La tempête après l'accalmie [pv June]

La tempête après l'accalmie

I

l lui avait donné rendez-vous à l'endroit-même où ils avaient échangé leur premier baiser. Est-ce que c'était une bonne idée ? Il n'en savait fichtre rien, il avait seulement voulu donner rendez-vous à June dans un endroit qui ne leur serait pas austère, dans un lieu qui avait du sens, pour eux, et surtout, à un endroit où leur conversation ne pourrait pas être entendue par quelques oreilles indiscrètes. Il avait apprit la veille que sa mère était sortie du coma, et encore maintenant, il éprouvait ce même état de choc et d'angoisse qu'à l'instant de cette révélation qu'on avait portée à lui comme une bonne nouvelle alors que, pour sa part, il n'attendait que d'entendre quelqu'un lui annoncer qu'Anya Armyanski avait lâché son dernier souffle (ce qui ne l'aurait pas non plus mis très à l'aise ou plongé dans une grande euphorie, mais ça aurait mieux valu). Tout était à reprendre en considération, et Andreï se retrouvait face à une situation qu'il ne se sentait ni l'envie, ni les épaules de gérer.

Le jour même, la veille, il avait accepté qu'on le conduise à Sainte-Mangouste pour aller voir sa génitrice. Ce n'était pas comme s'il avait véritablement le choix, après tout. Il était supposé se réjouir, pas se morfondre, du rétablissement de la veuve noire... Pas sûr que ses sourires de façade aient été l'exemple de ce qu'il faut afficher pour être convaincant, mais il n'avait pas su faire mieux. Il fallait qu'il y aille, pour passer pour le fils qu'il ne voulait plus être pour elle, pour maintenir l'illusion intacte encore un peu, pour voir cela de ses propres yeux... pour la revoir, aussi, peut-être ? Sans doute, oui, mais c'était une chose qu'il ne tolérait pas même de s'avouer. Au final, il n'avait pas respecté entièrement ses objectifs. Anya Armyanski avait perdu la mémoire (ou alors savait parfaitement bien tenir le rôle de l'amnésique, ce qui ne surprendrait pas outre mesure le jeune homme). Dans tous les cas, elle ne l'avait pas reconnue, et il ne lui avait pas rafraichi la mémoire. S'il n'avait absolument pas voulu que les choses se déroulent de la sorte, sa mère l'avait définitivement rayé de sa vie, cette fois...

Mais ce n'était pas suffisant. Que faire, à présent ? Réitérer ce qu'ils avaient déjà essayé, sans succès, conscients que si les risques avaient été grands, la première fois, ils le seraient sans doute doublement la seconde ? Laisser couler... ? Non, ça c'était hors de question... Le vert et argent était complètement perdu, et il n'y avait qu'une seule personne au monde avec laquelle il avait le pouvoir mais surtout l'envie de parler de cela. Et c'était June, à qui il avait proposé de la rejoindre en haut de cette tour d'astronomie où ils avaient échangé leur premier baiser. Leur conversation serait certainement d'un tout autre ordre, cette fois. Anxieux, il attendait sa venue. Il avait toujours besoin d'elle, ce n'était pas une nouveauté, mais ce soir là plus que n'importe quel autre.

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La fin de l'année approchait à grand pas, ainsi que donc les longues et sensément agréables vacances d'été. L'euphorie planait sur Poudlard, les visages se faisaient plus souriants, l'ambiance plus apaisée, et June, aussi curieux que cela puisse paraître, partageait en partie tout cela. C'est qu'elle avait un peu plus de raison d'être heureuse qu'au début de l'année scolaire et l'entière responsabilité de cela revenait à une seule et même personne : Andreï. Il s'en était passé bien des choses depuis qu'elle avait franchi pour la sixième fois les portes de la grande salle du château où se tenait la grande cérémonie d'ouverture des festivités. A cette époque, elle n'avait rien d'autre en tête que son deuil et son besoin de vengeance qui, déjà, commençait à la ronger de l'intérieur. Aujourd'hui, elle n'avait pas encore tout à fait assouvi cette vengeance mais elle en avait griffonner le croquis et celle qui avait assassiné son père de sang froid était à présent dans le coma. Ce n'était pas suffisant, elle ne serait satisfaite que lorsqu'il lui serait rendu la monnaie de sa pièce, mais ce n'était pas rien non plus. Mais au delà de cela encore, il y avait quelque chose qui lui permettait de ne pas trop pensé à la mère Armyanski et ainsi de voir son moral et son humeur prendre quelques petites envolées, chose qui ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps. Cette vengeance, elle ne l'avait pas traversée seule et, quand bien même ils avaient dû franchir des obstacles, aussi bien dans leur mission que dans leur relation, Andreï lui avait apporté plus de soutien et de réconfort qu'elle n'avait pu s'imaginer. Et les voilà à présent qui s'était déclaré leur amour inattendu mais, en soit, inévitable. La jeune gryffondor n'avait pas l'habitude d'avoir ce genre de pensée – son cœur s'étant fermé le plus possible aux sentiments depuis son plus jeune âge – mais la lumière et l'espoir que le serpentard savait lui apporter, et ce sourire qu'elle aimait tant, tout cela ne pouvait relever que de l'amour. Elle s'était battu contre ça, rongée par la peur d'être à nouveau blessée, mais elle avait jeté les armes à présent et elle en était plus qu'heureuse. Enfin, heureuse restait tout de même un bien grand mot, mais avait-elle seulement déjà vécu la véritable définition de ce mot ?

