…

« Toi et ta sœur vous n’avez pas conscience d’à quel point vous êtes privilégié ici. Vous vivez dans ce petit paradis, avec vos deux parents. Et je pensais que votre seule préoccupation c’était l’école et vos histoires de cœur. » Qui causait quand même pas mal de dommage entre les sœurs jumelles. « Enfin visiblement, je ne te connais pas non plus. » Lysandre avait des secrets, elle en savait plus que ce qu’elle ne devrait savoir, ce n’était pas anodin. « Attend de voir le jour où des moldus te prendront quelque chose de chère, te détruiront de l’intérieur. Je me bats pour les personnes comme vous, pour vous protéger de tout ça. »

C’était le but de l’Hydre, faire en sorte que ce que les Néo Grindelwaldien avaient mis en place se poursuivent, de la bonne façon, sans les bêtises de Voldemort.

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« Pourtant, je n’ai pas changé. »

S'il n'avait pas changé, alors en vérité, c'était bien pire aux yeux de Lysandre, car cela signifiait nécessairement que la personne qu'elle avait en face d'elle, ce cousin qu'elle connaissait depuis sa plus tendre enfance, n'était pas qui elle croyait, n'était pas celui qu'elle connaissait...

Accepter le fait qu'il avait toujours été le même, c'était accepter, quelque part, qu'il avait toujours menti sur qui il était vraiment, avait montré de lui un visage qui n'était pas le bon. Ou bien... Ou bien, c'était elle qui était complètement aveugle et ne voyait pas plus loin que le bout de son nez.

Elle ne savait vraiment plus quoi penser. Elle aurait voulu que les choses se passent autrement, mais visiblement, elle n'avait aucune carte en main, en l'occurrence. Elle n'avait juste... pas le choix, en fin de compte, que de tolérer cette situation, qui lui faisait du mal.

« Toi et ta sœur vous n’avez pas conscience d’à quel point vous êtes privilégié ici. Vous vivez dans ce petit paradis, avec vos deux parents. Et je pensais que votre seule préoccupation c’était l’école et vos histoires de cœur. »

"Toi aussi tu ne nous connais pas si bien que ça, visiblement", s'agaça-t-elle en entendant son cousin ne pas la considérer autrement que comme une gamine stupide.

D'accord, c'était peut-être ce qu'elle était, en fin de compte, une gamine stupide. Oui il avait raison de dire qu'il ne la connaissait pas non plus.

« Enfin visiblement, je ne te connais pas non plus. Attend de voir le jour où des moldus te prendront quelque chose de chère, te détruiront de l’intérieur. Je me bats pour les personnes comme vous, pour vous protéger de tout ça. »
"C'est l'excuse la plus conne que j'ai jamais entendue."

Oui, elle n'allait pas faire comme si de rien n'était, elle n'allait pas commencer à jouer la carte de la gentillesse, elle allait arrêter d'être polie.

"C'est les gens comme vous qui prennent tout aux gens comme eux. Comment vous pouvez présenter les Moldus comme une menace quand, dans le même temps, vous êtes si convaincus de leur être supérieur. Vous êtes comme ces crétins d'éléphants qui prennent peur en voyant une pauvre souris."

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» Le mal est double : il y a celui qui ne dépend pas de nous et celui qui en dépend. (Agrippine)
» Chacun d'entre nous peut avoir une influence sur les autres. (Carlotta)
» Bien que le soleil brille plus pour certains, derrière chacun d'entre nous il y a une ombre. (Carlotta)
» Le temps nous a changées. [pv Sasha :3]
» Profiter du peu de temps qu'on nous accorde. (Cedrella <3)

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