On reprend les vieilles habitudes. (Norbert)

On reprend les vieilles habitudes.

Adrian n’avait pas spécialement eu de raison particulière de rentrer chez lui pour le week-end, mais dès que c’était possible il le faisait. En même temps, il devait bien avouer que ça l’arrangeait pas mal de rentrer chez lui. Bon, le jeune homme se sentait bien aussi à Poudlard, il appréciait énormément l’école et il pouvait passer son temps avec Cassie. Mais bon, ça lui faisait aussi du bien de rentrer chez lui, de passer du temps avec ses parents, de passer du temps dans la boulangerie, ce genre de chose. Ça lui convenait donc, de rentrer de temps en temps et quand il pouvait, il en profitait aussi pour rendre visite à son oncle et sa tante. Maintenant, Norbert était bien plus présent qu’avant. Il ne partait plus pendant des semaines et des semaines dans le but d’aller étudier des créatures. Bon, ça ne l’empêchait pas de travailler bien sûr et par instant il s’en allait, mais c’était bien plus facile de passer du temps avec lui. Alors, le jeune homme en profitait.

Et il avait une raison pour cela, il avait de nouveau des devoirs à faire pour le cours de soin aux créatures magiques. Bon, d’accord, en soit Adrian n’avait pas réellement besoin de son oncle pour cela, mais ça ne l’empêchait pas d’avoir envie de parler. Il avait envie de reprendre un peu leurs habitudes, de quand il vivait chez eux, qu’ils parlaient pendant des heures et des heures de créatures magiques. Ça lui faisait du bien après tout de pouvoir simplement reprendre des habitudes, reprendre une vie un peu normale. Bon, d’accord, sa vie n’était pas si anormale que cela non plus, mais en même temps il avait eu à faire à une jeune femme qui venait du futur et qu’il ne pouvait pas s’empêcher de continuer à aimer malgré tout. Mais bref, le jeune homme n’avait aucune envie d’y penser, et se retrouver chez son oncle était une bonne chose pour ne pas penser à tout cela.

Il avait rassemblé ses affaires en tout cas chez sa mère, ses parents avaient dans tous les cas l’intention de passer la journée dans la boulangerie donc ça tombait bien et il s’était rendu chez son oncle et sa tante. Quand il arriva sur place, il entra avec son jeu de clé. Bon, il se sentait encore beaucoup trop chez lui sans doute, mais en même temps il avait vécu quand même beaucoup de temps ici. Ce n’était plus le cas depuis un moment, mais ça n’enlevait pas le fait qu’il se sentait quand même chez lui quand il venait chez son oncle et sa tante. Sans perdre plus de temps, le jeune homme se rendit directement dans le bureau de son oncle, en espérant qu’il soit quand même présent (sinon ça serait dommage).

« Bonjour Norbert ! » Dit-il en frappant à la porte et l’ouvrant dans la foulée, histoire de s’annoncer tout de même, que son oncle soit bien au courant qu’il était là. Si lui-même était là.

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P

arfois, ses voyages prolongés manquaient à Norbert, mais tout compte fait, ce n'était pas autant qu'il l'aurait imaginé. Quand il se questionnait sur où devait être sa place, il ne se posait pas davantage de questions, il savait qu'elle était ici, auprès de sa femme et de son fils. C'était une pensée quelque part réconfortante, parce qu'il ne l'aurait pas juré lui-même il n'y a pas si longtemps, mais c'était le cas, à présent. Il n'avait définitivement plus le moindre doute. Et ce n'était pas comme si cette discipline qu'il s'imposait à lui-même l'empêchait par ailleurs de faire un travail digne de ce nom.

Il avait, à vrai dire, bien assez à faire depuis chez lui pour être très largement occupé, entre la rédaction de ses diveres ouvrages et les créatures desquelles il s'occupait à domicile, et qui prenaient beaucoup de son temps. Et cela ne l'empêchait pas de partir, par ailleurs, il partait simplement moins longtemps... Ce pouvait être frustrant mais en même temps, cela ne l'empêchait pas de travailler de manière efficace, loin s'en faut. Il était affairé, à l'heure actuelle, à soigner un chartier qui s'était blessé à la pate quand la porte de son bureau s'ouvrit.