Alors oui, elle avait été drôlement heureuse lorsqu'elle avait reçu le hibou d'Andreï dans lequel il lui donnait rendez-vous. Le lieu de ce dernier était d'ailleurs très spécifique, celui là même où il avait échangé leur premier baiser, où il s'était avoué leurs sentiments. Elle n'avait bien évidemment pas mis longtemps à se mettre en route mais, à mesure qu'elle s'approchait de la tour d'astronomie, un sentiment étrange s'installait en elle. Ce lieu ne reflétait pas uniquement leur relation, c'était également à cet endroit même qu'ils avaient débattus sur le sort de l'assassine et de la mère, pas encore assez morte à leur goût. Peut-être tout cela n'avait-il rien à voir avec le besoin du serpentard de la rencontrer mais elle avait cette appréhension incontrôlable qu'elle espérait se voir enlevée. Une fois les nombreuses marches de la tour escaladées, elle ne fut cependant pas tellement satisfaite du visage qu'elle découvrit devant elle.

- Andreï, l'interpella t-elle avant de s'approcher pour lui prendre les mains. Qu'est-ce qu'il se passe ? ajouta t-elle d'un ton inquiet, ses yeux plongés dans les siens.

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C'est comme une lueur d'espoir

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Q

uand June arriva enfin à la tour d’astronomie (« enfin » car, même si elle avait dû arriver parfaitement à l’heure à leur rendez-vous, ces nombreuses secondes à l’attendre avaient chacune eu la longueur de minutes, tant l’appréhension était grande), le vert et argent aurait aimé être capable de lui servir autre chose qu’une mine déconfite, malheureusement, l’ombre de sourire qu’il s’était essayé à esquisser pour accueillir la jeune femme n’avait rien de bien convaincante. Pourtant, sans l’ombre d’un doute, il était heureux de la revoir, et il n’avait qu’une seule envie, la prendre dans ses bras, l’embrasser, et savourer sa seule présence, et ainsi mieux oublier ce qui le tourmentait… Si quelqu’un, en ce bas monde, était capable de le calmer, de le rassurer, de l’apaiser, c’était bien elle… Sauf que, quand la rouge et or apprendrait la nouvelle, elle aurait sans doute plus envie de s’offusquer que de le cajoler. Il savoura le contact de ses mains dans les siennes tandis que son regard trouvait le sien. Évidemment, elle avait compris que l’objet de leur rencontre n’était pas anodin, qu’il ne lui avait pas simplement demandé de venir ici pour apprécier sa présence (quoique quand même un peu, tout de même), il y avait bien quelque chose, et il savait à peine comment aborder le sujet. Il songea même à se rétracter, à jouer les lâches, à lui répondre qu’il n’y avait rien, qu’il avait juste eu envie de la voir, et d’oublier tout cela, mais il était inutile de retarder l’échéance. D’autant qu’il valait mieux que la jeune femme apprenne le rétablissement-miracle de la veuve noire de sa bouche plutôt que de celle de quelque médisant. Ils n’avaient aucun secret l’un pour l’autre, c’était même ce qui faisait la force de leur relation, alors ce n’était pas maintenant qu’il allait lui faire des cachotteries. Il fallait seulement qu’il trouve en lui la force de lui apprendre la vérité. Il baissa les yeux sur leurs mains jointes, incapable de soutenir le regard de June quand il lui apprit finalement la situation.

-Elle s’est réveillée. Elle est sortie du coma.

Elle. Inutile de la nommer. Ils savaient tous les deux de qui il parlait. Elle, la veuve noire, elle, la meurtrière… elle qui, en dépit de tout cela, était tout de même sa mère, quoi qu’il semblerait, apparemment (mais le vert et argent n’en était toujours pas convaincu), qu’elle ne se souvienne plus de lui de toute manière. Il n’ajouta rien de plus que ces mots là. Il n’y était pas allé par quatre chemins, c’est certain, mais il n’existait pas de façon délicate de lui apprendre cette cruelle vérité. Tous deux avaient espéré qu’elle ne se réveillerait jamais, ou qu’on leur annoncerait, à un moment ou à un autre que leur tentative d’assassinat n’en était plus une, mais une réussite. Constat qui aurait sans doute serré le cœur d’Andreï, mais certainement moins, en définitive, que le fait de la savoir à nouveau sur pieds. Que fallait-il qu’ils fassent à présent ? Andreï n’en savait rien, il se sentait complètement perdu.

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Elle n'aimait vraiment pas voir ce genre d'expressions sur le visage d'Andreï. Cela lui rappelait une période bien distincte de leur année scolaire, toute celle où ils avaient projeté le meurtre de celle qui était à la fois la mère et l'assassine et où il l'avait mis en œuvre. Ce regard légèrement tombant, elle ne l'avait pas vu depuis quelque temps maintenant et elle se serait bien passé de l'observer une nouvelle fois. Tout semblait aller pour le mieux pourtant – selon sa définition bien spécifique du « pour le mieux » cependant – depuis qu'ils s'étaient avoué l'un l'autre l'attention bien plus qu'amicale qu'ils se portaient. Elle avait l'impression depuis que le serpentard était à ses côtés d'être en capacité de toucher, ne serait-ce que du bout des doigts – le bonheur. Mais ce bonheur, elle ne le voulait que si Andreï le partageait avec elle et, de toute évidence, ce n'était actuellement pas vraiment le cas. C'aurait été trop beau. Elle avait été privé de ce sentiment trop longtemps pour qu'il réapparaisse dans sa vie comme une fleur sans que rien ne se mette en travers de sa croissance. Elle fut au moins rassurée de voir que tout cela ne relevait pas d'un quelconque doute sur leur relation lorsqu'il répondit à la pression qu'elle avait exercé sur ses mains. C'était une bonne chose en soit, mais est-ce que ce qu'il s’apprêtait à lui annoncer n'allait pas remettre bien plus de choses que cela en question ?

