C’était vraiment étrange de vivre en dehors de Poudlard, Harry ne pensait pas qu’il vivrait cela dans les années 40. Les repères n’étaient plus du tous les mêmes et en plus, ils n’allaient pas retourner à l’école de magie à la rentrée (sauf Luna). Ils devaient donc officiellement des adultes et Harry devait bien avouer que ça lui faisait un peu peur quand même. Parce qu’il ne pouvait évidemment pas se contenter de tourner son esprit vers Voldemort et son envie de l’arrêter, avant l’année suivante, il devait aussi songer à survivre pendant cette année. Cette année qui risquait d’être longue et courte en même temps. Harry avait vraiment l’intention de faire en sorte que Jedusor ne soit plus avant que le nouvel anniversaire de leur arrivée ait lieu, pour qu’ils puissent rentrer tous ensemble. Le survivant avait évidemment l’intention de rentrer un jour – en grande partie parce qu’il voulait retrouver sa vie avec ses parents, celle qu’on lui avait volé – mais il ne le ferait pas tant que son ennemi n’aurait pas quitté la surface de la terre et qu’il soit certain que ses grands-parents ne courraient plus de risques et donc qu’il pouvait aussi envisager de vivre avec ses parents et non avec son oncle et sa tante. Cela devait simplement attendre un peu donc, mais pas trop. Parce qu’Harry savait parfaitement qu’il n’allait pas pouvoir attendre bien longtemps, mais aussi parce qu’il se doutait que la situation n’allait pas être aussi « idéal » que maintenant. Pour l’heure, le jeune homme ne savait pas que Ginny et les autres étaient au courant du manège d’Hermione et lui. Il se doutait cependant que cela pouvait arriver et il craignait un peu la réaction de ses amis. Il ne se doutait pas encore que ce moment allait arriver plus vite qu’il ne l’aurait cru.

Le jeune homme s’était rendu au bureau des Aurors afin de finaliser le fait de commencer un stage chez eux. Rien n’était fait encore, mais c’était sur la bonne voix quand même. Il avait l’espoir de pouvoir travailler rapidement afin de gagner sa vie quand même. Même s’il avait d’autre chose en tête, Harry devait quand même penser au fait qu’il avait besoin d’argent pour vivre, tous les voyageurs en avaient besoin. Le jeune homme rentra donc dans la maison qu’ils utilisaient encore actuellement pour vivre, mais qu’ils allaient devoir sans doute abandonner à un moment donné. Il faudrait bien qu’ils trouvent une maison à eux, même si Harry n’avait pas l’intention de vivre sans ses amis. Ginny se trouvait là et visiblement, elle était toute seule. Harry s’approcha naturellement d’elle, l’embrassant rapidement (maintenant que Ron était au courant, ils n’avaient plus de raison de se cacher).

« Salut toi. »

Evidemment, le jeune homme ne se doutait pas une seule seconde que sa petite-amie était au courant du retard de retour depuis un moment maintenant. Il ne savait pas non plus que c’était justement maintenant qu’il allait savoir qu’elle savait… que les conséquences de ses actes allaient arriver.