Norbert releva la tête et tourna son regard vers la porte. Il s'agissait d'Adrian. Norbert ne savait pas qu'il devait venir. Peut-être que seule Tina en avait été avertie. Ou bien Adrian avait-il décidé de faire le trajet de son propre chef (ou encore, très probable aussi, on lui avait dit que son neveu serait là, et il avait tout bonnement oublié l'information... ne nous le cachons pas, c'était une hypothèse tout à fait probable). Dans tous les cas, Norbert était toujours ravi de le voir, il appréciait sa compagnie, et on ne pouvait pas dire qu'ils aient eu beaucoup d'occasions de parler dernièrement, tous les deux. Il faut dire que si la vie de Norbert avait été bouleversée dernièrement, Adrian n'avait pas été en reste non plus, clairement pas. Bien au contraire.

-Adrian, comment vas-tu ?

Il détourna son regard du jeune homme le temps de peaufiner le bandage du chartier, qui le remercia poliment avant de filer aussi vite qu'il était venu.

Norbert se posait honnêtement la question. Il savait que la vie d'Adrian avait nettement été bouleversée dernièrement, pas seulement à cause du mariage de ses parents et de l'irruption de Jacob dans sa vie, il y avait aussi cette fille, Luna, venue du futur, et que Norbert avait brièvement eu l'occasion de rencontrer, une fois, sans avoir compris qu'il s'agissait de l'un des voyageurs temporels dont Tina s'était permise de lui parler en toute discrétion à l'époque. Norbert n'était pas sûr d'être le mieux placé pour lui remonter le moral. Mais il ferait ce qu'il pourrait.

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Son oncle leva les yeux, surpris apparemment mais Adrian se faisait peut-être des idées, de le voir. Le jeune homme afficha d’ores et déjà un sourire quand ce dernier le salua, lui demandant comment il allait. Mine de rien, c’était des petites choses, des petits événements, qui faisaient énormément de bien à Adrian. Sa vie reprenait son court, tout simplement, sans Aulne. Elle avait été une belle parenthèse en un sens, un moment agréable dans sa vie, mais il fallait juste que ça reste un bon souvenir. Ça serait bien si c’était si facile que ça, sauf que le jeune homme avait conscience que ça n’allait pas du tout être aussi facile que ça. Mais il fallait bien tourner la page…

« Je vais bien. » Affirma-t-il, dans un fin sourire, en réponse à son oncle.

Il n’avait aucune envie de rentrer dans les détails, il n’avait aucune envie de dire à son oncle qu’il n’était pas au meilleur de sa forme, qu’il broyait quand même pas mal du noir, qu’il pensait beaucoup à Aulne, qu’il avait du mal à s’en remettre. Norbert était parfaitement au courant de la situation, il était quand même le mieux placé pour savoir qu’il se trouvait dans une situation très complexe. Ils n’avaient pas forcément besoin de revenir là-dessus donc, il avait même plutôt envie de penser à autre chose.

« Le chartier va bien ? » Demanda-t-il alors, puisque son oncle avait pris la peine de finir de soigner la créature. Adrian avait clairement envie de penser à autre chose, de ne pas mentionner tout ce qu’il avait pu vivre, les ennuis qu’il avait vécus. Il avait envie de penser à des choses bien, il avait envie de penser à des choses qui lui plaisait.

Donc, oui, il préférait largement se concentrer sur des « bonnes » choses, sur les créatures de son oncle. Le genre de chose qui avait eu le don de l’apaiser quand il se trouvait loin de sa mère, de lui donner envie de rester en Angleterre quand il avait perdu tous ses repères. Et c’était ce qu’il avait envie de faire le restant de ses jours, même s’il avait encore énormément de chose à apprendre. Et il comptait bien sur son oncle pour lui apprendre tout ce qu’il avait encore à apprendre.

« Je peux te donner un coup de main pour quelque chose ? » Demanda-t-il, en espérant que Norbert allait avoir quelque chose à lui faire faire. Parce qu’il était volontaire, parce qu’il avait vraiment envie de faire quelque chose. Il espérait bien se rendre utile, et en prime il espérait que ça allait quand même lui permettre de se changer les idées. Il se disait que oui, parce qu’il était quand même dans son élément quand il se trouvait après de créature. Même si… en un sens, les créatures lui faisaient forcément penser à Aulne et… bon, il était triste donc. Mais ça allait peut-être s'arranger avec le temps.