Lorsqu'enfin il lui fit part de ce qui le tourmentait, ce fut comme si du poison était sorti d'entre ses lèvres, comme si l'air tout entier se chargeait d'une aura négative et étouffante. Ce ne pouvait être possible, elle allait se réveiller. Tout cela n'était qu'un cauchemars attiré par le rêve d'un rendez-vous avec Andreï. Non, elle refusait d'y croire une seule seconde. Elle secoua d'abord légèrement la tête, que ce soit pour nier ce qu'il venait de lui dire ou dans l'espoir de se réveiller, elle ne le savait pas vraiment elle même. Elle ne se rendit pas compte que ses ongles s'étaient lentement enfoncés dans la chair de celui à qui pourtant elle ne voulait faire aucun mal, jamais. Elle demeura interdite un instant qui lui paru une éternité, espérant au fond d'elle que tout cela n'était qu'une mauvaise blague et que le serpentard allait tout nier d'une seconde à l'autre. Elle ne pouvait pas. Non. C'était impossible. Puis vint le moment des questionnements intérieurs, où, quand, comment, pourquoi, qu'elle ne tarda pas à extériorisé.

- Comment ? Je veux dire, quand ? balbutia t-elle difficilement, la gorge serrée.

Elle ne savait finalement pas trop lequel de ces interrogatif était le bon. Elle avait le sentiment d'être complètement perdue. Son esprit avait cessé de fonctionner, ou peut-être travaillait-il au contraire à trop grande vitesse pour qu'elle y comprenne quelque chose. Si Andreï ne s'était pas trouvait là, si ses mains ne maintenaient pas les siennes, elle se serait probablement effondrée. Tout le ressentiment et la haine qu'elle avait pour cette femme venait de refaire surface comme un gros coup de poing dans l'estomac. Des larmes de rage, ou peut-être était-ce de désespoir, s'installèrent doucement dans ses yeux avant de couler le long de ses joues.

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L

a bombe lâchée (qui ne pouvait certainement pas laisser June indifférente, bien au contraire), le vert et argent avait guetté la réaction de sa petite amie, son regard ne lâchant pas le sien, s'attendant à de la rage, de la colère, de la déception, de la peur... au final, il crut lire en elle de l'incompréhension avant toute autre chose, ou plutôt, une envie de ne pas comprendre. Tout comme lui-même avait tout d'abord accueilli dans la plus parfaite incrédulité la nouvelle du "prompt" rétablissement de sa génitrice au moment où elle pensait qu'on lui annoncerait la mort de cette-dernière. Il n'aimait pas la savoir ainsi, et en même temps, que dire et que faire ? Outre le fait qu'il ne savait pas vraiment gérer convenablement les émotions et relations humaines, la situation était telle qu'il ne pensait pas qu'aucun mot puisse réellement apaiser la jeune femme. Se contentant de serrer fermement les mains de June dans les siennes, il attendit donc qu'elle prenne la parole, ce qui aboutit à ces questions plus que légitimes qu'ils s'était posées lui-même (enfin "comment", pas "quand", et il n'était pas vraiment certain de savoir la réponse un jour). Il comptait lui répondre, du mieux qu'il pouvait, quand il vit les larmes qui coulaient le long de ses joues. Il ne supportait pas de la voir pleurer. Pour des mots qu'il avait prononcé, qui plus est. La voir en proie à un tel désarroi, c'était tout simplement au-dessus de ses forces. Avant toute autre chose, il serra la jeune femme dans ses bras, et il ne relâcha pas son étreinte quand il prit à son tour la parole, caressant ses cheveux du bout de ses doigts dans un geste qu'il espérait ne serait-ce qu'un peu réconfortant.

-On m'a appris la nouvelle hier, je suis allé la voir à Sainte-Mangouste juste après. Et il gardait encore un souvenir amer de sa visite à l'hôpital sorcier. Vraiment, il se la serait épargné, s'il l'avait pu. Mais, outre le fait que cela aurait semblé suspect, il avait eu "besoin" de la voir de ses propres yeux pour y croire. Et en effet, elle était bel et bien réveillée. Ces mois de planifications, ces semaines d'appréhensions, tout cela n'avait servi à rien, ils étaient de retour à la case départ, dorénavant. À une petite différence près, néanmoins. Elle est amnésique, elle aurait perdu 20 ans de mémoire, elle se souvient même plus de moi... Enfin, c'est ce qu'elle prétend, en tous cas.

Mais Andreï n'était toujours pas certain de pouvoir la croire, en définitive. Il l'avait testée, d'ailleurs, lors de cette fameuse visite à Sainte-Mangouste. Le test en question n'avait pas été bien concluant d'ailleurs, au demeurant, tout laissé croire qu'elle l'avait tout bonnement effacé de ses souvenirs. Mais, outre le fait que c'était là une perspective plus que douloureuse, Andreï trouvait que cela ressemblait à une échappatoire facile, comme un moyen détourner de s'innocenter de tous les crimes ignobles dont elle était pourtant et manifestement la responsable. Il ne savait pas vraiment quoi en penser. Sinon que cette histoire d'amnésie qui venait s'additionner à cette sortie miracle et inespérée du coma (inespérée au sens où personne ne l'espérait vraiment, en vérité, la seule personne qui en aurait été capable était morte et enterrée, à présent), n'arrangeait décidément pas leur situation, qui était dorénavant plus qu'obscure.