Harry devait jouer constamment la comédie, parce qu'il mentait constamment aux autres voyageurs. La plupart du temps, le survivant se contentait surtout de ne pas trop prêter attention au fait qu'il leur avait mentit, au fait qu'ils auraient pu rentrer chez eux. Le jeune homme préférait largement laisser cette information dans un coin de son esprit et l'oublier, pour se concentrer sur autre chose. Heureusement, il y avait suffisamment de chose pour qu'il puisse s'occuper l'esprit. Mais quand il s'était approché de Ginny pour l'embrasser et qu'elle ne lui rendit pas son baiser, l'observant de ses yeux sombres, Harry ne put s'empêcher d'y penser. C'était logique que ça soit la première chose qui lui vienne à l'esprit quand il voyait une telle réaction de la part de sa petite amie. Après tout, le jeune homme n'avait pas trente-six choses à se reprocher. Alors oui, le jeune homme sembla comprendre rapidement ce qu'il en était. C'était peut-être tout autre chose, mais pour l'heure il pensait à ça. Et il avait bien raison. Ginny lui demanda s'il n'avait pas quelque chose à lui dire. Harry aurait voulu répondre quelque chose qu'il n'aurait pas pu le faire, qu'elle ne lui aurait pas laissé le temps. Elle reprit la parole, vivement, affirmant que Jacob Hoover était venu la trouver ainsi que Ron. D'accord ça se confirmait... visiblement le retour de réponse d'Hermione et lui n'avait pas suffi à ce Hoover. Mais depuis combien de temps ils le savaient alors ? Ca faisait un moment maintenant sans doute et un moment que Ginny devait ronger son frein, attendant peut-être qu'il se dénoncer lui-même. Il y avait songé par moment, mais il n'en avait rien fait. Comme il n'avait pas fait suffisamment confiance à ses amis pour leur parler de leur possible retour.

« C'est pas ce que tu crois. » Bon, d'accord, c'était complètement ce qu'elle croyait. « Ça n'a rien à voir avec toi. »

Avec eux même. Le jeune homme se doutait bien que ce n'était pas de cette manière qu'il allait pouvoir calmer Ginny, qu'il devinait particulièrement énervée (et pour cause...), mais il ne voyait pas bien ce qu'il pouvait dire d'autre. Harry savait parfaitement qu'il était responsable, mais il pensait avoir bien agit à ce moment-là en cachant la vérité à ses amis. Il allait, cependant, peut-être se rendre compte du contraire quand il allait avoir l'occasion de gouter aux conséquences de ses actes. Parce qu'il était évident qu'il allait y avoir des conséquences.

« Je voulais pas te mentir, mais je pouvais pas vous en parler. »

Le jeune homme parlait en son nom, n'aillant pas envie d'incriminer Hermione et même de la rentrer dans leur conversation. Puisqu'ils n'étaient que tous les deux, autant qu'il se contente de parler en son nom. Et puis, en un sens, l'idée venait de lui seulement. Sa meilleure amie l'avait suivi, mais c'était lui qui avait tenu à cacher la vérité aux autres parce qu'il craignait de ne pas parvenir à les convaincre qu'ils ne devaient pas partir. C'était sans doute idiot, mais le survivant n'avait pas eu envie de prendre ce genre de risques.

Harry savait parfaitement qu’il n’allait pas pouvoir faire comprendre la situation à Ginny, c’était bien pour cette raison qu’il avait espéré qu’elle ne soit jamais au courant. Dans l’idéal, elle n’aurait rien découvert du tout et elle aurait simplement été heureuse dans un an quand ils auraient pu rentrer. Ouais… sauf que les choses ne se passaient évidemment comme il le fallait. Le jeune homme baissa son regard au sol quand Ginny reprit la parole, affirmant qu’il ne voulait pas plus qu’il ne pouvait pas. Il n’avait pas vraiment besoin de répondre à ses questions, elle faisait les réponses elle-même, crachant tout son venin qu’elle pouvait au visage du survivant. Le jeune homme avait déjà eu l’occasion de se disputer avec elle, avant qu’ils ne soient ensemble, mais il ne l’avait pas vu à ce point en colère contre lui. Et le pire dans tout cela, c’était qu’il n’avait aucun moyen de calmer sa colère. Il savait parfaitement que quoi qu’il dise, ça n’irait pas. Comment ça pourrait aller de toute façon ? Au fond, elle n’avait pas complètement tort dans les reproches qu’elle lui faisait, au fond seulement. Parce qu’il y avait certaines remarques qu’elle lui adressait, qui était bien plus blessante et qui n’étaient pas fondée du tout. Le mieux était sans doute qu’il arrive à calmer le jeu en restant calme lui-même, mais ça n’allait évidemment pas être facile. Et Harry n’aimait pas ça du tout.