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N

orbert n'était définitivement pas le plus doué pour ce qui était d'analyser les émotions humaines, mais il pensait tout de même qu'Adrian n'était pas complètement honnête quand il lui disait qu'il allait bien. En même temps, il n'y avait pas besoin d'être fin psychologue pour deviner que la blessure était encore assez... récente, et donc forcément douloureuse. Mais il décidait d'affirmer qu'il allait bien, et le magizoologiste respectait cela.

Si son neveu n'avait pas envie de s'épancher sur sa situation, s'il préférait tout simplement se changer les idées et penser à autre chose, alors Norbert n'allait pas l'en empêcher. D'autant que lui-même s'y connaissait assez, quand il était question de dissimuler ses émotions, il n'était pas le dernier à utiliser cette méthode. Il accepta donc sans mal de changer de sujet. Surtout que le sujet était les créatures avec lesquelles il travaillait. Alors forcément, Norbert n'allait pas s'en trouver incommodé, c'était définitivement son sujet de conversation préféré. S'il aurait sans doute été incapable d'avoir une longue conversation avec Adrian sur son coeur brisé, il pouvait discuter chartiers et botrucs sans le moindre problème.

-Il va bien. Il s'est pris la patte dans un piège, mais heureusement, sa blessure est superficielle, répondit-il dans un fin sourire quand Adrian l'interrogea sur le chartier qu'il avait pris le temps de finir de soigner au moment où le jeune homme avait fait son intrusion dans la pièce. Je m'apprêtais à préparer la nourriture du croup, si ça te dit, dit-il alors.

Il n'allait certainement pas refuser l'aide d'Adrian, quelque chose lui disait que le dernier avait besoin, histoire de se changer les idées, tout simplement. Et dans tous les cas, Norbert avait toujours eu plaisir à passer du temps avec Adrian. Il aimait le voir si passionné par ce qui le passionnait lui-même. Dans l'émerveillement qu'il ressentait vis-à-vis des créatures fantastiques, Norbert reconnaissait beaucoup de Jacob, même s'il s'épargnerait de le dire tout de suite. Illustrant ses propos, il s'appliqua à disposer sur l'établis les pièces de viande qu'il allait leur falloir découper en morceaux très fin avant de les servir au croup.

-Au fait, tu ne m'as pas dit comment s'était passé ton devoir ? demanda-t-il en lui adressant un sourire.

Il faisait référence à cette fois où il était venu le trouver en compagnie de sa petite amie d'alors (qu'il ne savait pas l'être à ce moment-là et qui ne l'était plus à présent) - il ne comptait pas forcément lui rappeler cette dernière, il voulait simplement lui faire un peu la conversation, et il ne pensait pas s'engager sur un terrain trop dangereux. Même si c'était un véritable tort, à un point qu'il n'imaginait pas du tout.

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Adrian n’avait pas forcément envie de s’épancher sur ce qu’il ressentait, sur ce qu’il vivait. Le plus important pour lui en cet instant précis, c’était simplement de se changer les idées. Et il pouvait parfaitement compter sur son oncle pour ça. Certains diraient qu’il n’était pas capable d’être très ouverts avec les autres, qu’il manquait par moment de sociabilité, ce genre de chose, mais c’était quelque chose que Adrian adorait chez lui. Il aimait le fait qu’il soit comme ça, parce qu’il n’allait pas le bassiner avec des questions pour savoir comment il supportait cette situation, comment il se remettait de sa séparation avec Aulne. Ils allaient simplement s’occuper des créatures magiques, et c’était ce dont le jeune homme avait besoin.

Son oncle lui apprit donc que le chartier qu’il était en train de soigner se portait bien, qu’il s’était prit la patte dans un piège – quelque chose que le jeune homme n’appréciait pas forcément d’apprendre, il trouvait les pièges honteux –, mais que sa blessure était superficielle. C’était une chance en effet, il s’en sortait bien. En même temps, Adrian avait envie de croire qu’il avait eu aussi beaucoup de chance de tomber sur Norbert.

« Ça me dit ! » Répondit-il quand son oncle lui affirma qu’il était sur le point de s’occuper de la nourriture du croup.