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Il ne fallait pas se mentir, la vie n'était pas devenue un long fleuve tranquille pour elle depuis que June avait su ouvrir son cœur à ce petit serpentard qui avait, on ne savait trop comment, trouver la faille dans cette cage qui entourait son organe vital. Certes, elle pouvait à présent jouir d'un bonheur qu'elle avait trop longtemps rejeté, au point de croire qu'une telle chose ne pouvait qu'être un mirage, mais il fallait être trop naïf pour croire que c'était suffisant. Aux yeux de June, tout du moins, la vie en ce bas monde ne pouvait jamais être aussi apaisante qu'une source qui se glisse sans appréhension ni danger entre cailloux et rochers. Pour autant, le torrent violent avait laissé place à la rivière fougueuse, ce qui, pour la jeune gryffondor, était une avancée d'exception. Continuer ainsi lui aurait plût, elle n'avait pas besoin de plus ou de mieux que cela, tant que la présence d'Andreï dans les parages continuait de l'apaiser. Malheureusement, c'était sans compter les éléments extérieurs et les aléas de la vie qui faisaient rarement de très beaux cadeaux, et ce même lorsque tout portait à croire le contraire. Une sortie de coma ? Quoi de plus heureux en soit ? Comment ce que d'autres pouvaient attendre et espérer avec tant d'impatience pouvait pour certains être reçu comme la pire des nouvelles ? C'était tout simple en vérité. Il suffisait pour cela qu'Anya Armyanski, cette mère meurtrière, soit mêlée à l'affaire.

Alors oui, dans des moments pareils, avec une nouvelle d'une telle ampleur, elle avait encore plus besoin de l'apaisement que savait lui procurer le serpentard. Pour autant, quand bien même elle n'avait plus honte de l'admettre, elle avait bien du mal à l'accepter aujourd'hui. June ne pleurait pas de chagrin mais de rage d'avoir si pitoyablement échoué. Mais si les larmes coulaient en ce moment même sur ses joues, c'était aussi et surtout parce qu'elle avait peur de voir de nouveau Andreï dans un état qui ne plus plaisait pas le moins du monde. La principale personne concernée ici, c'était lui, elle ne parvenait plus à se placer en premier plan. Elle voulait toujours autant venger son père, ce n'était pas là le problème. Le point de vue qu'elle prenait à présent c'était qu'Andreï, lui, voulait tuer sa mère, et que c'était sans doute là la chose la plus difficile à assumer qu'il soit. Elle accepta donc lorsqu'il la prit dans ses bras, calant sa tête dans le creux de son cou, mais fit en sorte de sécher ses larmes et de reprendre rapidement ses esprits. Elle appréciait cette main qui passait doucement dans ses cheveux, cependant elle estimait devoir se montrer forte pour lui et, en plus des sentiments que la nouvelle avait fait naître en elle, elle éprouvait à présent également une légère honte d'avoir ainsi craqué. Il lui semblait en avoir le droit en soit, mais devant lui... Alors même qu'il vivait la renaissance d'une mère dont il ne voulait plus...

- Est-ce que … ça va aller ? demanda t-elle tout en s’échappant légèrement de son étreinte, ne lâchant pas ses mains cependant. Elle avait beau vouloir se montrer forte, elle avait encore besoin de cette attache. C'était sans doute une question idiote, mais elle se devait de la lui poser. Il avait fait face hier à une revenante et pas des moindres. Et puisqu'en plus cette dernière se trouvait être apparemment amnésique, ça ne devait en rien arranger les choses. Quoique... Tout dépendait sans doute du point de vue. Est-ce qu'elle a fait ou dit quelque chose qui pourrait te faire douter de ça ? demanda t-elle finalement après avoir exercé une plus forte pression sur les doigts qu'elle avait entre ses mains. Puis, comme si sa langue n'était capable d'exprimer que des questions en cet instant, elle en formula une dernière, à mi-voix, comme si la réponse à cette dernière, ou même l'absence de cette dernière, n'allait dans tous les cas pas être plaisante. Qu'est-ce qu'on va faire ?

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A

ndreï se contenta de faire doucement "non" de la tête quand sa petite amie lui posa sa première question. Dans le futur, les choses iraient peut-être mieux, qui sait, on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise, mais le vert et argent, qui n'avait jamais en soi été la personne la plus optimiste au monde avait encore plus de mal à l'être là, maintenant, tout de suite. À force de trouver toujours pire à sa porte quand il actait pour le meilleur, il n'envisageait pas l'avenir sous les meilleurs hospices. La seule chose positive qu'il lui reste encore, il l'avait sous les yeux. Le jeune homme ne savait vraiment pas comment il ferait, sans June à ses côtés. Elle était la seule personne sur qui il savait pouvoir compter, la seule qui lui inspirait suffisamment de courage et de confiance... Malheureusement, il n'était pas certain que cela suffise, en cet instant présent. Il était dévasté. Il allait mal, oui. et il imaginait bien mal les choses finir par s'améliorer, de quelque manière que ce soit.

-Je sais pas... dit-il pour répondre à sa question, quand elle lui demanda pour quelles raisons il doutait de l'amnésie de sa mère. Elle avait vraiment l'air d'avoir tout oublié mais... C'est injuste ! Elle a effacé de son existence des années de crimes et de souffrance, elle me regardait comme si elle était la personne la plus innocente du monde. Je crois que je l'ai jamais détesté autant. Il avait toutes les difficultés du monde à se contenir à mesure qu'il en parlait. Toute sa frustration, toute sa colère, toute son angoisse, toute sa tristesse, rejaillissaient d'un coup à mesure qu'il parlait. Et c'était à June d'en faire les frais. En même temps, elle était la seule personne avec laquelle il voulait et pouvait en parler, partager tout cela. Je sais pas ce qu'on va faire. admit-il très sincèrement, parce que pour l'heure, il était vraiment paumé, et la nouvelle était trop récente pour qu'il puisse réfléchir à un plan d'action qui ne soit guidé par l'impulsion de tous les sentiments contradictoires qui l'envahissaient. Même s'ils ne pourraient pas laisser la situation traîner trop longtemps. Il est hors de question qu'elle reste en vie... mais je veux qu'elle sache pourquoi elle va payer.