« Ça n’a rien à voir avec toi, ou avec nous ! » Harry n’avait aucune envie que Ginny pense que ses sentiments n’étaient pas ceux qu’il avait affirmés, il l’aimait vraiment. Et il avait confiance en elle, du moins il le pensait. Il ne voyait pas du tout les choses de la même manière, ce n’était en rien une question de confiance. Mais ça, ça n’allait pas être facile de l’expliquer à Ginny. Rien n’allait être simple là de toute façon. « Je ne voulais pas d’accord, tu as raison ! Je ne voulais pas te dire qu’on avait un moyen de partir et te regarder dans les yeux pour te demander de ne pas partir, de rester encore plus ici. Alors que je sais parfaitement que tu n’es pas bien ici, que ta famille te manque et que tu as envie de rentrer chez nous. » Son ton augmentait en puissance au fur et à mesure de ses propos, Ginny n’était pas la seule capable s’exclamer fortement. Même si ce n’était évidemment pas de cette manière qu’il allait parvenir à calmer le jeu. « J’avais peur que vous décidiez tous de rentrer, parce que c’est soit tout le monde, soit personne. Et je n’avais pas envie de prendre le risque de partir sans l’avoir arrêté, sans t’avoir vengé. »

Au final, il avait eu peur qu’ils agissent de la même manière que lui et Hermione, égoïstement. Autant dire qu’il reprochait un peu exactement ce qu’il avait fait. Il oui, parce qu’il préférait largement prendre tout sur la figure que d’entraîner plus Hermione, même s’ils étaient deux à avoir pris la décision.

Harry voyait parfaitement que la situation était en train de s’aggraver entre lui et Ginny. En soit, le jeune homme ne pouvait pas vraiment le lui reprocher, mais il aurait aimé qu’elle prenne la peine de le comprendre un peu plus. Il avait merdé, d’accord, il voulait bien le reconnaître. Mais il avait cru ne pas avoir le choix. Bien sûr, ça aurait été mieux qu’ils en parlent tous ensemble, qu’Hermione et lui ne décident pas d’agir dans le dos de tout le monde. Mais ils ne pouvaient de toute façon pas revenir en arrière. Et le survivait aimerait vraiment que sa petite-amie (s’il pouvait considérer qu’elle était encore sa petite-amie) le comprenne et se pose simplement un instant pour l’imaginer à sa place. Mais au lieu de ça, elle faisait preuve d’une grande mauvaise foi (ce qui était le cas d’Harry bien sûr aussi, même s’il était incapable de vraiment s’en rendre compte). Et quand elle affirma qu’il n’avait pas fait ça pour elle, pour toutes les vies que Voldemort avait détruites, mais que pour sauver ses parents, le survivant se sentit blessé au cœur. C’était ce qu’elle pensait ? Qu’il était égoïste à ce point, incapable de voir autre chose que la survie de ses parents. Evidemment que ce détail – qui n’était pas un détail en réalité – comptait pour lui. Qu’il ne pouvait pas s’empêcher de se dire qu’en tuant Voldemort maintenant, il allait peut-être avoir le droit à une vraie famille (comme Ginny). Mais ce n’était pas la seule raison qui le poussait à vouloir rester, qui le poussait à vouloir se battre (et de toute façon, vu comment la situation évoluait, s’ils n’arrêtaient pas Voldemort, il n’allait peut-être jamais voir le jour de toute façon). Il y avait tant d’autres victimes qui méritaient qu’ils se battent pour eux.