Quand il était question de s’occuper des créatures magiques, de toute façon Adrian était toujours partant. Il savait que Jacob aimait ça aussi et en un sens, le jeune homme ne pouvait pas s’empêcher de se dire qu’il tenait peut-être ça de lui. Ce qui était clairement perturbant, mais en même temps c’était aussi plaisant en un sens. Enfin, quand ça concernant Jacob, c’était toujours un peu étrange. En tout cas, Adrian ne se fit pas prier pour commencer à aider son oncle, en prenant un couteau et en commençant à couper la viande qu’il avait préparé. C’était quelque chose que Adrian avait déjà eu l’occasion de faire plusieurs fois, c’était qu’il aidait quand même souvent son oncle. Il était concentré sur sa tâche, plutôt content de pouvoir se changer les idées. Jusqu’à ce que son oncle reprenne la parole, pour lui demander comment c’était passé son devoir.

« Quel devoir ? » Demanda-t-il, ne parvenant pas à se rappeler de quoi son oncle parlait.

Ça lui arrivait quand même souvent de demander de l’aide à son oncle pour ses devoirs, parce qu’il était une source incroyable d’information. Et quand le jeune homme avait l’occasion de pouvoir discuter de créatures magiques avec son oncle, il ne reculait pas. Cela dit, il ne se rappelait vraiment pas de quel devoir il était en train de lui parler, il avait le sentiment que ça faisait vraiment longtemps qu’il ne lui en avait pas parlé. Est-ce qu’il confondait avec quelque chose d’autre ? C’était possible, ou alors Adrian avait juste un souci de mémoire et c’était tout aussi possible. Parce qu’on ne pouvait pas réellement dire que les évènements l’avaient épargnés dernièrement, il avait accumulé pas mal de chose.

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L'

enthousiasme qu'Adrian était capable de mettre à la tâche faisait sincèrement plaisir à Norbert. Il se doutait qu'il en faudrait davantage pour que son neveu relève la tête une bonne fois pour toutes, mais s'il pouvait lui donner une occasion, n'importe laquelle, de se sentir mieux, et qui plus est en faisant ce qu'il préférait faire au monde, c'est à dire s'occuper de ses créatures, alors il était sincèrement heureux, et ne saurait définitivement pas en demander davantage. Norbert pouvait sembler dans son monde, bien souvent, si bien qu'il pouvait être légitime de se demander quelle importance il était capable de donner réellement à ceux qui l'entouraient, mais c'était une certitude, sa famille était primordiale pour lui, et il en avait pris plus que jamais conscience après ce qui était arrivé à Hyppolite. Alors, évidemment, il n'avait certainement pas l'intention de l'abandonner à la tristesse s'il pouvait être bien placé pour lui remonter le moral.

Adrian sembla ne pas comprendre à quel devoir le magizoologiste faisait allusion. Au fond, il aurait sans doute dû être plus précis. Comme les circonstances avaient été assez exceptionnelles et que son neveu ne l'avait pas trouvé seul, il s'était dit qu'il se souviendrait de ce moment qui, par ailleurs, avait été singulier. Mais il est vrai qu'il n'était pas si rare qu'Adrian demande l'opinion de Norbert sur tel ou tel sujet qui concernait son domaine de prédilection. Ce qui était assez logique en soi. Quand votre oncle était ni plus ni moins que l'homme qui avait rédigé votre manuel scolaire dans la matière concernée, on pouvait supposer sans trop craindre de se tromper qu'il en connaissait un rayon sur la question. Ou bien il faisait mine d'oublier ?

Au fond, ce n'était pas malin de lui rappeler la fois où il était venu accompagner de sa petite amie (même s'il ne l'avait pas présentée comme telle à l'époque), alors que justement il devait supporter les circonstances très particulières de leur rupture, à présent. Il était bien possible qu'Adrian cherche simplement à occulter l'événement afin de faire comprendre à Norbert qu'il n'avait pas envie de parler, ce qui serait entièrement compréhensible. Et Norbert, lui, ne manquait pas de mettre les pieds dans le plat à chaque instant. C'était courant, chez lui, la maladresse était un défaut qu'il avait bien des peines à corriger encore.

-Ton devoir sur les créatures aux venins puissants. Tu te souviens, quand tu es venu me voir avec... ton amie.

C'était seulement en prononçant ces mots qu'il réalisait mettre potentiellement les pieds dans le plat, autrement dit beaucoup trop tard. Mais ce qui était fait était fait. Et si nécessaire, il n'hésiterait définitivement pas à changer de sujet. Ils avaient des croups à nourrir. N'était-ce pas cent fois plus fascinant ?

