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grippine s'épargnait d'avoir des regrets ou des scrupules, estimant que c'était une perte de temps et surtout un prétexte à des prises de tête absolument inutiles. Alors, ça ne marchait pas toujours, elle était humaine après tout, mais dans le cas d'Abraxas, les regrets n'étaient définitivement pas de mise. Elle ne regrettait absolument pas d'avoir éconduit le jeune homme la première fois, tout comme elle ne regrettait pas de lui avoir cédé cette fois-ci (à moins que ce soit lui qui lui ait cédé ? Un peu des deux sans doute). Elle avait apprécié ce moment, plus qu'apprécié, même, et elle n'avait aucune intention de s'en cacher. Certes, ce n'était pas pour autant qu'elle avait couvert le jeune homme de compliments concernant la qualité de ses performances sexuelles (elle n'était pas une groupie non plus) - en même temps, elle ne pensait pas que ce soit nécessaire.

C'était dans les cordes de n'importe qui de dire ces mots-là, ce qui comptait, ça avait été l'instant, ses soupirs, ses gémissements... ça, c'était de bons indicateurs, non ? Bon, bien sûr, elle aurait pu simuler... mais Agrippine ne simulait jamais. Ses amants n'avaient qu'à être bons, dans le cas contraire, eh bien... Ben elle s'en fichait, elle ne les reverrait pas de toute façon (pour la raison précédemment formulée, cela va sans dire). Bref, quelques mots prononcés étaient tout de même à prendre pour un compliment de sa part.

-Un peu, répondit Agrippine avec un sourire malicieux, ne s'épargnant en aucun cas d'être honnête.

Si elle avait été absolument convaincue de prendre son pied avec Abraxas, elle se serait posée moins de questions, mais la dernière fois qu'ils s'étaient vus, elle n'avait vu en lui qu'un petit jeune qui se la racontait beaucoup mais n'avait pas grand-chose pour lui malgré tout. Cette fois, c'était différent. L'amertume, la rancoeur, l'esprit de revanche avait dominé leur échange (et finalement leurs ébats). Et c'était peut-être ça aussi qui les avait rendus plus intenses... Donc encore une fois, pas de regrets.

-Mais je te rassure, je n'ai plus le moindre doute, maintenant, ajouta-t-elle simplement.

Ce qui était entièrement vrai. Il faudrait, en même temps, qu'elle soit d'une prétention sans nom pour affirmer le contraire.

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grippine ne savait absolument pas si elle avait vexé Abraxas ou non, mais le fait est qu'elle s'en fichait pas mal, au bout du compte. Il n'était clairement pas dans les habitudes de la jeune femme de prendre les autres avec des pincettes ou faire dans la dentelle. Si ce qu'elle pensait ou bien ce qu'elle avait à dire (et à quelques rares exceptions, car Agrippine savait également mentir quand ça lui chantait, les deux étaient tout à fait correllés) déplaisait, eh bien tant pis pour celle ou celui qui prenait ombrage de la situation, elle elle était au clair avec sa conscience, et c'était ce qui comptait.

Bref, non, elle n'avait pas vraiment cherché à ménager Abraxas, mais par la même, elle ne remarqua pas non plus que le jeune homme avait pu être légèrement touché dans son (si grand) orgueil. Non, elle avait plutôt le sentiment qu'il acceptait le compliment et qu'il n'y avait pas à chercher plus loin. Il en était ravi, tant mieux. Tout l'intérêt des moments comme celui qu'ils venaient de passer, c'était de ne surtout pas se prendre la tête avec. On appréciait le moment qu'on venait de passer, et après, c'était tout, pas besoin de chercher midi à quatorze heures, juste de reprendre le cours de sa vie sans réfléchir plus loin.

-Eh bien tant mieux, dans ce cas. Elle lui adressa un regard pétillant. Bon, je vais me décrasser un peu, tu peux rester traîner un peu si ça te chante, fais comme tu veux, dit-elle dans un haussement d'épaules.

Il y avait beau avoir un verrou sur la porte de l'appartement d'Agrippine, la vérité, c'était que les hommes y entraient et en sortaient comme dans un moulin... et Agrippine était la dernière à s'en formaliser puisqu'elle était plutôt du genre, tout au contraire, à encourager cela.

Et pourquoi pas, après tout ? Ce n'est pas comme s'il y avait grand-chose à voler chez elle, et elle n'avait aucune raison de foutre Abraxas à la porte s'il avait envie de rester un peu. Il y a bien des compagnies dont elle s'arrangeait un peu moins et se débarrassait beaucoup plus vite, mais Brax avait bien mérité de traîner un peu et de se servir un verre si le coeur lui en disait. Ou bien il pouvait aussi filer aussi vite qu'il était venu. Libre à lui.

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