« C’est sûr que pour toi, ça ne changerait rien de toute façon. Tu retrouveras ta famille dans tous les cas. » Lança Harry alors, sans doute trop sèchement, parce qu’il avait été piqué au vif par les reproches de Ginny. Elle avait une grande famille, elle n’avait aucune idée de ce que cela faisait de vivre sans ses parents. Bon en même temps, Neville aussi lui reprocherait son attitude alors qu’il vivait à quelque chose près la même situation que lui, mais ça n’avait pas grand-chose à voir avec ce qu’ils se disaient maintenant. Quoi qu’Harry se retenait de rétorquer à la rouquine qu’elle devrait faire le même genre de reproche à leur ami, qui avait tout intérêt à voir les Lestrange ne pas devenir des mages noirs puissants sous la coupe de Voldemort. « Et ce n’est pas pour la vie de mes parents que je m’inquiète, mais plus pour la mienne. » Ce qui n’était pas faux, même si ça confirmait peut-être un peu trop qu’il était égoïste dans cette histoire. « Ce que tu ne peux pas comprendre non plus. »

Il était évident qu’il n’allait pas arranger la situation comme ça, mais Harry était incapable de raisonner correctement.

Harry n’arrangeait évidemment pas la situation en répondant de la sorte à Ginny, mais il était incapable de se montrer raisonnable. Le jeune homme était sur les nerfs, il ne pouvait pas s’empêcher de trouver Ginny particulièrement dure dans ses pensées. D’accord, il ne lui avait pas dit la vérité, d’accord il aurait dû lui parler de leur possible retour chez eux, mais elle pouvait quand même faire l’effort de le comprendre non ? Autant qu’il devrait sans doute faire l’effort de la comprendre ceci-dit, mais il était plus facile de porter la responsabilité sur les autres que sur soit même. Il avait le sentiment que Ginny était en train de tout lui reprocher, sans essayer de le comprendre. Alors qu’il ne pouvait quand même pas prendre le risque de partir sans avoir arrêté Tom. Le survivant était sans doute égoïste dans sa façon de penser, mais il ne voulait pas l’admettre. C’était bien plus facile de considérer qu’il faisait ça pour tout le monde que seulement pour lui-même. Alors que bien sûr, il ne pouvait pas nier avoir envie de sauver ses parents et lui-même par la même occasion en arrêtant Jedusor avant qu’ils ne rentrent dans leur époque. Ce que la rouquine aurait pu comprendre en réalité, même s’il était trop têtu pour le considérer.

Le jeune homme serra des dents quand Ginny affirma que ce n’était pas parce qu’il se fichait complètement d’elle que c’était son cas. Il n’en avait pas rien à faire d’elle… c’était faux. Et Harry, au lieu de se remettre en question se sentait simplement blessé dans son orgueil, ce qui était parfaitement idiot. Ce qui n’allait pas du tout aider la situation d’ailleurs. Parce que même quand Ginny lui affirmait qu’elle l’aimait, ce n’était pas suffisant pour qu’il se sente moins agacé par son attitude, alors qu’il n’avait aucune raison d’être à ce point énervé contre elle. Bien au contraire, c’était elle qui avait raison de l’être et pas l’inverse. Pourtant, il devrait sans doute se contenter de prendre ses paroles comme elles étaient, le fait qu’elle affirme qu’elle serait restée pour lui s’ils avaient pris la décision d’être franc avec elle. Ils auraient dû le faire, Harry s’en rendait bien compte, mais quand même. Il pensait vraiment avoir pris la bonne décision au bon moment. C’était le moment pour lui de se remettre en question, de ne plus se sentir énervé par la situation. Ça aurait pu arriver… sans doute, mais quand Ginny affirma qu’elle ne savait pas ce qu’elle faisait là, qu’elle avait compris qu’ils la considéraient simplement comme un boulet, ça ne pouvait pas du tout s’arranger. Elle voulait vraiment partir ?

« Très bien, fais comme tu veux ! » Lança-t-il, les dents serrées. Harry devrait la retenir normalement, mais il ne parvenait décidemment pas à se montrer raisonnable en cet instant. La seule chose qu’il voyait, c’était que Ginny n’en avait rien à faire d’eux et qu’elle avait juste envie de partir. « De toute façon, tu n’en a toujours fait qu’à ta tête ! »