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Adrian et Norbert parlaient souvent des devoirs du jeune élève, parce que le bleu et bronze devait bien avouer qu’il avait du mal à ne pas profiter de la science de son oncle. En un sens, Adrian n’avait pas toujours besoin de l’aide de ce dernier, il en connaissait un rayon aussi après tout à force et il était suffisamment passionné pour adorer travailler le sujet. Mais quand il pouvait en profiter pour glaner quelques informations et juste passer un bon moment avec celui qui avait été plus une figure paternelle pour lui que son propre père (mais ce n’était pas contre Jacob, ça ne faisait pas si longtemps qu’il connaissait son existence après tout), il ne manquait pas d’en profiter encore et encore. Alors à force, c’était possible que Adrian ait oublié à quel moment précisément il lui avait parlé de tel ou tel devoir.

Mais quand Norbert reprit la parole en lui donnant le sujet de ce dit devoir, clairement Adrian ne voyait pas de quoi il était en train de lui parler. Un devoir sur les créatures aux venins puissants ? Il n’en avait jamais eu. Il avait été quelque peu chamboulé dans sa vie dernièrement, mais il ne pensait quand même pas être au point où il était incapable de se rappeler de ce devoir, surtout avec un sujet aussi précis. Et puis… en prime, Norbert précisa qu’il était venu avec son amie. Son amie ? Quelle amie ?

Le cœur du jeune homme se serra en comprenant de quelle amie il faisait référence. Ce n’était pas son amie, mais son… « amie ». Sa petite amie, Aulne. Mais il n’était jamais venu ici avec Aulne, il s’en rappellerait quand même. Est-ce que c’était une manière peu subtile de son oncle de lui parler de la fille pour qui il souffrait présentement ? Non, Norbert était parfois maladroit, mais clairement pas comme ça.

« Je ne comprends pas, je n’ai… je n’ai jamais eu de devoir sur les créatures venimeuses. Et je ne suis jamais venue avec elle ici. »

Est-ce que Adrian était en train de comprendre que Aulne/Luna n’avait pas hésité à l’utiliser pour rencontrer son oncle ? Non, pas du tout. Il était juste en train d’essayer de comprendre pourquoi Norbert lui disait qu’il était venu ici avec elle, alors que ce n’était pas le cas. Il ne mettait pas en doute ses propos, il ne pensait pas que ce dernier serait capable de lui mentir. Mais en même temps, c’était bizarre.

« C’était quand ? » Demanda-t-il.

Peut-être qu’il avait oublié ? Non, c’était impossible, il se rappellerait quand même s’il avait pris la peine de venir chez son oncle en compagnie de sa petite amie. Il voulait bien croire que son esprit et ses souvenirs pouvaient être un peu chamboulés au vu de ce qui était arrivé, mais pas à ce point là quand même, ce n’était pas possible. Sauf qu’en même temps, Adrian n’avait juste aucune explication.

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orbert, en cet instant, était aussi perplexe que pouvait l'être son neveu, il ne comprenait tout simplement pas ce qui se passait en cet instant. Il n'avait pas l'intention de remettre en question la mémoire du bleu et bronze, mais en même temps, lui-même était absolument convaincu de cet épisode, et il ne pensait pas avoir encore l'âge de délirer ainsi. Il devait y avoir une méprise, un malentendu... mais ce semblait tout de même très improbable. Qu'Adrian ait oublié le sujet d'un de ses devoirs ne serait pas si étonnant, ou même, on pouvait supposer que le magizoologiste ait mal retenu le sujet du devoir en question, même s'il en doutait très fortement. Mais la visite éclair d'Adrian accompagné de son amie blonde, ce n'était pas un truc qu'il avait inventé, il en était absolument convaincu. Mais alors quoi ? Que fallait-il en conclure exactement ?

-C'était il y a quelques mois, répondit Norbert, incapable de donner de date plus précise à son neveu... ce qui pouvait justifier également que ses souvenirs soient un peu flous et qu'il ne soit plus vraiment capable de donner les détails de cette entrevue.

Il ne se rappelait plus de la date, c'était peut-être en mars, ou en avril... C'était à l'époque où Hyppolite était encore introuvable, ça il s'en souvenait bien, et cet événement avait tendance à lui servir de point de repaire pour à peu près tout à l'heure actuelle. Il était bien possible d'ailleurs que l'état dans lequel où il était à cette époque puisse justifier qu'il ait mal interprété certaines choses. Norbert n'était vraiment pas lui-même à cette période. Il était complètement perdu.