Si elle avait bel et bien perdu la mémoire, il allait falloir la lui rafraichir. De quelle manière ? Il ne le savait pas encore, en fait. Pour le moment, il savait seulement qu'il n'était pas prêt à confronter directement sa mère, pas sous son vrai nom, tout du moins (et le coup de l'ami de son fils, ça ne passerait qu'une fois). Il voulait, de toute façon, que le procédé soit plus incidieux, et les preuves irréfutables. Et les révélations violentes. Si elle avait vraiment perdu la mémoire... Et il refusait toujours de le croire.

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Le trop plein d'émotions n'avait jamais crée de bonnes choses chez June. Pour autant, les simples larmes qu'elle versa à l'annonce du réveil de la mégère meurtrière était sans aucun doute la réaction la plus saine qu'elle pouvait avoir. C'était une annonce de la plus haute importance à ses yeux et face à laquelle elle aurait tout à fait pu purement et tout simplement péter un cable. Ce n'était pas une nouvelle, June était de nature nerveuse et violente – surtout envers elle même pour ce dernier trait – mais si ici elle s'était contenté de quelques larmes amères, c'était qu'elle était en présence d'Andreï et que le serpentard avait le don de l'apaiser comme jamais. Le simple fait de l'avoir dans son champ de vision transformait le tigre qu'elle était habituellement en chaton légèrement chahuteur. C'était indéniable – et peut-être même ne s'en rendait-il pas complètement compte – il faisait d'elle une autre femme. Enfin, c'était sans doute de biens grands mots puisqu'elle restait la June meurtrie et sanguine malgré tout mais elle avait trouvé en Andreï le contrepoids qui faisait d'elle une fille à peu près stable. Elle se devait donc d'être à la hauteur et de le soutenir dans cette nouvelle qui, même si elle lui retournait son estomac à elle, déboussolait bien plus encore le serpentard, comme pouvait d'ailleurs l'attester son signe négatif de la tête en réponse à sa question.

Ce réveil amnésique ne pouvait en effet être pire. Non seulement elle était de nouveau parmi les vivants mais, comme le disait si bien Andreï, tout le mal qu'elle avait fait, tout les atrocités commises étaient réduites à néant dans son esprit. Elle se réveillait tel une jolie et douce fleur, inconsciente des épines et du poison qui se cachaient sous ses pétales de pèche. Tout du moins, c'était pour l'heure ce qu'elle laissait paraître et, tout comme le serpentard, June avait bien du mal à accepter, et donc à croire, cet état de fait. Lâchant l'étreinte d'Andreï, elle alla s'accouder à l'une des ouvertures de la tour, laissant son regard se perdre dans le ciel. Après quelques secondes de silence, elle prit enfin à son tour la parole.

- Je peux lui faire revenir la mémoire. Si ce qu'elle prétend est vrai, je ne risque rien à aller la voir. Je peux lui rappeler mon père, les tiens, et tous les autres, lui faire sentir la souffrance qu'elle savait si bien faire naître. Elle marqua un temps de silence. Ça fera forcement tilt à un moment ou à un autre. Et, à ses yeux, elle parlait en connaissance de cause. Non ? finit-elle en questionnant le serpentard d'un regard à la fois déterminé et déboussolé.

Quand bien même on ne cessait de lui dire qu'elle n'y était pour rien, June avait la mort de sa mère sur la conscience, et ce depuis tellement d'années maintenant. Elle ne pouvait croire que ce genre de pensées pouvaient un jour disparaître. La différence cependant c'était qu'elle était bien plus humaine que la mégère meurtrière et que cette dernière ne comprenait peut-être pas même le sens du mot conscience. Il était donc de leur devoir de refaire naître tout cela en elle avant de tenter une nouvelle fois de lui faire pousser son dernier souffle. June était déterminée. Elle voulait et devait s'acquitter de cette tache. Pour son père, pour Andreï, pour tout ce qu'elle avait détruit. Il y avait trop de facteurs qui lui interdisait de ne pas y croire.

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La tempête après l'accalmie

P

ourquoi la vie ne se contentait-elle jamais d'être simple ? Jamais Andreï n'avait espéré, pas même au moment de planifier son meurtre, que sa mère passe l'arme à gauche. Le jeune homme garderait toujours ce fond d'affection honteux pour Anya Armyanski, il n'y pouvait rien, elle était sa chair et son sang, et il ne pouvait ignorer l'enfance qu'elle lui avait offerte, belle, aimante...mais jamais il ne l'avait haïe autant, et cette haine montait en flèche encore, alors qu'il voyait sa petite amie à ce point déboussolée par cette nouvelle. Il troquait la souffrance de June contre celle de sa mère à n'importe quel moment. Les choses n'avaient toujours pas changé, sa mère devait absolument payer, simplement, le jeune homme ne savait pas s'il supporterait une nouvelle tentative de meurtre, même efficace. Tant qu'elle serait à Sainte-Mangouste, de toute manière, ils ne pourraient pas l'atteindre. Tant qu'elle prétendrait ne se souvenir de rien, également, ce crime serait certes un bien pour tous, mais vain tout de même, car cette femme méritait de mourir en criminelle et non en martyre.