-Peut-être que je me trompe sur l'intitulé du devoir, c'était une période un peu difficile, mais... Vous étiez venus ici, toi et ton amie Aulne, pas très longtemps, ceci dit. Vous aviez même l'air un peu pressés, si je me souviens bien. Mais je crois, oui... je me souviens avoir évoqué le basilic, la dent-de-vipère du Pérou... Je ne sais plus bien. Tu ne t'en rappelles vraiment pas ?

Il commençait à s'inquiéter vraiment... Est-ce qu'Adrian avait un trou de mémoire ? Est-ce que Norbert avait déliré au point de s'être inventé une conversation imaginaire ? Ou bien fallait-il chercher l'explication ailleurs ? Et dans ce cas, Norbert n'était pas sûr de savoir quoi en penser. Il ne trouvait aucune explication logique et cohérente à donner à cette situation, définitivement aucune. Il ne pouvait vraiment pas imaginer que l'amie d'Adrian se soit servie de son neveu pour l'interroger, en se servant de polynectar. Il ne la connaissait pas bien, cette gamine, mais ça avait l'air positivement impossible que les choses se soient déroulées ainsi. Et il tenait à trouver une autre explication.

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Adrian ne prononça pas le moindre mot pendant les explications de son oncle, ce dernier lui apprenant que sa visite avait eu lieu il y avait quelques mois, et qu’il se trompait peut-être sur l’intitulé du devoir – parce que c’était une période complexe – mais qu’il se rappelait bien avoir parlé de Basilic, de dent de vipère du Pérou… et qu’il était donc bel et bien en compagnie de Aulne. Sauf que Adrian ne se rappelait pas du tout être venu une seule fois avec Aulne chez son oncle et sa tante. Est-ce que son oncle perdait la boule ? Parce que c’était visiblement dans une période un peu complexe et Adrian comprenait bien que c’était pendant la disparition de son cousin. Non, il ne pouvait pas croire que Norbert soit en train de perdre la boule au point de s’être inventé une conversation avec lui et son ex petite amie. Alors il devait bien y avoir une explication, parce que de son côté il ne se rappelait vraiment de rien. A moins, qu’il n’ait pas été dans son état normal ?

Non, ce n’était pas possible, Adrian n’avait pas pu oublier un tel évènement. Et il ne pouvait pas non plus considérer que son oncle avait perdu complètement la boule. Alors, au final il ne lui restait pas beaucoup d’explication. Est-ce qu’il comprenait tout de suite ce que Aulne avait fait ? Disons qu’il se disait que cela venait forcément d’elle, qu’elle avait fait – pour une raison ou une autre – quelque chose. Il n’avait pas compris tout ce qu’elle avait vécu, tout ce qu’elle vivait encore d’ailleurs, il ne connaissait son histoire que dans de grandes lignes. Alors, il ne pouvait pas forcément deviner comment elle s’y était pris, mais il se doutait que ça venait forcément d’elle.

« Si…. Si bien sûr, je m’en rappelle. Oui, désolée, je n’y pensais plus, c’était tellement bizarre… ce moment. »

Adrian ne savait même pas réellement pourquoi il décidait d’aller dans ce sens. Peut-être pour protéger Aulne ? Il n’avait aucune idée de ce qui s’était passé, mais il n’avait pas spécialement envie de mettre son oncle dans une situation délicate, de lui confirmer qu’il ne se rappelait pas du tout de ce moment. Surtout qu’au vu de la période, ça n’avait vraiment pas été simple pour lui. Pour personne dans la famille bien sûr, mais pour lui et Tina principalement. Il n’avait pas envie d’en rajouter une couche, alors il décidait de jouer le jeu. À un jeu dont il ne connaissait rien au final, mais tant pis.

« Mon devoir s’est bien passé. J’ai… J’ai eu une bonne note comme d’habitude. Merci pour ton aide, sans toi je n’y serais pas arrivé. » Adrian n’était vraiment pas sûr que ça soit une bonne idée pour lui de répondre comme ça, mais il n’avait aucune envie d’impliquer son oncle dans tout ça. « En fait j’ai… enfin, tu sais j’ai… j’ai pas trop envie de penser à elle. » Ce qui était vrai, mais au final il préférait aussi essayer d’éviter le sujet. « Bon… le croup nous attend ! »

Autant se concentrer sur autre chose, ce serait une bonne chose en effet.

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