Alors sur le principe, oui, Andreï était d'accord, il fallait lui ranimer cette mémoire qu'elle avait perdu ou prétendu avoir perdu... Mais venir la trouver et lui dresser l'inventaire de ses crimes jusqu'à ce que se produise un déclic, si ce semblait être une solution valable, ne plaisait pas vraiment au jeune homme, surtout si la rouge et or décidait de s'y coller. Et si, retrouvant la mémoire, Anya faisait immédiatement regretter à June ses paroles ? Et si elle mentait depuis le départ et attendait justement une occasion telle que celle-ci ? À force de découvrir l'un après l'autre ses nombreux crimes, le vert et argent avait fini par croire sa génitrice absolument capable du tout et surtout du pire. Elle s'en était pris à des êtres qui lui étaient vraiment chers, déjà, mais à personne à qui il ait su tenir autant que la jeune femme qui se trouvait en face de lui. Si elle lui faisait quoi que ce soit, il serait incapable de se résoudre à la moindre précaution, quitte à finir ses jours à Azkaban pour matricide.

-C'est trop dangereux. répliqua-t-il vivement, même s'il considérait autant que June qu'il fallait de force rafraichir la mémoire de sa mère. Je ne veux pas qu'elle te fasse du mal. ajouta-t-il en se rapprochant de la jeune femme pour venir déposer ses mains sur ses épaules avec douceur.

Il n'était pas sûr que ces mots suffisent à la décider à se raviser, d'autant que son opinion sur la question n'avait pas changé, il fallait qu'elle se rappelle, par tous les moyens... ou presque... il voulait bien se mettre en danger s'il le fallait, mais il n'autoriserait jamais June à prendre de tels risques avec Anya Armyanski.

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Cette situation... C'était comme si le temps tournait en rond, cherchant avec mesquinerie à faire revivre les traumatismes qui, à l'heure d'aujourd'hui, auraient déjà dû être de l'ordre du passé. Tout du moins, concernant les deux tourtereaux qui se trouvaient actuellement sur les hauteurs de la tour d'astronomie, la blessure qu'ils partageaient – quand bien même elle ne s'était pas créée de la même manière pour chacun d'entre eux – aurait déjà dû commencer à cicatriser. Doucement mais sûrement. Faute de quoi elle venait d'être sujette à de nouveaux saignements. La plaie était rouverte, béante. Ce n'était pas tant la douleur qui était alors insupportable, c'était l'étouffement qui allait avec. Cette espèce d'étreinte assassine qui voulait dire « Vous ne pouvez rien contre moi » doublée de tout un tas de questionnement sur la véracité éventuelle de cette affirmation. Mais il était hors de question pour June de se laisser abattre ainsi. Elle voulait clouer le bec au bon sens, à la bonne conscience et à cette femme dont la seule bonne chose qu'elle avait pu faire était d'avoir donné naissance à Andreï. Seulement c'était justement ce dernier qui lui mettait les freins en ce moment même.

- Alors quoi ? demanda t-elle légèrement excédée par ce refus, quand bien même elle appréciait le fait qu'il veuille la protéger. Sans doute pas à la juste valeur du geste, mais c'était très largement plus qu'elle n'aurait été capable de le faire par le passé. Si c'est trop dangereux pour moi, ça l'est tout autant pour toi, lança t-elle d'un ton de défi. Elle marqua un court temps de silence, se calmant légèrement. J'aime pas tellement l'idée de te savoir seule dans une pièce avec elle, toute amnésique qu'elle est.

Elle commençait à avoir peur que la volonté d'Andreï quant à la mort de sa génitrice ne disparaisse et qu'il abandonne totalement l'idée de la voir mourir. Elle ne pourrait pas lui en vouloir si c'était le cas. Elle aurait sans doute de la rancœur envers lui mais elle serait incapable de lui en tenir complètement rigueur. Dans l'idée, malheureusement, il lui serait alors impossible à elle de prendre le flambeau et de passer à l'action, par respect pour la décision de celui qu'elle aimait de laisser vivre celle qu'il avait eu l'habitude d'appeler « mère ». Seulement, elle le savait au plus profond d'elle, il lui serait impossible d'avancer convenablement tant que la meurtrière de son père serait encore douée de vie. La dernière année de sa vie, si Andreï n'avait pas illuminé cette dernière, ne se serait résumé qu'à cela : faire mourir le monstre.

- Et si elle finissait par te faire croire que la meurtrière c'est du passé ? demanda t-elle finalement plongeant son regard dans le sien.

Il lui fallait en avoir le cœur net. Etait-il susceptible de retomber dans la toile de la veuve noire ? De l'abandonner ? Si cette mégère, en plus d'avoir tué son père, s'avisait de lui reprendre Andreï, June ne serait très clairement plus sure de répondre de ses actes.

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Il y a ton sourire qui s'élève

C'est comme une lueur d'espoir

La tempête après l'accalmie

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ndreï aurait aimé, vraiment, retrouver June dans d'autres circonstances, lui apprendre que l'hôpital lui avait apporté de "tristes nouvelles", que sa mère était morte, que le cauchemar était finie. Même si c'était ce qu'il avait recherchée, la situation aurait été douloureuse pour Andreï, mais pas pour autant aussi douloureuse que la situation actuelle. Insoluble. Il ne savait pas du tout comment ils allaient s'en tirer, et voir la réaction de June ne lui inspirait que plus de regret et de douleur encore. Il ne voulait pas qu'elle aille voir Anya, il ne savait pas de quoi cette femme perfide pourrait bien être capable, et s'il devait arriver du mal à sa petite amie, il ne s'en remettrait pas... Il ne voulait pas l'exposer davantage mais, c'était bien compréhensible, elle n'était pas de cet avis, et c'était tout à fait normal. Il n'aurait pas non plus voulu être ainsi mis de côté. Elle avait raison, c'était aussi dangereux pour lui que pour elle. Mais, dans son cas, les raisons qu'elle invoquait n'était pas les mêmes, et Andreï ne put s'empêcher de se sentir vexé qu'elle émette l'hypothèse qu'il retourne finalement sa veste, qu'il se laisse convaincre par les paroles de sa mère et n'ait de fait plus la force d'aller jusqu'au bout. L'inquiétude de June était légitime, bien sûr, après tout, Anya était sa mère, et les liens du sang s'oublient très difficilement, il ne pouvait d'ailleurs pas affirmer être complètement enchanté à l'idée de devoir recommencer depuis le début. Il devrait dans tous les cas faire le deuil d'une mère, mais il aurait voulu que ce processus puisse déjà commencer.

-C'est vraiment ce que tu crois ? demanda-t-il la voix tremblante, soutenant son regard.

Il avait espéré, tout de même, qu'après tout ce qu'ils avaient traversé ensemble, elle aurait plus de confiance en lui. Bon, ce serait malgré tout assez hypocrite de lui reprocher de douter, il arrivait aussi au vert et argent de douter. Il lui arrivait de se remémorer les bons moments passés avec sa mère, quand il ignorait tout de la cruelle vérité. Ça lui arrivait, oui. Mais un seul regard à June lui rappelait pourquoi il faisait tout cela. Il n'était pas question que de lui, et si tous les instants heureux qu'il avait vécus avec Anya s'étaient avérés factices, artificiels, teintés des pires mensonges, sa relation avec June, elle, était parfaitement sincère. Anya Armyanski ne méritait absolument pas le sacrifice de sa relation avec June. June, par contre, méritait amplement le sacrifice d'une mère qui était avant tout une veuve noire assoiffée de sang, repentie ou pas, amnésique ou pas.

-Et même si elle le pensait vraiment, qu'est-ce que ça changerait ? On n'efface pas le passé. Je me fiche de ce qu'elle prétendra devenir ou de ce qu'elle deviendra vraiment, d'accord ? Il marqua une pause, résigné. On lui en laissera pas le temps, de toute façon. Il se mordilla la lèvre inférieure, comme à chaque fois qu'il était nerveux. Tu me fais confiance, n'est-ce pas ?

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La tempête après l'accalmie

A peine avait-elle achevé ses paroles que June les regretta. Oui, elle avait des craintes, comme toute personne normalement constituée, mais elle savait aussi qu'elle pouvait faire aveuglément confiance à Andreï. Ça avait toujours été le cas, même lorsqu'elle ignorait encore tout de ce qu'elle ressentait pour lui. Alors pourquoi lui infliger ses doutes ? Ce renversement de situation était tellement inattendu et, surtout, tellement soudain qu'il en devenait très difficile de garder son sang froid et ses idées claires. June réagissait sur le vif et merlin savait à quel point il était fréquent que ça ne donne rien de bon chez elle. Jusqu'à il y a peu elle n'en aurait eu que peu à faire, mais lorsque son manque de tact concernait le serpentard, la culpabilité se faisait très vite ressentir. Elle s'empressa d'attraper la main de ce dernier, la serrant entre ses propres doigts avec douceur.

- Non, ce n'est pas ça, excuse moi... répondit-elle en soutenant son regard et en tentant d'y mettre le plus d'amour et d'excuses possibles. C'est juste que... Ma position est tellement différente de la tienne. Et c'est si soudain. Elle marqua un court temps de silence. C'est un peu le fouillis là dedans tu vois, ajouta t-elle en tapotant son crâne de sa main libre et en tentant un sourire qui, avec les circonstances actuelles, ressemblait très certainement davantage à un rictus.

Toutes les voies semblaient sans issues, c'était étouffant. Mais du moment qu'elle et Andreï restaient ensemble, tout se passerait bien. Elle voulait croire en ça, elle qui avait cessé de croire en rien depuis ce qui lui semblait être une éternité. Perdre cela reviendrait à tout abandonner et c'était quelque chose qu'elle ne voulait plus à présent. Il leur fallait juste trouver la lumière pour y voir plus clair dans la mission qu'ils s'étaient fixé il y avait de cela un moment déjà et qu'il allait à présent devoir réitérer. L'important était qu'ils soient tous les deux sur l'exacte même longueur d'onde à ce sujet et les paroles du serpentard venaient de le confirmer. Elle voulu sourire à cela mais la question qui suivit alors vint transpercer son cœur. Elle était légitime pourtant, après les doutes qu'elle lui avait envoyé en pleine face, mais elle ne pouvait s’empêcher de se sentir blessée. Elle avait elle aussi besoin de l'entière confiance d'Andreï, tout comme ce dernier avait besoin de la sienne.

- Bien sur que je te fais confiance. Elle lâcha la main du serpentard pour venir l’étreindre. N'en doute jamais, ajouta t-elle dans le creux de son cou avant de venir déposer ses lèvres sur les siennes. On le fait à ta manière d'accord ? demanda t-elle tout en l'affirmant. Laisse moi juste prétendre que moi aussi je te protège.

Elle avait bien conscience que c'était à Andreï de mener la barque. Quand bien même leur but à tous les deux était le même, le lien familial était à prendre en compte, ne serait-ce que pour le bien de la santé mentale du serpentard. Pour autant, June ne supporterait pas de le voir agir tout seul, elle avait besoin de former cette bulle de protection autour de lui en attendant que le moment fatidique arrive.

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ui, les propos de June avaient quelque peu vexé Andreï, mais en vérité, il ne pouvait pas vraiment lui reprocher de lui avoir fait part de ses doutes. Bien au contraire, il aurait même détesté qu'elle les garde pour elle. Ils devaient tout se dire, ils s'étaient toujours tout dit, c'était sur cette honnêteté sans failles que reposait leur relation. Seulement, il aurait aimé que la rouge et or puisse n'avoir aucun doute, même si c'était sans doute trop demander. À quiconque. C'est vrai, la position du jeune homme par rapport à toute cette histoire était quand même très différente de celle de June. Pour elle, la veuve noire était l'assassin de son père, un point c'est tout, pour Andreï, elle était la femme qui l'avait élevé et aimé si longtemps. Et que lui-même avait aimé... Et au fond, oui, ce serait mentir que d'affirmer qu'il n'avait pas par moments la nostalgie de cette époque révolue, où il était ignorant, où sa mère était pour lui un véritable modèle. Non, il ne changerait pas d'avis quoi qu'il arrive. Les décisions qu'ils avaient prises étaient justes, et il ne trahirait jamais la confiance que June mettait en lui. Après tout, il n'avait plus qu'elle, à présent. Mais nier que ce serait difficile n'était pas non plus la meilleure manière de procéder. La situation était soudaine, June devait la digérer, voilà ce qui justifiait son attitude, rien de plus, rien de moins, et il ne servait à rien qu'il joue mille ans les mauvais bougre. En sentent ses mains dans les siennes, il se détendit donc. Il sourit légèrement quand elle lui affirma avoir confiance en elle et resserra son étreinte quand elle le prit dans ses bras. C'était exactement le réconfort dont il avait besoin en cet instant précis. Il lui rendit son baiser et hocha la tête quand elle suggéra de faire à sa manière. Il appréciait qu'elle lui laisse mener la barque, même s'il espérait qu'elle n'aurait pas à le regretter ou à le lui reprocher par la suite. Il voulait que June ait confiance en lui, mais pour ce qui était d'avoir confiance en lui-même, il avait encore un long chemin à faire.

-Tu fais beaucoup plus pour moi que t'as l'air de le croire. répondit-il quand elle lui demanda de lui donner l'impression de le protéger au moins un peu.

Oh, mais elle n'avait rien à prétendre du tout, c'était bel et bien le cas. Et il pensait chacun des mots qu'il venait de prononcer. Oui, elle faisait beaucoup plus pour lui que ce qu'elle pouvait bien croire. À ce stade précis de son existence, s'il ne l'avait pas auprès de lui, il ne savait vraiment pas comment il s'en sortirait, s'il parviendrait à garder la tête hors de l'eau. Sans doute pas. En fait, il était fort à parier qu'il aurait sombré depuis un bon moment déjà, elle était sa force. Et il en voulait pour preuve les mots qu'il lui adressa alors, et qui étaient les plus sincères qu'il pourrait jamais prononcer.

-Je t'aime.

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June avait bien l'impression que l'histoire qu'elle partageait avec Andreï prenait un nouveau tournant à l'heure actuelle. Les événements dont il était question ici n'avait rien d'agréable, qu'il s'agisse du réveil de la mégère ou de leur discussion quant à ce qui devait être fait face à cela, mais elle avait le sentiment que chaque nouvel obstacle qui se plaçait sur leur chemin à tous les deux ne faisait finalement que renforcer leur lien. Tous deux étaient traversés de doute et de questionnements – qui ne l'était pas ? – mais le point final de ces derniers se plaçaient sans exception dans la confiance et l'affection qu'ils avaient l'un envers l'autre. Quoiqu'il arrive, il semblait que ce qu'il partageait tous les deux ne pourraient être brisé, et c'était un confort que June apprenait à connaître, non sans plaisir. C'était en grande partie la raison pour laquelle elle mit la barre du navire entre ses mains, elle qui d'ordinaire avait bien du mal à déléguer les choses qu'elles souhaitaient faire elle même. Car oui, si elle l'avait pu, elle aurait bien évidemment tenté de mettre fin aux jours de la sorcière meurtrière de ses propres mains, mais la donne avait changé au moment même où elle avait croisé le chemin d'Andreï, et elle ne pouvait aujourd'hui que se dire que c'était pour le meilleur. Surtout lorsqu'il lui faisait part de ce qu'elle représentait pour lui et du soutien qu'elle lui apportait. Elle sourit à ses mots, penchant légèrement la tête sur le côté, comme attendrie.

Sans doute aurait-elle rétorqué quelque chose pour rompre l'air niais qui s'était installé sur son visage, et que seul le serpentard savait d'ailleurs faire naître, si ce dernier n'avait pas enchaîner sur deux autres petits mots, à l'ampleur bien plus grande encore. Ses yeux s'arrondirent de surprise et très certainement de bonheur également. C'était la toute première fois qu'ils traversaient ses lèvres et c'était sans doute la dernière chose qu'elle pensait s'entendre adresser un jour. Non pas qu'elle doutait de l'affection que lui portait Andreï, mais parce qu'il lui semblait impossible de croire à une telle chose. Jusqu'à présent tout du moins. Le serpentard soignait tellement bien ses maux qu'elle ne pouvait qu'y croire. Ça râpait certes un peu dans l'esprit, mais elle ne rejetait pas l'idée, comme elle avait pu le faire si souvent avec son père. Mais ne pas rejeter ne voulait pas dire que ce n'était pas surprenant à entendre.

- Moi aussi, répondit-elle finalement, avec toute la sincérité du monde.

Il lui était tout bonnement incapable pour l'heure de prononcer les mots qu'elle venait de recevoir, quand bien même elle savait les penser au plus profond d'elle. Pour aimer pleinement quelqu'un, s'aimer soit même était la première étape à franchir, chose qu'elle n'avait pas encore fait. Elle était en très bonne voie, et ce essentiellement grâce à Andrei. Elle l'aimait, c'était absolument certain, mais, avant de le lui dire de façon claire, nette et précise, il lui fallait d'abord croire que son amour pouvait réellement rendre quelqu'un heureux. Il y avait encore beaucoup de travail à faire dans son esprit et sur de multiples points, mais ce dernier, elle le sentait, se débloquerait bientôt. Parce qu'elle avait le plus parfait petit ami à ses côtés.

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